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- Ce sujet contient 3 réponses, 3 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par Bruissement, le il y a 8 années et 9 mois.
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- 24 mars 2016 à 17h38 #14439624 mars 2016 à 17h38 #158995
Bonjour, chers collègues DDV
Voici deux nouvelles de Kowka que je soumets à vos votes.
Merci pour le temps que vous passerez à les lire.
Cordialement
Cocotte
L'Etranger
Il fait noir, un noir indescriptible, profond, doux, illimité, percé ça et là de points lumineux. Au loin, des amas de lumière orgueilleux tournent avec emphase, hautains vis à vis de tout ce qui n'est pas eux. De temps en temps, une tache noire encore plus noire que le fond, passe dans mon champs d'observation.
Je suis originaire d'une planète qui n'existe plus ; elle a été dévorée par son soleil lorsqu'il se transforma en supernova. Vous pouvez l'apercevoir là- bas, le point brillant en bas à gauche, oui là, tout à gauche, dans la partie externe du disque de la galaxie spirale NGC4526. Le Conseil des sages, de mon ex-planète, lorsqu'il comprit que leur système solaire ainsi que leur secteur galactique étaient voués à disparaître, a lancé un programme consistant à sauver le maximum de données scientifiques. Ils ont, pour ce faire, mis au point une série de sept machines intelligentes plus parfaite les unes que les autres. Un cerveau, uniquement un cerveau indestructible, constitué d'un or légèrement différent de l'or commun. Notre objectif ou destin était de faire connaître à l'Univers le haut point de civilisation auquel mes concepteurs étaient arrivés. Je suis constitué de telle façon que je peux entrer en phase avec toute entité pourvue d'une intelligence et ce contact entièrement laissé à mon libre arbitre. Je suis donc doté de la possibilité d'aider de mon savoir toute intelligence ayant retenu mon attention. Je ne réalise pas bien la mission que mes concepteurs m'ont confiée, mais ils m'ont affirmé qu'au moment voulu je saurais quoi faire. Un passage malencontreux par un trou noir m'avait totalement transformé sur ce point, ou plutôt m'avait tout simplement éveillé à la conscience, est-ce que je me fais des illusions ? C'est vraisemblablement pour cette raison que j'ai été lancé dans l'espace. Je sais que j'existe et corollaire, j'ai très vite découvert ma solitude et il en découla une énorme détresse, pour ne pas dire tristesse. J'ai beau interroger tous les astres de rencontre, du simple caillou jusqu'au plus gros planétoïde, personne, jamais une réponse. Uniquement cette noirceur infinie, et ce silence terrifiant souligné par un léger bruissement continu, lancinant. Ce bruissement a comme particularité très désagréable d'amplifier, de souligner cette éternelle absence.
Un jour, je sais très bien où et quand, un point bleu apparut dans mon champ de vision, une couleur rare, la même que ma planète d'origine. Un espoir insensé me saisit, c'était la troisième planète d'un petit soleil perdu loin de tout, sur les bords externes de la galaxie locale, une planète bleue…
Je pénètre dans l'atmosphère avec une vitesse terrifiante, et c'est sous l'aspect d'une météorite incandescente que je m'écrase avec un grondement de fin du monde dans une région que les habitants de cette belle planète appelait Atlantide, (les massifs de l'Atlas), une sorte de paradis terrestre, c'est d'ailleurs le nom qu'ils avaient donné à leur pays – Eden. Puis plus tard, beaucoup plus tard, elle fut nommée par les Grecs le Jardin des Hespérides, puis….
Je fus recueilli par un peuple pastoral, et considéré comme un messager des dieux au vu du métal dont j'étais constitué lequel était relativement rare sur cette planète et de plus consacré au culte solaire.
Mon passage dans l'atmosphère et la chaleur intense à laquelle je fus soumis me fit provisoirement perdre la mémoire. De plus le peuple relativement primitif qui me recueilli me fondit sous forme d'un énorme disque solaire, ce qui n'arrangea rien .
Ma mémoire et mes fonctions petit à petit reprirent le dessus et je fus à même de penser mais l'état pastoral, un peu simple, offrait peu de raisons pour moi de communiquer, aussi je me contentai de suggestions simples. Ils m'avaient installé dans une grande salle octogonale sur un piédestal lui-même constitué d'or pur. Quatre des huit faces de la salle étaient constituées de larges baies ouvertes sur le paysage des montagnes environnantes. Là les habitants de cette région venaient me rendre grâce, venaient me confier leurs déboires, leurs souhaits, certains me présentaient leur famille ; chaque fois j'instillais dans leur esprit une pensée de réconfort, de bienveillance. D'autres venaient prêter serment devant mon effigie car pour eux le contrat passé devant moi prenait une valeur sacrée, comme si, ils comprenaient que j'enregistrais tout ce qui se passait. Avaient-il donc une certaine compréhension de mon essence ? Après avoir calculer en fonction de la position des astres, je me rendis compte que cela faisait quand même plus de trois siècles que j'étais sur cette planète. Petit à petit la mémoire me revenait au fur et à mesure de mes besoins. Cela me fit un bien énorme, c'était comme une seconde naissance et l'oubli tout relatif de mon passé me permettait d'assumer cette nouvelle fonction. De toute façon, je ne pouvais, seul, retourner dans l'espace pour continuer ma quête, et puis j'aimais bien ce peuple. Je comprenais très bien ces gens simples pas plus mauvais que d'autres. Etre pris, pour un messager de leur divinité était normal, de plus les conseils que je leur insufflais ne pouvaient que les grandir. Hélas je ne décelais chez aucun d'eux cette étincelle qui m'aurait donné envie d'entrer en contact d'une façon plus intime avec un de leurs esprits, aucun ne pourrait comprendre quelle était ma recherche, parler de mes créateurs et de leur grandeur. Souvent je m'évadais en pensée vers mon Eden à moi, ma jolie planète disparue depuis plusieurs milliers d'années maintenant. Je reconstruisais sans cesse les sciences qui m'avaient été inculquées, la douloureuse transformation du trou noir. J'étais beaucoup plus heureux ici que dans cet espace noir. Le berceau de cette jeune civilisation qui venait juste d'accéder a l'agriculture était idéalement située. Une région lumineuse, une grande plaine fertile, aux pieds de hautes montagnes couvertes de neiges éternelles, bordée d'un gigantesque lac d'eau douce, grand comme une mer, dont on ne voyait pas les rives opposées.
Un matin une mère éplorée vint me présenter son bébé de sexe féminin. Je comprit de suite de quoi souffrait cet enfant : une malformation d'un synapse du lobe droit de son cerveau, situé dans le centre de Broca empêchait l'enfant d'avoir accès à la parole et du même coup handicaperaient l'harmonie de son développement et ce malgré l'intelligence extraordinaire que je décelai tout de suite en elle. Une intelligence comme il n'en naissait qu'une fois tous les dix mille ans.
Enfin quelqu'un avec qui j'allais pouvoir parler, échanger des idées. Je fis légèrement briller mon disque pour faire comprendre à la mère que son vœu était entendu et que je prenais l'enfant sous ma bienveillante protection et lui faire comprendre qu'elle devait prendre grand soin de cet enfant destinée à la plus haute renommée, je pus lire en elle son bonheur .
Plus tard au milieu de la nuit lorsque l'enfant était dans son plus profond sommeil, je pénétrai avec délicatesse dans son esprit et avec minutie je rendis neurone après neurone toutes les connexions électriques efficaces. De suite son esprit me questionna ,
– Qui es-tu? Oh! Merci, c'est gentil, j'avais mal, c'est fini je le sens, c'est vraiment fini, je suis comme je dois être. Comme tu es brillant, comme tu es chaud, comme tu es beau, es-tu mon ami ? un envoyé des dieux ? Que de questions. Comme je l'avais deviné cet enfant était d'une intelligence éblouissante. Je lui répondis avec douceur:
-Plus tard, plus tard, repose-toi, récupère, ne sois pas triste je reviendrai, dors maintenant.
Pendant des années je passai une dizaine de minutes avec elle, juste avant son premier sommeil. je répondais en partie à ses questions qui étaient nombreuses et souvent pertinentes.
– Pourquoi la nuit il fait noir , Pourquoi le ciel est bleu. Pourquoi l'arc-en-ciel est courbe ? Pourquoi je t'aime alors que tu es un objet ?
Bientôt je ne sus plus me passer d'elle, même de jour j'entrai en contact avec elle. J'aimais la caresse de son esprit.
A ce jeu de question réponse, je finis par apprendre beaucoup sur moi-même. En cherchant les réponses pour mon élève il m'arrivait de trouver des réponses aux questions que moi aussi je me posais. De plus le regard sans complaisance d'un être qui vous aime crée de vous une image différente de celui que vous croyez être.
Je commençais à comprendre le plaisir qu'il y avait à s'occuper de quelqu'un, de l'éduquer, de le former; Elle m'aimait beaucoup et c'était réciproque, je m'étais attaché a sa personne comme elle s'étais attachée à moi. Depuis ses premières menstrues, elle était devenue vestale du temple où je me trouvais, le temple du Soleil. L'histoire retiendra son nom, plusieurs poètes chantèrent son nom, certain sous le non de She, d'autre Athéna, mais le plus célèbre sous lequel elle fut connue fut Anth-inéa.
Un matin mes mémoires décelèrent dans l'espace une perturbation qui allait être une grande épreuve pour le peuple que j'avais pris sous ma protection. Un nuage d'antimatière dérivant dans l’espace se dirigeait vers notre planète. Il n'était pas grand et en temps normal il aurait disparu en détruisant l'espace devant lui, perdant ainsi petit à petit sa substance, mais dans ce cas précis, il en resterait suffisamment, pour perturber gravement le fragile équilibre de la planète .
Je pris la décision de diviser mes protégés en trois grands groupes de façon à sauver le maximum d'individus. Et je les ai dispersés dans trois directions les plus différentes possibles, ne sachant pas quelle partie de la terre serait plus ou moins épargnée.
La caste des prêtres partit au-delà des océans, vers les îles fortunées et de là, vers l'autre continent, inhabité. Le deuxième, les chasseurs et les guerriers, optèrent pour le septentrion, une région appelée Hyperborée, et ce groupe se divisa lui-même en deux, l'un continuant vers le nord, l'autre bifurquant vers l'Himalaya. Moi, ma douce, accompagnés des cultivateurs, nous avions choisi l'est où coulait un grand fleuve.
Chaque groupe emportaient avec lui une partie de mon essence, une partie simplifiée mais suffisantes pour les aider.
Je sais que ceux qui partirent vers l'autre continent continuèrent à me rendre un culte, ils m'avaient enrichi d'or martelé, et me construisirent un temple dans une grande grotte, puis la liaison fut interrompue.
C'est par un soir, au soleil couchant, passant une dernière crête, que la vallée s'offrit à nos regard. Un fleuve majestueux bordé de forêts luxuriantes, encaissé dans une vallée gigantesque. Nous débouchâmes de cette plaine infinie à l'herbe rase, où l'eau était constituée uniquement de lacs et d'étangs pour aboutir devant cette vue merveilleuse. Une cascade fantastique tombait dans un bruit assourdissant. Mais d'où nous étions, seul un imposant silence s'offrait à nos oreilles. La brume provoquée par la chute de cette masse d'eau couvrait une partie de l'horizon, mon peuple l'appellera la première cataracte. Nous avions le soleil couchant dans le dos et toute une partie de la vallée était déjà dans l'ombre. Dès l'aube tout le monde se précipita pour admirer cette fois le lever du soleil : oui c'était bien ici que nous allions nous installer, le pays était vraiment merveilleux.
L'air vif semblait donner du relief aux montagnes lointaines, de l'autre côté du grand fleuve. L'air était transparent et d'une limpidité qui donnait l'impression de pouvoir compter les feuilles des arbres ou mieux encore, les plumes des oiseaux qui volaient paresseusement au dessus de la forêt, le ventre irisé par la soleil levant. Derrière ceux-ci s'étirait un ciel bleu pâle parsemé de nuages duveteux dont les contours s'effilochaient petit à petit tout au long de leur course vers l'horizon constitué d'une mince barre rosée à reflets mauves. A leur pied se déroulait un paysage qui se déclinait en de multiples nuances d'émeraude, de serpentine et de malachite et même en certains endroits plus précis – comme au bord de l'eau -, couvrait toute la palette du jade au céladon. Plus loin encore des arbres immenses bordaient le fleuve au cours lent et majestueux parsemé d'îles. Cette vallée était vivante, chaude et resplendissante de couleur. Cette vallée serait leur future demeure.
Nous descendîmes dans notre nouveau foyer. Le fleuve aux eaux brunes riches en alluvions était bordé de forêt giboyeuses. C'est dans un de ses méandres, au pied de falaises roses que nous nous installâmes. Le berges constituées d'immenses roselières nous permettraient aux eaux basses de créer les cultures nécessaires à notre avenir. C'est en cet endroit que mon nouveau temple fut érigé, à l'identique de celui de l'Atlas. Il fut construit sur l'esplanade se trouvant devant l'immense caverne, qui elle, abritera le Saint des Saints. J'avais toujours ces quatre grandes baies qui permettaient au soleil de me caresser de ses rayons, j'adorais la douceur de ses rayons, la pièce était toute simple. Par contre la grotte deviendra au cours des siècles un véritable joyau, avec ses murs incrustés de pierres précieuses, de métaux rares et des plus belles essences forestières connues. Mes artistes préférés avaient travaillé les parois rocheuses en accentuant les plis naturels de telle façon, qu'ils étaient devenus des motifs ésotériques racontant ma vie.
C'est donc dans cette vallée que nous survécûmes aux terribles catastrophes qui s'abattirent sur la terre, raz-de-marée, tsunamis gigantesques déluges, tremblements de terre, phase glaciaire, mais vaille que vaille mon clan survécut dans cet endroit que j'avais choisi pour notre installation. C'était quatre mille cinq cents ans avant votre ère. Mon aimée vécut longtemps, et elle put voir ses fils et petits-fils devenir les premiers rois du Nil. C'est ici que naîtra la coutume de se servir de l'or divin pour créer les masques funéraires de Pharaon. Ainsi l'or de Râ, tel était mon nom à cette époque, fut utilisé pour constituer un viatique dans la seconde vie. Et au cours de ces divisions, je perdis une partie de mes capacités, entre autres celle de “voir loin”. 4000 ans et XXXI dynasties….
Ma douce amie prit un grand garçon courageux pour époux, lequel lui donna de beaux enfants. L'aîné de ses fils, qui avait hérité d'une partie des capacités intellectuelles de sa mère, devint le premier pharaon de la première des XXXI dynasties qui se succédèrent sur plus de quatre mille ans. Ce sont ceux qui font partie de ces pharaons légendaires, ceux de la lignée d'Anthinéa que j'avais pris, en souvenir d'elle, sous ma protection. De temps à autre, j'abandonnais le pharaon du moment pour un enfant à l'esprit prometteur. Certains devinrent des savants, grands scribes ou architectes. Ce peuple acquit très vite de grandes connaissances en astronomie et en mathématique.
C'était le soir, lorsque que le soleil couchant peignait en vermillon cet endroit magique, que les sages et philosophes venaient discuter assis sur la margelle, l'un démontrant comment lever une perpendiculaire, l'autre présentant son dernier poème que j'approchais de ce que je suppose être la plénitude d'esprit.
Madison Creek
J'arrive enfin sur la dernière crête. D'un coup, comme par magie, la vallée se dévoile avec son charme habituel. Elle est telle que je l'ai gardée dans mon souvenir. J'avais très peur que ma mémoire ne l'ait enjolivée, après trois années d'infidélité.
Dans l'air troublé par la chaleur montant du sol, les village de Saint-André de Cèze, Euzet, Carnol et La Roque se montrent sous leurs plus beaux atours. Et dans le bleu lointain où l'horizon tremble avec un goût de mirage, on devine même Montgoulet et Roqueperthuse.
Je suis content de poser mon sac à dos au pied du calvaire. Il me scie les épaules. Comme d'habitude, je l'ai trop chargé et maintenant j'en paye le prix. Je m'assieds sur un rocher à côté de la croix. De ce point de vue, je peux admirer cette extraordinaire vallée, vibrante sous le soleil méridional. D'ici, les routes noires, les chemins ocre, le damier vert des cultures ressemblent au tableau de Cézanne, celui de la Montagne Sainte-Victoire, déposé en carte postale sur mon bureau, dans ma chambre, à Liège.
Encore un dernier effort, me dis-je, bientôt l'eau rafraîchissante de la rivière, là, en-bas. C'est dans cette vallée que je vais passer trois semaines de vacances, seul avant l'arrivée de mes parents. D'un mouvement sec des hanches, je remets mon sac en place. J'entame la descente vers la Cèze. Subitement, je suis pressé d'arriver.
Le soleil est déjà haut, le ciel éblouissant, il ne doit pas être plus de onze heures. On n'entend aucun bruit hormis le chant lancinant des cigales. Pas un chant d'oiseau ne vient troubler la quiétude singulière des lieux. L'air lui-même y est différent. Il charrie des parfums de thym et de sarriette. Le chemin parait interminable et gémit sous la chaleur estivale, il se faufile entre buis, acacias, genévriers et cades. Avec sa solution de continuité obsédante qui se répète d'un tournant à l'autre, on dirait qu'il ne mène nulle part, j'y avance comme une ombre condamnée par un châtiment antique.
Je venais de terminer avec succès mes six ans d'athénée et avant d'entrer à la faculté de sciences naturelles de l'Université de Liège, j'avais désiré, avec l'accord de mon père, d'étudier tout particulièrement les longicornes de la Cèze, rivière qui arrose la petite plaine entourant mon village natal. Quand je dis natal, c'est le village où je suis né, où j'ai passé toute mon enfance, où j'ai fait mes premières découvertes, où j'ai mené mes premières chasses. Nous y étions restés jusqu'au moment où papa avait été désigné au siège des Communautés européennes à Bruxelles. Toute la famille l'y avait suivi. C'est après trois ans d'absence, que nous revenons au village à l'occasion des vacances annuelles et, comme dit mon père, surtout dans son cas, pour se ressourcer.
J'arrive dans le fond de la vallée. Mon panorama maintenant se constitue de collines basses couvertes de bosquets composé d'un camaïeu de verts rassemblant presque tous ceux de la création. Plus qu'une centaine de mètres pour déboucher sur cette petite terre nous appartenant. Une langue herbeuse surplombant la Cèze de quelques mètres, bordée d'un côté par une splendide garrigue sèche, odorante, et sur l'autre par deux lignes d'abricotiers; un petit coin de paradis. Ma mère lui avait donné le nom exotique de Madison Creek, en souvenir d'un film sur l'Amérique profonde, sorti l'année de ma naissance et qui l'avait bouleversée.
En attendant l'arrivée de mes parents et l'ouverture de la maison familiale, j'ai prévu de camper ici trois semaines. Vivre un peu à la sauvage, comptant bien me consacrer principalement à la traque des cérambycidés, ma famille d'insectes de prédilection. La baignade, elle non plus, ne sera pas oubliée lors d'après-midi trop chauds.
Mon camp installé, je prends un plaid et vais m'étendre sur la berge, car, la chaleur aidant, je suis un peu las. L'eau est basse cette année, il n'a pas dû pleuvoir beaucoup ce printemps. Une partie du lit de la rivière est au sec et laisse une large plage de cailloux blancs, où une bergeronnette fouille, cherchant sa provende. J'aime la rive de cette rivière envahie par les typhas, où les libellules virevoltent avec constance. Il y en a de toutes les couleurs. Les agrions, petites demoiselles au bleu tendre qui volent accouplées en forme de cœur. Le caloptéryx avec ses deux grandes taches noires sur les ailes qui lui donnent ce regard énigmatique. La libellule proprement dite, la grosse verte annelée de jaune, elle passe et repasse en vrombissant comme si vous n'existiez pas, puis…Je me souviens des chasses aux insectes avec mon père… ma première boîte vitrée… les couleuvres qui dorment dans l'eau tiède des berges espérant avec patience une grenouille distraite, ces couleuvres qui attendaient qu'on les cueille … Je me souviens de ces moments bucoliques, des années de bonheur que nous avions passées ensemble avant notre départ pour Bruxelles…
Le bruit d'un tracteur reprenant le travail après la sieste me réveille en sursaut. J'ai dû m'assoupir, il faut dire que je suis descendu en stop de nuit et que j'ai fait douze kilomètres avec ce sac de malheur sur le dos. Un regard vers le ciel, il ne doit pas être loin de seize heures. Au même instant le clocher du village égrène quatre coups, comme pour me donner raison et me souhaiter la bienvenue. Encore un peu groggy, je me relève et décide de me rendre à l'épicerie, chez Gaby, pour me ravitailler. Il n'y a qu'un kilomètre au grand maximum qui la sépare de mon camp. J'ai retardé le plus possible la prise de contact avec le village. Je suis un peu angoissé, trois ans d'absence, c'est long. Mais avant, d'abord deux pêches jaunes cueillies dans le verger voisin, mangées à la régalade, le jus coulant sur la poitrine, une pure merveille, puis plongeon dans la rivière pour me rincer. C'est donc tout ragaillardi que je pars pour le village.
A peine entré dans l'agglomération, je suis d'emblée accaparé par nos connaissances. Et de fil en aiguille, les deux premiers jours sont entièrement consacrés aux retrouvailles.
– Adieu Marc, tu es enfin revenu au pays ! Comment vas-tu ? Et la Marie ?
– Le Jean, quand arrive-t-il ?
– Viens boire un canon. Tu passes chez les parents ?
– Eh peuchère, le Robert sera content de te voir. …
– Les Pradier ne sont plus.
– Les Raoux sont partis sur Lyon.
– Ce soir, on joue aux boules, tu en es ?
Expliquer que ma tribu ne débarque que dans trois semaines, qu'en attendant je campe au lieu-dit Madison Creek, que je suis venu plus tôt, que je vais chasser les insectes… Je fus vite repris dans les rets de la vie rurale. Celle que j'ai un peu oubliée depuis notre départ pour l'étranger.
Mon village, c'est un gros bourg, tout à fait traditionnel, à la vie rythmée par le son cristallin du campanile. L'église assoupie au centre, isolée, puis deux rangs de maisons en cercle tout autour, entrecoupé de trois placettes, garnies de leurs deux trois platanes, avec chacune son bistrot. Les anciens vous diront qu'il faut bien un peu d'espace pour jouer aux boules et puis après se rafraîchir.
Comme ce week-end d'arrivée se confond avec la fête votive, je décide de passer la soirée sur place. J'arrive au bal en plein air vers 21 heures. Je m'étais dit que si la fête était ennuyeuse, je pourrais de toute façon aller aux lampadaires ramasser quelques insectes de ce début d'été. Ils sont rendus complètement fous par cette lumière artificielle où sans cesse ils reviennent. C'est un peu comme la pêche aux lamparos.
Une jeune fille vient s'asseoir en face de moi, pose les coudes sur la table et appuie son fin visage sur ses mains jointes, puis me regarde avec un sourire espiègle.
– Salut Marc, tu es de retour, cela fait trois ans!
– Véro ?
Mon Dieu ! Ce que trois ans peuvent changer quelqu'un. La gamine qui allait sur ses quinze ans lorsque nous étions partis pour l'exil, était devenue une élégante gazelle aux yeux pétillants, profonds, emplis de mystère. Je me lève, je ne sais comment la saluer, puis je lui fais la triple bise de la région. Elle rougit et, je suppose, moi aussi. Nous avions bien échangé quelques lettres, car nous partagions les mêmes jeux autrefois. Puis avec l'éloignement, les lettres s'étaient faites de plus en plus rares de part et d'autre, puis l'oubli était même venu.
– Puis-je t'offrir un verre de marquisette et boire, dans notre cas, à nos retrouvailles ?
Je vais chercher au comptoir, constitué d'une grande planche posée sur deux barriques, deux verres pleins à ras bord de ce liquide rosé, qui est vendu, comme le veut la coutume, le jour de la fête villageoise. Je reviens m'asseoir , un peu troublé et ému, à notre table…!. Aie aie aie ! je dis déjà notre table.
– Dis Marc, tu ne fais pas le tournoi de boules ? Tu aimais bien avant et tu n'en ratais aucun ; j'y suis allée croyant t'y trouver. On m'a dit qu'on ne t'avait pas vu, puis Fasolo a crié en riant : Oh, la galinette, peuchère, laisse-le arriver, le pitchoun, il n'est là que depuis cet après-midi.
– Tu te rappelles ça ! Les soirées de boules. C'est vrai, dans le Nord j'ai perdu l'habitude d'y jouer, le climat ne le permet guère “
L'orchestre attaque un slow.
– Tu danses ? lui demandé-je?
– Bien sûr, il faudrait me tuer pour m'empêcher de danser et tout bas, elle ajoute, avec toi.
Comme à cet instant je la regarde, je comprends de suite ce qu'elle vient de murmurer. Subitement je suis heureux, j'ai envie de rire, de sauter en l'air, de faire le fou.
Elle se love dans mes bras, son corps trouve instantanément sa place. Pendant la durée d'une danse, le monde extérieur cesse d'exister. Après être revenus nous asseoir à notre place, très émus, tous les deux, nous nous sommes regardés et nous éclatons de rire, en syntonie l'un avec l'autre, comme avant, comme si ces trois ans , d'un coup, n'avaient pas existé.
– Il paraît que tu vas faire des chasses ?
– Des chasses, des chasses, c'est un grand mot, oui je compte faire quelques grandes chasses, mais uniquement des chasses aux insectes pour étoffer mes boîtes. J'aimerais également tester des nouvelles techniques de piégeage. Je dois avouer que mes cartons sont pauvres en représentants du Midi. J'aimerais aussi faire quelques fouilles au vieux château, celui de Gaujac, celui qui est sur l'ancien oppidum gaulois.
– J'aimerais t'accompagner, cela paraît excitant, et puis comme ça on sera ensemble, me dit-elle en rougissant.
Sur un arrière-plan sonore de flonflons festifs, Véro achève de me raconter tous les événements qui ont marqué la vie du village ces trois dernières années. En réalité rien de transcendant, la vie normale et assoupie d'un village méridional, où le moindre fait, même anodin, prend subitement une ampleur phénoménale.
A l'aube, après être passé chez le boulanger, je ne peux m'empêcher de m'arrêter sur la berge de la Cèze, en bordure du chemin. Je m'assieds dans l'herbe du talus, et aussitôt il se dégage dans l'air toute une série de senteurs où le fenouil et la farigoule dominent. Je déchire la baguette fraîche, cuite du matin, j'ouvre mon laguiol et je me coupe quelques tranches du saucisson sec que m'a offert Espinasse, le charcutier du village. Quel régal que ce morceau de pain frais accompagné de ce saucisson. Cela me rappelle le clochard rencontré à Macon, j'avais échangé quelques mots avec lui. Il m'avait dit d'une voix éraillée par l'abus de mauvais vin et de Caporal :
– Rien d'autre à manger que du pain et du saucisson, quelle chienne de vie.
Je reste étonné que le lieu ou les circonstances puissent influencer à ce point la perception que nous avons des choses, même les plus banales. Pour lui c'était un repas forcé, sans choix, habituel, presque désagréable. Pour moi, assis au soleil dans l'herbe folle, savourant ce frugal repas avec un certain recueillement, c'est un véritable régal.
Après un long sommeil réparateur et une courte baignade, sous une fournaise qui éteint les couleurs, je monte au bois surplombant la plaine. Je passe près du vieux château de Gaujac et je ne peux résister. C'est vrai qu'il a l'air totalement abandonné. Il est juché sur une avancée du plateau, cerné sur trois côtés par un éboulis de rochers. Au pied du versant regardant la vallée de la Cèze, un étang, bourbeux en cette saison, borde l'éboulis. Un véritable paradis pour libellules et grenouilles. Il s'agit certainement des anciennes douves en partie comblées par l'érosion de la falaise.
Au sud du château, des vignobles à l'abandon sur plusieurs hectares. C'est donc vrai que cette demeure n'est plus habitée ni entretenue depuis longtemps.
La porte principale est solidement fermée. Mais comme je fais le tour de la propriété, sur l'arrière je trouve une porte qui pend sur ses gonds. Elle tient encore debout uniquement par miracle. Elle donne sur une cuisine au sol carrelé de petites tomettes cévenoles rouges. J'aime de suite ce lieu dont l'ombre a une qualité toute particulière. De la cuisine, je passe dans le hall d'entrée spacieux. Il règne ici une chaleur sèche et poussiéreuse. Le silence souligne le moindre bruit, lequel prend un écho surprenant. La porte donnant sur la cave gît au sol. La peur n'a pas fait fuir tout le monde à première vue. L'appât des bons crus a encouragé les visiteurs, les chasseurs de passage, à venir se désaltérer.
Je descends dans cette cave où règne une pénombre fraîche et reposante. Un escalier en colimaçon, constitué de grandes pierres grises, plonge sur une bonne dizaine de mètres, avant de déboucher dans un ensemble de trois caves voûtées, vraisemblablement l'assise romane du donjon primitif.
Une bougie sur son support accompagnée de sa boîte d'allumettes est là, bienvenue. Rien de particulier, tout est net sauf les cadavres de bouteilles vides, seul un Blaps bedonnant escalade benoitement une dame-jeanne enrobée de corde défraichie, puis traverse de son pas de bourgeois en redingote noire et brillante les déchets de paille sèche se trouvant le long des parois.
De retour à la tente, épuisé par cette journée sous la canicule, je tombe dans un sommeil agité, peuplé de bouteilles ventrues, de chevaliers grimaçants, de libellules géantes, de verres de marquisette, de lampions…
Comme chaque matin, sur le bord de la Cèze, c'est le cri strident des guêpiers qui me réveille. Dès l'aube, ils quittent leurs nids creusés dans les berges argileuses de la rivière, et partent chasser. Ils seront absents tant que le soleil dominera le ciel, ils ne reviendront que le soir. L'air est limpide, cette radieuse journée naissante me ravigote.
Je descends au village, je passe à la boulangerie où on me plie ma baguette à l'accoutumée. D'un bon pas, je me dirige vers les Fonts où se trouve le mas du Vieux Trias. L'homme qui connaît le mieux la nature dans la région, il a été garde des eaux et forêts pendant quarante ans dans le pays et était passionné par son métier. Lui, j'en suis certain connaît les endroits où je pourrais débusquer la grande prione et autres cérambyx. Il est une véritable mémoire d'histoire naturelle vivante, lorsqu'il s'éteindra, une bibliothèque disparaîtra. Sa ferme est dans un petit vallon dont le ruisseau est à sec en cette saison bien que la source du lieu-dit coule, mais son débit est vraiment trop faible pour alimenter le ruisseau en été. C'est un vallon à la flore totalement différente de la Cèze. Ici ce sont les yeuses qui dominent et la clématite qui envahit le tout, on y trouve même des bouquets de grandes orties, signe d'un sol profond et fertile, avec de l'eau. J'arrive devant le mas adossé au bois, sur le bord d'une grande clairière occupée comme partout dans cette région par un vignoble, ici un harmonieux mélange de grenache et de sincaure, belle terre ma foi.
Marcel est sur la terrasse ombragée lisant le Midi-Libre en attendant comme chaque matin le facteur; un des moments privilégiés de sa journée.
C'est avec un franc sourire qu'il m'accueille. “Ah! le Belge ! “me dit-il ironiquement mais sans méchanceté, il est vrai que c'est ainsi que l'on me surnomme depuis notre départ pour Bruxelles.
– Qu'est ce qui t'amène ? Un canon ?
– Non, pas le matin.
La Francette sort de sa cuisine.
– Ah, c'est toi ! alors en vacances ? que bois-tu ?
– Un sirop d'orgeat si possible, sinon un verre d'eau suffit.
– Ecoute, Marcel, je cherche un endroit où déposer des pièges à insectes.
– Oh fan des pieds, peuchère, c'est facile. Tu vois le petit bois de chêne derrière le terrain de ton père ? Eh bien à mi-hauteur de la colline, il y a une banquette de calcaire affleurant le sol, un endroit offrant la plus grande bio-diversité à dix lieues à la ronde. L'ancienne source en est la cause première. Bien qu'elle soit tarie, elle continue d'offrir une certaine humidité. Cette particularité fait toute la richesse de l'endroit. Tu verras par toi-même.
Après ces renseignements judicieux, je rentre retrouver le havre de ma tente pour faire le bilan. J'y trouve Véro qui m'attend ; elle vient me rejoindre au bord de l'eau pour une baignade vespérale. Je lui raconte les différentes péripéties de la journée. Les guêpiers regagnent leurs nids, ils nous annoncent l'arrivée du soir. C'est le signal pour Véro de rejoindre ses pénates au village, non sans m'avoir promis que, dès le lendemain, elle m'accompagnerait pour le placement des premiers pièges. Je m'étends dans l'herbe, les main derrière la nuque. Un lucane cerf-volant passe à contre-jour dans le ciel aux couleurs violines, on dirait un vaisseau spatial partant à la conquête des étoiles, en réalité il cherche son aimée, moi je l'ai trouvée.
Une nuit de sommeil réparatrice, sans rêves cette fois, me conduit doucement par la main vers l'aube.
Tôt le matin, incapable d'encore dormir, je me lève , j'enfile un maillot, j'ouvre le sas et je sors face aux falaises qui se trouvent en face de ma tente. Cet instant est un des plus beaux moments de la journée ; être accueilli par un silence immobile, profond où seule la rosée donne un semblant de vie.
Je m'avance de quelques mètres, descends l'escarpement sur lequel la tente domine l'eau. Je la regarde couler de gauche à droite, c'est à mes yeux son seul défaut, eh oui , j'ai une faiblesse pour les rivières qui coulent de droite à gauche ! Il fait clair mais le soleil n'est pas encore visible. J'attends le premier chant du merle qui donne le signal du début de la journée. Alors, lentement, j'entre dans l'eau et j'avance d'une seule lancée jusqu'au moment où je perds pied. Et, comme chaque matin, la magie est renouvelée : l'impression d'être dans un monde de paix et de sensations lascives. Après deux trois allers-retours en brasse lente, je retourne sur la plage de galets ronds et je m'assieds dans la position du lotus; le soleil apparaît, je reste plus ou moins cinq minutes et je réfléchis à la journée qui commence. Puis, dès que le maillot est sec, je retourne à la tente car cette courte baignade m'a ouvert l'appétit. Aussi c'est avec plaisir que j'engloutis la demi-baguette rassise de la veille accompagnée d'une tablette de chocolat noir, ce chocolat amer que l'on ne trouve pas en Belgique, celui qui a le goût de mon enfance.
– Hello ! Il y a quelqu'un là en bas dans la guitoune ?
C'est Véro qui comme promis vient me chercher pour poser les pièges. Je remplis vite un petit havresac, avec le strict nécessaire, quelques flacons pour insectes, le piolet, quelques grandes boîtes aux bords bien lisses, un paquet de BN à la fraise… et nous partons en exploration. L'air, à cette heure du matin, est d'une limpidité extraordinaire, il fait frais et les cigales n'ont pas encore commencé leurs chansons d'amour. Seule une buse fait de grands cercles solitaires dans le bleu du ciel, elle souligne de ses pleurs grinçants le silence du jour nouveau.
C'est dans ce sous-bois que je me déclare et suis accepté. Je n'oublierai jamais ce dimanche… C'est la première chose qu'elle me dit : Je t'attendais. C'est fou, je savais qu'elle allait dire ça. Nous redescendons vers la rivière, éblouis de notre découverte. Le soleil est haut, la chaleur de nouveau omniprésente, une chape de plomb. Arrivés au bord de la rivière, c'est nus que nous nous baignons, pour fêter cette vie nouvelle, pour bénir tout ce que nous venons d'apprendre.
Le cadre majestueux, mystérieux et la rencontre de cet ange… Tout vient de m'arriver en même temps, le choc esthétique du paysage, celui de mes rêves les plus secrets, le calme de l'eau seulement troublé de temps à autre par un gardon plus hardi que les autres qui saute en l'air, s’essayant ainsi un court instant à la vie aérienne. L'air charrie les parfums d'eau froide, à peine atténués par les senteurs chaudes des herbes aromatiques. Cette jeune fille debout contre moi, peau contre peau… A partir de cet instant, tout est fusionnel. Toujours ensemble. Pensant aux mêmes choses, au même moment, partageant sans cesse les mêmes pensées. Nous tombons en admiration devant la même fleur, le même papillon, le même enfant que nous croisons. Nous nous volons les mots l'un à l'autre, et nous sommes émerveillés de cette symbiose de pensées.
Le pont romain de Laroque, depuis deux mille ans, étudie avec application le temps dans son inexorable fuite. Les pierres calcaires des piles qui font obstacle à la rivière écoutent les secondes qui s'écoulent, et pourtant, soudain, décident de rompre leur décompte juste pour écouter nos serments et s'ébaudir à nos fous rires amoureux. Ensuite, elles reprennent imperturbablement leur comput à jamais faussé par les notes de musique de notre amour. Les graviers des sources froides de Montgoulet, eux aussi, interrompent leurs chants lorsque nous venons nous baignez. Discrètement ils nous observent, nous envient et, dès notre départ continuent leur chant sur de nouveaux thèmes dont nous faisons dorénavant partie intégrante.
Pour nous, une vie nouvelle commence. Dans quinze jour mes parents arriveront. J'allais avoir des choses à leur raconter. Avoir retrouvé le village tel que mon souvenir l'avait gardé…, avoir retrouvé la rivière toujours aussi enchanteresse… puis Véro, surtout Véro, mon adorée Véro.
Subitement, là, debout, nu dans la rivière, je fus certainement le garçon le plus heureux de la terre.
25 mars 2016 à 12h55 #159004Bonjour à vous , chère Cocotte, cher Kowka,
O.
à chaque texte.
Merci à vous deux !
Amities.
25 mars 2016 à 19h04 #159007Écriture agréable, pleine de poésie et de charmantes évocations…
O
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