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- 20 avril 2012 à 20h22 #14358020 avril 2012 à 20h22 #154797
KELLER, Richard – Sombres Réalités et doux rêves
Deux enfants…
Deux enfants jouaient à Sarajevo
Dans la pluie qui bruine
Sur un champ de ruines
Deux enfants tués dans le caniveau
L’herbe a poussé sur les champs de guerre
L’innocence laissée au bord du ruisseau
On ne trouve plus d’agneaux
Broutant au soleil de cette terre
Deux enfants jouaient au Kosovo
Par les monts et les collines
Où leur sang dégouline
Deux enfants tués à nouveau
Certains sont partis et revenus
D’autres sont en exil
Serbes ou Albanophiles
Ils se sont trouvés nus.
Deux enfants jouaient en Palestine
Dans le sable et les cailloux
Des balles venues d’on ne sait-où
Deux enfants tués triste routine
Un siècle là bas est passé
L’homme et sa cupidité
L’homme et sa stupidité
Du malheur ne s’est pas lassé
Deux anges sont en équilibre
Sur un fil de barbelé
Pour choisir où aller
Ils voudraient qu’on soit libres
Mais les peuples s’obstinent
S’ils n’ont plus de prophètes
Ils insistent et s’entêtent
Aujourd’hui de fer sont les épines
Les enfants d’ici ou d’ailleurs
Dur sera votre monde
Pour entrer dans la ronde
En jouant au bonheur
Deux enfants jouaient en Palestine
Deux enfants jouaient au Kosovo
Deux enfants jouaient à Sarajevo
Deux enfants jouent en sourdine
Homme
J’étais homme, j’étais homme en d’autres temps
Le ciel s’est soudain obscurci, ombre maléfique
J’étais homme, j’étais homme assoupi de suffisance
Les amours sont éteintes, manque de substance
Le ciel s’est détaché de moi, vaisseau erratique
J’étais homme, j’étais homme depuis trop longtemps
J’étais singe, j’étais singe sous d’autres climats
Les forêts se sont consumées, écran de fumée
J’étais singe, j’étais singe à l’ivresse du bonheur
Les guenons sont stériles, manque de cœur
Les forêts sont éteintes, gâchis à humer
J’étais singe, j’étais singe qui jadis aima
J’étais baleine, j’étais baleine aux longs fanons
Les mers sont poubelles, océans décharges
J’étais baleine, j’étais baleine objet d’extase
Les eaux sont mes larmes, coupe rase
Les mers sont prisons, tristes barges
J’étais baleine, j’étais baleine au puissant son
J’étais insecte, j’étais insecte dans le ciel bleu
Le vent a balayé mon paysage, désert aride
J’étais insecte, j’étais insecte gavé au nectar
Epuisé j’ai volé vers les cieux, trop tard
Perdue l’ombre de nos ombres, plus de guide
J’étais insecte, j’étais insecte en d’autres lieux
J’étais savant, je ne savais pas
L’humain s’en est allé, compagnon destructeur
J’étais religieux, je croyais en demain
J’étais avide, au détriment de mon prochain
J’étais l’avenir, j’étais spectateur
J’étais vagabond, ils effaçaient mes pas
Aujourd’hui je suis bactérie, je me meurs
Je suis le chaînon ultime, maigre consolation
Je suis bactérie, acre bouillon de culture
Je veux vivre libre, en oubli du futur
Je suis bactérie, bactérie sans illusions
Je suis bactérie, conforme et sans coeur
Le chemin des étoiles
Le chemin des étoiles
Cette nuit j’ai découvert
Un monde s’est ouvert
J’ai soulevé les voiles
Couvert de tant de choses
J’admire les fleurs en mosaïque
Une contrée magique
Avancer d’un pas je n’ose
Un panneau de blanc satin
Protège la lourde porte
Sur le seuil nulle escorte
Seule brille la rosée du matin
Formant un cortège émouvant
La pluie m’offre ses perles
Qui en myriades déferlent
J’avance sous le vent
Sur ce chemin de paradis
Chaque instant est bonheur
Avec une touche de pudeur
Là derrière un rideau d’organdi
Un souffle sur le voile
Et se découvre l’ingénue
Beauté déposée toute nue
Peinture divine sur sa toile
Le zéphyr dans sa chevelure
La buée dans ses yeux
Et d’autres replis soyeux
Ont percé mon armure
Alors j’ai voulu de mes mains
Toucher à ce divin trésor
Mais étrange coup du sort
Elle disparut soudain du chemin
Au chemin des étoiles
Depuis ce jour je rêve
Emu le temps se met en grève
Quand vénus se dévoile
Avoir une femme
Avoir une femme à aimer
L’aimer au plus profond des yeux
La regarder et voir le bleu des cieux
Aimer une femme et s’enflammer
Avoir une femme à toucher
La toucher chastement de la main
Puis attendre doucement demain
La toucher sans l’effaroucher
Avoir une femme à chérir
La chérir avec les yeux du cœur
Passionnément en être l’acteur
Chérir une femme à mourir
Avoir une femme à embrasser
L’embrasser à perdre son souffle
Sans que la passion s’essouffle
L’embrasser ne pouvoir s’en passer
Avoir une femme à regarder
La regarder au soir pudique
Poser un regard impudique
Regarder ses trésors sans tarder
Avoir une femme à caresser
La caresser jusqu’au frisson
Mettre nos corps à l’unisson
Caresser une femme, enlacés
Avoir une femme à languir
Se languir à perdre patience
Peu à peu reprendre conscience
Languir d’une femme au martyr
Avoir une femme pour vivre
Vivre chaque jour à l’envie
Choisir sa femme pour la vie
Vivre que l’amour soit mon livre
A l’ombre de nos cœurs
A l’ombre de son cœur
S’abrite mon amour
Au soleil de mes jours
Il reprend sa vigueur
Le temps est ciment
Scellant sans équivoque
Nos sentiments réciproques
Au sceau du serment
Nos rides ont creusé
Comme pluie traversière
Des ruisseaux des rivières
Fleuve amour arrosé
Le ciel dans tes cheveux
Aux vents de zéphyr
Frisonne au désir
L’azur est mon aveu
De la rosée du matin
Brille la perle ultime
Au plaisir de l’intime
En douceur de satin
Avec toi les étoiles
De la voûte céleste
Habillent d’un geste
Le chagrin et le voilent
De minuit à minuit
Sans crier gare
Se croisent nos regards
Lumières de nos nuits
A l’ombre de nos cœurs
S’abritent nos amours
Au soleil pour toujours
Se sont soudés nos cœurs
Le plus beau c’est demain…
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