KELLER, Richard – Sombres Réalités et doux rêves

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    Christine SétrinChristine Sétrin
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      Christine SétrinChristine Sétrin
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        KELLER, Richard – Sombres Réalités et doux rêves

        Deux enfants… 

        Deux enfants jouaient à Sarajevo

        Dans la pluie qui bruine

        Sur un champ de ruines

        Deux enfants tués dans le caniveau

         

        L’herbe a poussé sur les champs de guerre

        L’innocence laissée au bord du ruisseau

        On ne trouve plus d’agneaux

        Broutant au soleil de cette terre

         

        Deux enfants jouaient au Kosovo

        Par les monts et les collines

        Où leur sang dégouline

        Deux enfants tués à nouveau

         

        Certains sont partis et revenus

        D’autres sont en exil

        Serbes ou Albanophiles

        Ils se sont trouvés nus.

         

        Deux enfants jouaient en Palestine

        Dans le sable et les cailloux

        Des balles venues d’on ne sait-où

        Deux enfants tués triste routine

         

        Un siècle là bas est passé

        L’homme et sa cupidité

        L’homme et sa stupidité

        Du malheur ne s’est pas lassé

         

        Deux anges sont en équilibre

        Sur un fil de barbelé

        Pour choisir où aller

        Ils voudraient qu’on soit libres

         

        Mais les peuples s’obstinent

        S’ils n’ont plus de prophètes

        Ils insistent et s’entêtent

        Aujourd’hui de fer sont les épines

         

        Les enfants d’ici ou d’ailleurs

        Dur sera votre monde

        Pour entrer dans la ronde

        En jouant au bonheur

         

        Deux enfants jouaient en Palestine

        Deux enfants jouaient au Kosovo

        Deux enfants jouaient à Sarajevo

        Deux enfants jouent en sourdine

         

        Homme

         

        J’étais homme, j’étais homme en d’autres temps

        Le ciel s’est soudain obscurci, ombre maléfique

        J’étais homme, j’étais homme assoupi de suffisance

        Les amours sont éteintes, manque de substance

        Le ciel s’est détaché de moi, vaisseau erratique

        J’étais homme, j’étais homme depuis trop longtemps

         

        J’étais singe, j’étais singe sous d’autres climats

        Les forêts se sont consumées, écran de fumée

        J’étais singe, j’étais singe à l’ivresse du bonheur

        Les guenons sont stériles, manque de cœur

        Les forêts sont éteintes, gâchis à humer

        J’étais singe, j’étais singe qui jadis aima

         

        J’étais baleine, j’étais baleine aux longs fanons

        Les mers sont poubelles, océans décharges

        J’étais baleine, j’étais baleine objet d’extase

        Les eaux sont mes larmes, coupe rase

        Les mers sont prisons, tristes barges

        J’étais baleine, j’étais baleine au puissant son

         

        J’étais insecte, j’étais insecte dans le ciel bleu

        Le vent a balayé mon paysage, désert aride

        J’étais insecte, j’étais insecte gavé au nectar

        Epuisé j’ai volé vers les cieux, trop tard

        Perdue l’ombre de nos ombres, plus de guide

        J’étais insecte, j’étais insecte en d’autres lieux

         

         J’étais savant, je ne savais pas

        L’humain s’en est allé, compagnon destructeur

        J’étais religieux, je croyais en demain

        J’étais avide, au détriment de mon prochain

        J’étais l’avenir, j’étais spectateur

        J’étais vagabond, ils effaçaient mes pas

         

        Aujourd’hui je suis bactérie, je me meurs

        Je suis le chaînon ultime, maigre consolation

        Je suis bactérie, acre bouillon de culture

        Je veux vivre libre, en oubli du futur

        Je suis bactérie, bactérie sans illusions

        Je suis bactérie, conforme et sans coeur

         

        Le chemin des étoiles

         

        Le chemin des étoiles

        Cette nuit j’ai découvert

        Un monde s’est ouvert

        J’ai soulevé les voiles

         

        Couvert de tant de choses

        J’admire les fleurs en mosaïque

        Une contrée magique

        Avancer d’un pas je n’ose

         

        Un panneau de blanc satin

        Protège la lourde porte

        Sur le seuil nulle escorte

        Seule brille la rosée du matin

         

        Formant un cortège émouvant

        La pluie m’offre ses perles

        Qui en myriades déferlent

        J’avance sous le vent

         

        Sur ce chemin de paradis

        Chaque instant est bonheur

        Avec une touche de pudeur

        Là derrière un rideau d’organdi

         

        Un souffle sur le voile

        Et se découvre l’ingénue

        Beauté déposée toute nue

        Peinture divine sur sa toile

         

        Le zéphyr dans sa chevelure

        La buée dans ses yeux

        Et d’autres replis soyeux

        Ont percé mon armure

         

        Alors j’ai voulu de mes mains

        Toucher à ce divin trésor

        Mais étrange coup du sort

        Elle disparut soudain du chemin

         

        Au chemin des étoiles

        Depuis ce jour je rêve

        Emu le temps se met en grève

        Quand vénus se dévoile

         

        Avoir une femme

         

        Avoir une femme à aimer

        L’aimer au plus profond des yeux

        La regarder et voir le bleu des cieux

        Aimer une femme et s’enflammer

         

        Avoir une femme à toucher

        La toucher chastement de la main

        Puis attendre doucement demain

        La toucher sans l’effaroucher

         

        Avoir une femme à chérir

        La chérir avec les yeux du cœur

        Passionnément en être l’acteur

        Chérir une femme à mourir

         

        Avoir une femme à embrasser

        L’embrasser à perdre son souffle

        Sans que la passion s’essouffle

        L’embrasser ne pouvoir s’en passer

         

        Avoir une femme à regarder

        La regarder au soir pudique

        Poser un regard impudique

        Regarder ses trésors sans tarder

         

        Avoir une femme à caresser

        La caresser jusqu’au frisson

        Mettre nos corps à l’unisson

        Caresser une femme, enlacés

         

        Avoir une femme à languir

        Se languir à perdre patience

        Peu à peu reprendre conscience

        Languir d’une femme au martyr

         

        Avoir une femme pour vivre

        Vivre chaque jour à l’envie

        Choisir sa femme pour la vie

        Vivre que l’amour soit mon livre

         

         

        A l’ombre de nos cœurs

         

         

        A l’ombre de son cœur

        S’abrite mon amour

        Au soleil de mes jours

        Il reprend sa vigueur

         

        Le temps est ciment

        Scellant sans équivoque

        Nos sentiments réciproques

        Au sceau du serment

         

        Nos rides ont creusé

        Comme pluie traversière

        Des ruisseaux des rivières

        Fleuve amour arrosé

         

        Le ciel dans tes cheveux

        Aux vents de zéphyr

        Frisonne au désir

        L’azur est mon aveu

         

        De la rosée du matin

        Brille la perle ultime

        Au plaisir de l’intime

        En douceur de satin

         

        Avec toi les étoiles

        De la voûte céleste

        Habillent d’un geste

        Le chagrin et le voilent

         

        De minuit à minuit

        Sans crier gare

        Se croisent nos regards

        Lumières de nos nuits

         

        A l’ombre de nos cœurs

        S’abritent nos amours

        Au soleil pour toujours

        Se sont soudés nos cœurs

         

        Le plus beau c’est demain…

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