Accueil › Forums › Textes contemporains › (O) KELLER, Richard – Les contours de l’amour
- Ce sujet contient 4 réponses, 4 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par Cocotte, le il y a 11 années et 7 mois.
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- 25 mars 2013 à 10h10 #14378125 mars 2013 à 10h10 #155755
Bonjour à tous,
Je souhaite soumettre à vos votes cette sélection de poèmes.
En vous remerciant par avance, je vous souhaite une bonne journée.
Amitiés savoyardes.
L’ESCARGOT AMOUREUX
Un tout petit escargot jaune
Etait amoureux d’une fleur
Voulant partager son bonheur
En s’approchant du trône
Il allait vers elle doucement
Pour ne point l’effaroucher
Et délicatement la toucher
L’entourant très tendrement
Dans la fraiche rosée du matin
Les larmes de son cœur
Tout comme une liqueur
Le rendait plus hardi et mutin
Comment déclarer la flamme
A cette inaccessible beauté
Qui là du haut de sa fierté
A l’horizon se pâme
Regarde donc ma maison
Aux belles tuiles vernissées
Stable là sur mon dos vissée
C’est mon abri des saisons
Solide comme un roc
Le jour sous tes feuilles
Mon amour qui m’accueille
A genoux je t’invoque
Au début de son âge
Insensible à sa cour
Plutôt prise de court
Elle se sentait volage
A force de persévérance
Un tout petit escargot jaune
S’égosilla devint aphone
Puis perça son indifférence
La fleur plus épanouie
Tomba enfin amoureuse
Fallait la voir heureuse
Offrant un spectacle inouïe
L’impossible était réalité
Finit les convenances
Faisons fi des apparences
Vivons d’amour et de sérénité
J’en conviens c’est osé
Quand flore et faune
Fleur et escargot jaune
S’aiment dans la rosée
C’est un peu de fraicheur
Un rayon de soleil
Du plaisir sans pareil
Dans la ronde des heures
DANS NOS PAS…
Quand mon pas vint vers toi
Regardant au fond de tes yeux
Mon regard a croisé l’arc en ciel
En couleur de noisette et de miel
En émoi j’étais aux cieux
Quand mon pas vint vers toi
Quand ton pas vint vers moi
Remarquant le feu dans mes yeux
Ton regard a croisé un volcan en plein ciel
En couleur de braise au goût de miel
Ton émoi en écho dans les cieux
Quand ton pas vint vers moi
Quand ton pas et mon pas
En costume de nous
S’habillèrent de nos cœurs et nos yeux
Rêvant l’un de l’autre du mieux
D’un amour qui se noue
Quand ton pas et mon pas
Pas à pas ton cœur vers le mien
On a construit l’espoir
D’un monde bien à nous
Cueillant l’amour à genoux
Lèvres offertes dans la tiédeur du soir
Pas à pas ton cœur vers le mien
Pas à pas mon cœur vers le tien
On a construit nos joies
Choisissant notre monde
Comme un bateau sur l’onde
Au fil de l’eau suivant sa voie
Pas à pas mon cœur vers le tien
Cœur à cœur mon amour
Pour coucher sur le papier
Ce que tu sais depuis longtemps
T’écrire que je t’aime tant
Avec mes vers à tes pieds
Cœur à cœur mon amour
Corps à corps mon amour
Le soleil de tes yeux habille
Leur prunelle qui me séduit encore
Car c’est toi qui me rends fort
De nous deux de mille feux tu brilles
Corps à corps mon amour
Main dans la main chaque jour
Unis pour donner corps à nos envies
Avec toi construire une cathédrale
Pas à pas en découvrir tous les dédales
Et par l’amour donner la vie
Main dans la main chaque jour
Mot après mot se comprendre
Même approche même sensibilité
Ne rien se dire écouter nos silences
Avec au fond de nous cette romance
Ce petit air qui se joue en subtilité
Mot après mot se comprendre
Et ton pas dans mon pas
En marche sur nos routes
Avec tout notre cœur
Tu es ma plus belle fleur
Que j’entends que j’écoute
Avec mon pas dans ton pas
Silence après silence on s’écoute
Point de mots pour s’entendre
De l’amour en point d’orgue
Simplement et sans morgue
Juste de l’amour tendre
Silence après silence on s’écoute
De secret en secret mon amour
Tissant notre toile chaque jour
Partager ses bonheurs sans égards
Pour tout se dire d’un seul regard
T’aimer plus encore pour toujours
De secret en secret mon amour
Paroles en osier
Une idée nait d’un rêve
Un rêve nait d’une idée
Quand sont jetés les dés
Comme galets sur la grève
L’idée suit son chemin
Parfois elle déambule
Prisonnière d’une bulle
Préférant attendre demain
Demain est aujourd’hui
Allons brise ta coquille
Chien dans un jeu de quilles
Ose maintenant entrouvre l’huis
La porte s’est entrouverte
Que vois-tu dans la pièce vide
Des murs qui pleurent leurs rides
Au milieu le panier des découvertes
Une malle en osier qui raconte
La vie qui fut la sienne
Avant que l’abandon survienne
L’oubli en années il se compte
Un rayon de soleil sur le couvercle
Illumine les poussières du temps
Dans le fond les objets sont contents
Un nouvel ami dans leur cercle
Chacun possède son histoire
Le chapeau perd la tête
Le peigne lui s’entête
Il a perdu deux dents et sa mémoire
Le mouchoir parle en initiales
Brodés en lacis de dentelles
Secret qu’il garde pour elle
Une sorte de parade nuptiale
Dans le logis abandonné
Les fantômes se réveillent
Générations qui sommeillent
Ont posé ici leurs années
Au fond d’une malle en osier
Gisent des objets oubliés
Qui font langues délier
Poussières d’humanité au coin des greniers
Le voyeur
La porte s’est refermée sur son intimité
Je devine son corps nu sous la douche
L’eau qui coule s’écoule sur sa bouche
Seul le savon dans l’instant a droit de cité
Etre invisible pour traverser la porte
Discrètement aussi muet qu’un mime
Plume légère au vent des cimes
Mais la beauté est sa meilleure escorte
Des gouttes brillent sur sa peau d’ambre
Jaloux je veux être le drap de toilette
Absorber aux courbes et contours les gouttelettes
S’insinue le tissu et la belle se cambre
Là devant ta glace se profile ta joue
De l’huile sur tes jambes tes fesses
Aucune partie tu n’oublies et ne laisse
Corps impudique tu parfume ton cou
Enfin s’ouvre l’huis sur la fille d’Eve
Elle me sourit faussement ingénue
Son parfum m’enivre sur ses seins nus
Un doigt sur mes lèvres garçon tu rêves
Un soutien-gorge balconnet à fine dentelle
Deux globes délicatement posés dans l’écrin
Un galbe à se faire damner je le crains
Elle ajuste divine le buste les bretelles
Une poitrine bronzée gainée de blanc
Sans autre ornement que ce satin frisé
Où se cachent des braises à attiser
Elle prend la petite culotte le geste lent
Pour ajuster le slip elle se déhanche
Je regarde ému se couvrir la toison
L’origine du monde Courbet avait raison
La frêle étoffe souligne ses hanches
Pensive une jambe tendue sur le lit
Entre les mains plusieurs paires de bas
Le choix s’avère délicat commence le débat
Elle choisit et enfile que c’est joli
Déroulant le nylon en haut des cuisses
Dans ces moments le supplice est total
L’homme conserve un instinct animal
Haletant au son des bas qui bruissent
Une jupe noire fendue jusqu’au ciel
Ses longs fuseaux moulés et ses fesses
Un petit caraco sur son buste promesses
Jusqu’à l’ivresse je boirais l’hydromel
De séduction en désir nous étions excités
Lentement nous nous sommes déshabillés
Comme nous n’avions pas vendu de billets
La porte s’est refermée sur notre intimité
Dans la chaleur d’un été
Impudique comme une femme amoureuse
L’été chatoyant nous ouvre sa garde-robe
Mirifique aux rayons du soleil de l’aube
Chaudes nuances aux couleurs chaleureuses
Timide le printemps ailleurs s’en est allé
Avec lui est parti le costume de rosée
Il est venu maintenant le temps d’arroser
Le brillant soleil et ses rayons vont s’étaler
Le chat malin a choisi l’ombre du platane
Pour s’offrir décidé une sieste en fraicheur
Juste une paresse de plus un repos salvateur
Pas de brise sur les feuilles où est la tramontane
Dans la plaine bien engourdie la fournaise
Autour du rouge coquelicot les blés sont d’or
A l’envers on a tout changé ici l’on dort
Fainéant le temps s’est mis en parenthèse
Précieuse lourde et silencieuse l’ombre
Enveloppe de sa chappe plombée le village
Masque de saison avant d’autres orages
Au creux des ruelles domine la pénombre
Conquérants et hardis les jeunes vont au lac
Ensemble rechercher les plaisirs de l’eau
Un coin dans les rochers toujours plus haut
Plongeant chacun son tour du tac au tac
Les fruits sont bien mûrs l’amour aussi
Dans la tiédeur des soirées clandestines
Filles aux tailles de guêpes elles butinent
Garçon cette nuit les corps s’associent
L’été est la période de toutes les audaces
Automne hiver et printemps l’ont préparée
Danse de séduction les êtres se sont parés
La nature et les émois réduisent les espaces
Au petit matin fourbis épuisés et heureux
Réveillés par le chant strident des cigales
Un bon petit déjeuner apaise leur fringale
Ce n’est rien c’est l’été et ils sont amoureux
Le vieux guide
Dans la solitude et le silence
Le vieil homme regarde la haut
Là où les pierres forment un chaos
Où la terre exprime sa violence
Il contemple pensif sa montagne
Ses pas l’ont transporté si souvent
A travers le froid la neige et le vent
Elle demeure son unique compagne
L’érosion a façonnée les roches
L’homme s’est usé à ses parois
A vaincre par des couloirs étroits
Où seul le cœur solide s’accroche
Le guide regarde l’œil nostalgique
Sa jeunesse restée sur les sommets
Ses pensées l’occupent désormais
Il ne peut lutter contre cette logique
Dans la solitude et le silence
Il entrouvre sa boîte à souvenirs
Un passé riche à défaut d’avenir
Une jeunesse couleur d’insolence
Partir dans la pénombre au matin
Voir devant soi une marmotte
Entendre le cri de la gélinotte
Et la brise dans les grands sapins
Au début on part d’un pas léger
Puis la fatigue vient en altitude
Alors le combat devient plus rude
Pour atteindre les sommets enneigés
Franchir les torrents et les crevasses
Eviter l’au-delà en jetant des ponts
Assurer chaque pas aux crampons
Et monter plus haut sa carcasse
Dans la solitude et le silence
Il rêve toujours il rêve encore
A finir son temps dans ce décor
Dans sa poitrine le désir le lance
Enfin murie sa décision est prise
Il veut faire le dernier pèlerinage
Sur les lieux de son jeune âge
Il en a la moustache qui frise
Dans le chalet tout est en place
Le soleil faible lueur sur les crêtes
Monte lentement éclairer les arêtes
Astre du matin astre de glace
Il part sans hésiter vers sa voie
Il sait qu’il n’ira pas au sommet
C’est le dernier voyage mon aimée
Et subitement s’est tue la petite voix
25 mars 2013 à 12h01 #155756O
26 mars 2013 à 9h31 #155757O
30 mars 2013 à 14h49 #155764O
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