Les chevaux modernes
Ils suivent des arbres la vôute
L’allure fière et conquêrante
Avec désirs qui les hantent
Se croyant seigneurs sur les routes
Ils ont la culture du paraître
Un monde d’us et coutumes
Domaine des enfants du bîtume
Au volant ni dieu ni maître
Cheveux au vent grisés ils roulent
Subjugués pour l’amour d’une belle
Bravant les interdits esprits rebelles
Destinées à grande vitesse se déroulent
L’insouciance est leur jeunesse
Le volant les contours de leur vie
Leurs limites sont leurs envies
La griserie est leur maîtresse
Chaque génération a ses icônes
Eux ils ont le culte de la bagnole
Un tas de ferraille qu’ils fignolent
Par tous moyens même la braconne
Joueurs et fanfarons ils défient
Le copain l’ami l’adversaire
Ils sont les nouveaux corsaires
Fonçant regards vides et yeux bouffis
Les preux chevaliers de l’asphalte
Dominent le monde dans l’habitacle
Faisant fi des règles et des obstacles
Seule la fin du voyage est leur halte
Fiancés du danger ils friment
Satan guette à la croisée du chemin
La faucheuse les poussant vers demain
Au radeau de la mort ils s’arriment
Les rescapés pleurent sur le passé
Sur leurs amis prisonniers du filet
Quelques secondes ou l’on voit défiler
Sa courte vie au risque de trépasser
Quand se dissipe l’écran de fumée
Soudainement le lourd rideau tombe
Hagards ils vont fleurir les tombes
Les relents du festin ont un âcre fumet