Hugues, Christian – Une île
Après avoir couru les océans les mers
Plus arides que le plus brûlant des déserts
Je me suis desséché des lèvres jusqu’au cœur
De soif inassouvie par l’amère liqueur
Maintenant j’aimerais sur cette mer turquoise
Qu’une île enchanteresse enfin ma route croise
Je la verrai de loin sans précipitation
L’approcherai avec de grandes attentions
Je l’espère jolie déserte et accueillante
Et d’elle aussi j’attends qu’elle soit indulgente
Tant je suis empoté et si à l’accostage
J’écrase une coquille en piétinant sa plage
J’amasserai des branches et des brindilles sèches
Tenterai d’allumer quelques maigres flammèches
Que d’un souffle timide attiserai en feu
Aussi indispensable à la vie que les yeux
Elle offrira peut-être entre deux bras de mer
Une calme clairière entourée tout de vert
Où je pourrai bâtir moi le pauvre transfuge
Avec quelques rondins un solide refuge
Et si elle m’accepte alors chacun donnant
Le meilleur de son moi sans être dominant
Jusqu’aux recoins en friche apparaîtra l’envie
D’ensemble communier et renaître à la vie