HORACE – Poésies

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  • #142203
    Augustin BrunaultAugustin Brunault
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      #146678
      Augustin BrunaultAugustin Brunault
      Maître des clés

        HORACE – Poésies




        Odes, I, 11 : Carpe diem.
        Traduction : Université catholique de Louvain.

        Toi, ne cherche pas à savoir (il est sacrilège de le savoir) quelle fin pour moi, quelle fin pour toi
        les dieux ont assignée, Leuconoé, et ne sonde pas les calculs babyloniens. Comme il est mieux de supporter tout ce qui sera,
        soit que Jupiter t’ait accordé plusieurs hivers encore, soit qu’il t’ait accordé ultimement
        celui qui maintenant brise la mer tyrhénienne sur les roches poreuses qui lui font face.
        Tu ferais mieux de filtrer ton vin et d’un bref moment
        de tailler les longues espérances! Pendant que nous parlons, le temps se sera déjà enfui, jaloux.
        Cueille le jour, le moins possible confiante au lendemain.

        #146679
        Augustin BrunaultAugustin Brunault
        Maître des clés

          Odes, III, 30 : Exegi monumentum.
          Traduction : Université catholique de Louvain.

          J’ai achevé un monument plus durable que le bronze
          et plus altier que la rouille royale des pyramides,
          que ni la pluie vorace ni l’Aquilon déchaîné
          ne sauraient détruire ou, innombrable,
          la chaîne des années et la fuite des âges.
          Je ne mourrai pas tout entier et une partie nombreuse de moi-même
          échappera à Libitina ; sans cesse, moi, par la gloire de la postérité,
          je grandirai toujours jeune, tant que du Capitole
          le pontife scandera les marches en compagnie de la vierge silencieuse.
          Je serai proclamé, par où retentit l’impétueux Aufide
          et là où Daunus, pauvre en eau,
          a régné sur des peuples rustiques, devenu puissant d’humble que j’étais,
          le premier à avoir entraîné le chant éolien
          dans les cadences devenues italiennes. Conçois un rare orgueil
          pour tes services, et du laurier delphique
          ceins, avec bienveillance, Melpomène, ma chevelure.




          Odes, I, 37 : Nunc est bibendum.
          Traduction : Henri Patin (1793-1876).

          C’est maintenant qu’il faut boire, qu’il faut, d’un libre pied, frapper la terre ; qu’il faut, comme aux repas des Saliens, charger de mets splendides la table des dieux : le temps en est enfin venu, ô mes compagnons !

          Auparavant, pouvait-on songer à retirer le cécube du cellier des aïeux, quand une reine tramait en insensée la ruine du Capitole, les funérailles de l’empire, avec un impur troupeau d’hommes dégradés et corrompus, s’abandonnant sans frein à toutes les espérances, s’enivrant des douceurs de la fortune.

          Mais bientôt tomba sa fureur, quand un seul de ses vaisseaux à peine eut échappé à l’incendie : son âme, qu’égaraient les vapeurs du vin de Maréotis, fut ramenée au sentiment d’une terreur réelle, quand César, de ses rames agiles, la poursuivit sur les mers, volant loin de l’Italie, comme poursuit la faible colombe, ou le lièvre timide, l’épervier, rapide chasseur, dans les plaines couvertes de neige de l’Hémonie.

          Il voulait mettre aux fers ce monstre suscité contre nous par la destinée. Mais elle, cherchant un généreux trépas, ne pâlit pas, en faible femme, à la vue de l’épée ; ne gagna point, sur ses légers vaisseaux, des rivages ignorés, en quête d’un nouveau royaume. Elle osa contempler d’un œil serein la chute de son palais ; elle toucha sans crainte des vipères irritées, pour faire pénétrer dans ses veines leur noir venin, décidée à mourir, et par là remplie d’audace.

          Ainsi, dans son noble orgueil, cette femme au-dessus de son sexe envia aux galères liburniennes la joie cruelle de la conduire, déchue de sa gloire, à la suite d’un superbe triomphateur.

          #146680
          Augustin BrunaultAugustin Brunault
          Maître des clés

            Odes, I, 4 : Ode sur l’hiver.
            Traduction : Université catholique de Louvain.

            L’âpre hiver se dénoue au doux retour du printemps et du Zéphyr
            et les rouleaux entraînent à la mer les coques à sec,
            et déjà le troupeau ne se réjouit plus des étables ni le laboureur de son feu,
            et les prés ne blanchissent plus sous le givre argenté.

            Déjà la Cythéréenne Vénus conduit ses chœurs sous le haut regard de la Lune,
            et, enlacées aux Nymphes, les Grâces aimables
            frappent la terre de chaque pied tour à tour, tandis que des Cyclopes
            Vulcain, brûlant, visite les sévères ateliers.

            Maintenant il convient de couronner nos têtes luisantes avec le myrte vert
            ou la fleur que portent les terres dénouées ;
            maintenant il convient aussi d’immoler à Faunus, à l’ombre des bois sacrés,
            une agnelle, s’il le souhaite, ou un chevreau, s’il préfère.

            La pâle Mort enfonce d’un pied égal les boutiques des pauvres
            et les tours des nababs. Si opulent sois-tu, Sestius,
            la vie au total si brève nous interdit d’entreprendre un long espoir.
            Bientôt te presseront la nuit et les Mânes des légendes

            et la maigre demeure de Pluton ; dès que tu y seras arrivé,
            tu ne tireras plus aux dés la royauté du vin,
            ni n’admireras plus le tendre Lycidas, pour qui brûle maintenant
            toute la jeunesse et molliront bientôt les jeunes filles.

            #146681
            Augustin BrunaultAugustin Brunault
            Maître des clés

              Odes, I, 9 : Ode sur le printemps.
              Traduction : Université catholique de Louvain.

              Tu vois comme le Soracte se dresse blanc d’une neige profonde
              et comme les forêts qui peinent
              ne supportent plus leur fardeau et comme sous le gel piquant
              les cours d’eau ont cessé de couler.

              Dissipe le froid en empilant largement des bûches sur le foyer
              et plus généreusement
              tire un vin de quatre ans,
              ô Thaliarque, d’un vase sabin à la double oreille.

              Remets tout le reste aux dieux; dès qu’ils ont abattu
              les vents qui combattent sur la mer bouillonnante,
              ni les cyprès
              ni les vieux ornes ne s’agitent.

              Ce que sera demain, évite de le chercher, et
              quel que soit le jour que te donnera la fortune,
              porte-le à ton bénéfice, et les douces amours,
              ne les dédaigne pas tant que tu es un jeune garçon, ni, toi, les danses,

              tant que de ton âge encore vert se tient éloignée
              la blancheur morose. Maintenant, il faut retrouver et le Champ de Mars et les places publiques et les doux chuchotements à la tombée de la nuit,
              à l’heure convenue,

              maintenant aussi quand il trahit celle qui est cachée, jailli d’un coin secret,
              le rire charmant d’une jeune fille
              et le gage enlevé à un bras
              ou à un doigt qui résiste mal.

              #146682
              Augustin BrunaultAugustin Brunault
              Maître des clés

                Satires, I, 9 : Le casse-pieds.
                Traduction : Jacques Faulx, professeur à l’A.R. d’Esnaux.

                Je m’en allais, d’aventure, par la Voie Sacrée pensant, selon mon habitude, à je ne sais quelles bagatelles et tout à elles.
                Vient à moi un personnage que je connaissais seulement de nom, et, me saisissant la main :
                – “Comment te portes-tu, toi, ce que j’ai de plus cher au monde ?”
                – “Fort bien, pour l’instant du moins, dis-je, et tous tes désirs sont les miens.”
                Comme il s’attachait à mes pas, je prends les devants :
                – “Y a-t-il quelque chose pour ton service ?”
                Mais lui :
                – Tu dois me connaître, je suis un lettré.”
                Moi alors :
                – “Tu m’en seras d’autant plus précieux.”
                Cherchant éperdument à m’en aller, tantôt je marchais plus rapidement, tantôt je m’arrêtais, je disais n’importe quoi à l’oreille de mon esclave, alors que la sueur me coulait jusqu’aux talons.
                – “O Bolanus, que tu es heureux à cause de ton esprit ! ”
                disais-je à part moi, pendant que l’autre racontait n’importe quoi et louait les rues et la ville.
                Comme je ne lui répondais rien :
                – “Tu as une furieuse envie, dit-il, de t’en aller ; il y a longtemps déjà que je le vois ; mais tu perds ta peine ; je te tiendrai jusqu’au bout, je te suivrai sans répit. D’ici, vers où va donc ton chemin ?”
                – “A quoi bon t’imposer tous ces tours et détours ? Je vais rendre visite à quelqu’un que tu ne connais pas ; il est alité loin d’ici, de l’autre côté du Tibre, près des jardins de César.”
                – “Je n’ai rien à faire et je ne suis point paresseux ; je te suivrai jusqu’au bout.”
                Je baisse l’oreille comme un petit âne de méchante humeur quand il vient de recevoir sur le dos une charge trop pesante.
                L’autre recommence :
                – “Si je me connais bien, tu ne feras plus de cas de tes amis Viscus et Varius ; car qui pourrait écrire plus de vers que moi, ou plus vite ? danser avec plus de grâce ? et je chante de manière à rendre Hermogène jaloux.”
                C’était le moment de lui couper la parole :
                – “As-tu une mère, des parents pour qui tu doives rester bien portant ?”
                – “Absolument personne, je les ai tous mis au tombeau.”
                – “Heureux sont-ils ! moi, maintenant je reste.

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