GRIMM, Frères – Les sept corbeaux

Accueil Forums Textes GRIMM, Frères – Les sept corbeaux

2 sujets de 1 à 2 (sur un total de 2)
  • Auteur
    Messages
  • #141982
    JJanico
    Participant
      #145376
      JJanico
      Participant

        GRIMM, Frères – Les sept corbeaux

        Traduction: Janico




        Un homme avait sept fils et toujours pas de fille, si fort qu’il le désirât. Enfin, sa femme lui donna de nouveau des espérances, et quand l’enfant vint au monde, voici que c’était une fille. La joie était grande, mais l’enfant était chétive et petite, et à cause de sa faiblesse, il fallut l’ondoyer.

        Le père envoya l’un des garçons chercher en hâte de l’eau lustrale à la fontaine. Les six autres le suivirent, mais comme chacun voulut être le premier à puiser, ils laissèrent tomber la cruche dans le puits. Alors ils restèrent plantés là, ne sachant ce qu’ils devaient faire, et aucun d’eux n’osait rentrer à la maison.

        Comme ils ne revenaient toujours pas, le père s’impatienta et dit: “Certainement, ils auront oublié de rentrer pour jouer, ces garçons impies !” Il se prit à craindre que la petite fille mourut sans baptême, et dans sa colère il s’écria: “Je voudrais qu’ils soient tous changés en corbeaux!”

        Il avait à peine fini de dire ces mots, qu’il entendit un battement d’ailes dans les airs, au-dessus de sa tête. Il leva les yeux et vit sept corbeaux, noirs comme du charbon, qui volaient de-ci de-là.

        Les parents ne purent pas annuler l’enchantement. Mais, si tristes qu’ils fussent d’avoir perdu leurs sept fils, ils se consolèrent néanmoins quelque peu avec leur chère petite fille qui reprit bientôt des forces et embellit de jour en jour.

        Elle ignora longtemps qu’elle avait eu des frères, car les parents se gardaient bien d’en parler. Jusqu’au jour où elle entendit des gens dire par hasard que la jeune fille était belle assurément, mais qu’en réalité, elle était responsable du malheur de ses sept frères. Elle s’en trouva toute affligée. Elle s’en alla trouver son père et sa mère et leur demanda s’il était vrai qu’elle avait eu des frères et ce qu’il en était advenu.

        Les parents ne purent pas garder plus longtemps le secret. Ils dirent néanmoins que c’était là un décret du ciel, et que sa naissance n’en avait été que l’occasion innocente. Mais la jeune fille éprouvait chaque jour du remords et croyait qu’elle devait délivrer ses frères. Elle n’eut ni trêve ni répit qu’elle ne se fut mise en route secrètement pour retrouver leur trace quelque part, et les délivrer, quoiqu’il pût lui en coûter. Elle n’emporta rien qu’un petit anneau en souvenir de ses parents, une miche de pain pour la faim, une petite cruche d’eau pour la soif et une petite chaise pour la fatigue.

        Elle alla toujours tout droit devant elle, loin, très loin, jusqu’au bout du monde. Alors elle arriva au soleil, mais il était trop chaud et terrible, et il mangeait les petits enfants. Elle s’enfuit en hâte et courut jusqu’à la lune. Et quand elle aperçut l’enfant, elle dit: “Je sens la chair humaine…” Alors elle s’enfuit vivement et arriva chez les étoiles, qui furent aimables et bonnes pour elles. Et chacune était assise sur une petite chaise à part. Cependant, l’étoile du matin se leva, lui donna un osselet et lui dit: “Sans cet osselet, tu ne pourras pas ouvrir la Montagne de Verre, et c’est dans la Montagne de Verre que se trouvent tes frères.”

        La petite fille prit l’osselet, l’enveloppa soigneusement dans un petit torchon et continua sa route, tant et si bien qu’elle arriva à la Montagne de Verre. La porte était fermée à clé; elle voulut sortir l’osselet du torchon, mais quand elle l’ouvrit, elle vit qu’il était vide.

        Elle avait perdu le cadeau des bonnes étoiles ! Que faire maintenant ? Elle voulait sauver ses frères… mais n’avait plus la clé de la Montagne de Verre. La bonne petite sœur prit un couteau, se coupa un petit doigt, le mit dans la serrure, et parvint à l’ouvrir.

        Quand elle fut entrée, un gnome vint à sa rencontre et lui dit:

        “Mon enfant, que cherches-tu ?”
        “Je cherche mes frères, les sept corbeaux”, répondit-elle.

        Le gnome répondit: “Messieurs les corbeaux ne sont encore pas à la maison, mais si vous voulez attendre leur retour, entrez!”

        Là-dessus, le gnome apporta le repas des corbeaux sur sept petites assiettes et dans sept petits gobelets. Et la petite sœur mangea une miette dans chaque gobelet; mais, dans le dernier gobelet, elle laissa tomber le petit anneau qu’elle avait emporté.

        Tout à coup, on entendit dans les airs des battements d’ailes et des cris. Le gnome dit alors: “Ce sont Messieurs les corbeaux qui rentrent à tire-d’aile !”

        Alors ils vinrent, voulurent boire et manger, et cherchèrent leur petites assiettes et leurs petits gobelets.
        Puis ils s’écrièrent, l’un après l’autre: “Qui a mangé dans ma petite assiette? Qui a bu dans mon petit gobelet? C’était une bouche humaine !”

        Et comme le septième vidait son gobelet, l’anneau en tomba. Alors il le regarda et voyant que c’était un anneau de son père et à sa mère, il dit: “Dieu veuille que ce soit notre petite sœur… alors nous serions délivrés !”

        Quand la petite fille, qui écoutait derrière la porte, entendit ce souhait, elle se montra et alors tous les corbeaux reprirent leur forme humaine, et ils s’embrassèrent et se firent mille caresses et ils rentrèrent joyeusement chez eux.

      2 sujets de 1 à 2 (sur un total de 2)
      • Vous devez être connecté pour répondre à ce sujet.
      Veuillez vous identifier en cliquant ici pour participer à la discution.
      ×