Le rayon de Noël
Paul Gagnaire
Gisant comme un sapin couché sur le trottoir,
nu, d’un vert maladif, aux branches mutilées,
plus livide qu’un dieu, elle attend. Sans espoir.
Elle attend. Sans comprendre et sans fin. Esseulée.
Incomprise, inconnue, les gens la dévisagent,
piétinent son regard, méprisent son sourire
d’un angelot déchu acceptant cet outrage.
Elle attend. Mais rien, rien, ne vient la secourir.
Lentement, elle esquisse un geste de la main.
Un salut. Un adieu. Geste sans lendemain.
Jusqu’au bout, elle attend. Sans rêve et sans sommeil.
Elle aurait dû mourir, dans son obscurité,
quand soudain, son œil s’ouvre et capte la beauté
de l’ultime baiser d’un rayon de soleil.