Accueil › Forums › Textes contemporains › (O) BOUTEILLER, Gaël (de) – Poèmes (Sélection)
- Ce sujet contient 8 réponses, 7 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par CCarole Bassani-Adibzadeh, le il y a 12 années et 11 mois.
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- 3 décembre 2011 à 16h44 #1434873 décembre 2011 à 16h44 #154393
Bonjour à tous les donneurs et donneuses de voix
Je soumets à vos suffrages, avec l'accord de l'auteur, une sélection de poésies de Gaël de Bouteiller qui publie dans la revue “Poésie Directe”
version audio:
version texte:
A travers les sublimes pâleurs des oasis de mon pays
Et des arbres irréels, perlent les dures lumières.
Sur mon rocher, sur hier, je me suis assis.
A mon côté, le lac des pleurs amers
Où j'ai trempé l'âme d'acier,
Plus loin, mon char attend de dévaler
Des contrées inconnues aux lueurs nouvelles.
D'or, je grave mon nom dans le ciel.
Messager blessé des temps désespérés,
Mon chant s'évapore comme une douce rosée:
J'annonce la joie d'être abandonné.
Nous rêvions d'un désespoir
Si noir qu'il pût illuminer
Le bitume d'atroces trottoirs
Et assombrir le passé
Nous voulions cueillir l'espoir
Dans d'autres champs
Que les sillons du présent,
Et briser tous les miroirs,
Oublier le temps
Qui assèche nos abreuvoirs.
J'irai casser tous vos jouets
Et déranger les places dans la nuit;
Meurtrir vos rêves
Et mettre aux fers vos enfants,
Repousser vos projets
Et abolir vos droits.
Je vous tendrai des miroirs sans fard,
Raboterai vos paysages.
Nos milices laisseront un goût sauvage de ruine
Dans votre histoire.
Vos richesses vous condamneront,
La pauvreté vous aveuglera,
Vos oeuvres périront.
Et au coeur de ces heures
Des larmes vous accuseront….
Je tisserai alors le linceul de votre être
Dans votre appel éperdu
_ dit le Temps.
Partons, ô mon coeur, ô mon âme,
Et toi aussi mon corps, allons
Tous trois boire à la flamme
Qui nous assèche au fond.
Que l'âme parte devant,
Le coeur dans la main
Le corps ira suivant,
Il arrivera demain matin.
Passez la nuit en prière,
La chair veillera
A vos souhaits de lumière
Tant qu'elle pourra.
Que l'âme parte devant,
Ne vous trompez pas de chemin,
Le corps ira suivant,
Il arrivera demain matin.
Mon espoir se meurt
Les balises sont restées au port
Et le ciel est si bas
Si bas que mes larmes le mouillent.
Nous étions partis de bon matin
Et puis…Rien!
Mon espoir est un grand blessé
D'une guerre de tranchées…
Qui pourrait encore reconnaître son visage enfantin?
J'avais marché de longues années,
Traversé des villages amicaux et familiers
Et des forêts aux paroles de vent étranges.
J'ai été le jeu des étoiles filantes.
Enfant une montagne m'appelait
L'horizon est plus loin que l'on pourrait croire
Mais j'ai joint la crête ce soir!
Et une table m'attendait…
Je t'ai cherché
D'abord dans mes nuits,
Dans mon lit.
Je t'ai cherché
Parmi les côteaux des villes,
Dans les ruelles rouges.
Je t'ai cherché
Dans l'homme et la femme;
Dans les creux de mon âme.
Je t'ai cherché
Dans la soif et la faim,
Dans les danses et le vin.
Je t'ai cherché
A l'écart du monde, aux lumières fécondes
En solitude, en pauvreté, en liberté et en beauté.
Je t'ai cherché
Du plus fort de mes forces
Avec la volonté de l'impie.
Je t'ai cherché
Le long des bibliothèques,
Dans la nature comme architecte.
Je t'ai cherché
A travers mes mains, dans l'attention à Toi,
Dans les regards de l'intelligence
Ou de l'indigent sans défense.
Je t'ai cherché
Sur les sentiers de mon Europe,
Par toute la terre,
Sous-sols et monastères.
Je t'ai cherché
Sens dessus dessous,
Abandonné aux ondes,
Je t'ai cherché.
J'ai voulu te concevoir
Et nous voilà ce soir!
Je t'ai cherché,
Et j'ai froid
Perdu en moi.
Je t'ai cherché
Avidement,
Et si je ne t'ai pas saisi,
J'ai appris à t'aimer.
Viens prends ma main
Nous allons bercer
Des rythmes sereins.
Allons à côté
Dans le jardin,
Tu verras les fleurs
Qui naissent sur ma terre.
Tu verras mon coeur
Comprendras ses mystères.
Il est si facile de s'écarter un peu.
Baisse les cils
Sur tes si beaux yeux.
Je te donnererai mon domaine,
Mes élans vers Dieu.
Je t'apprendrai mes peines,
Tu me consoleras un peu.
Viens, prends ma main,
Viens ma Confiance,
Sur des rythmes sereins,
Allons à nos espérances.
De la paix, nous n'avions que le nom,
Elle semblait triste
A mon corps assoiffé d'excès.
Hier nous apprend nos faiblesses.
Dans l'holocauste de l'amour
Peu de place pour les armes:
Nous les avons redéfinies
Avec les forces, les champs d'investigations,
Les combats, les luttes….
Au service d'un seul chef, le Christ.
Pauvrement vêtus, de vulgaires sacs,
L'amour dans les mots
Et la seconde joue en bandoulière.
Aujourd'hui de la paix, nous avons un certain sens,
Et l'empreinte de nos pas allégés
Espère laisser un peu de sa vie,
De son temps à Elle.
Si s'élargit la réalité pour nos regards,
Alors un jour arrive où la raison s'émerveille.
Ce que vous m'avez donné
Je l'ai offert,
L'or, je l'ai dilapidé
Comme j'ai pu.
Puis les genoux plantés en terre,
J'ai essayé la prière.
Mon sillon d'homme,
Mes forces ont travaillé à sa profondeur.
Toute ma volonté, mes nerfs
D'enfant du décalage
Sont en partage pour la bataille.
Reste dans mes mains vides
Un visage:
Mon âme qu'elles te tendent,
Comme ça.
Comme il s'en allait,
Bercé de souvenirs défunts,
Il les prit d'un air distrait
Dans la paume de sa main.
Puis les jeta sur la table
Avec une nonchalance équivoque,
Le temps est bien du sable
Et le navire prend l'eau par la coque.
Ma mémoire est un automne
Aux mille feuilles séchées
Et moi je suis un homme
Qui aime à cultiver.
J'ai bien des horizons
De tous mes voyages,
J'arrache le masque des mirages
Et m'achemine sans cesse à une moisson.
Nous offrirons ces fruits
Aux saveurs essentielles
Pour faire goûter le ciel
A ceux qui logent ici.
Viens
Comme l'extrême espérance!
Tu viens
Contre toute attente!
Viens
Ne lasse pas l'absence
Les vides ennuient.
Tu viens
Echos des prières!
Viens
Déchirer le silence!
Tu viens au coeur des corps
Vêtu de lumière
Viens
Répondre à la litanie des siècles!
Et à l'heure de la mort.
Tu viens
Révéler le visage du temps
A nos philosophies endormies,,
Révéler à nouveau la vie
Aux âmes saoules de patience et de veille.
Viens, toi
Qui n'oublieras pas
De t'incliner
Devant le vide
Le pauvre inconnu
En signe
De remerciement
Car ce geste
T'était naturel.
Viens, la lumière
De tes yeux et de ton coeur
Nous fera passer l'hiver.
J'ai des trésors plein ma cave
Souvenir, plaisirs et réjouissances.
Dans un petit coffre, les perles
Des amitiés échangées.
Mais il ne veut tenir nulle part
Le bien le plus précieux:
Ce temps que tu m'as donné.
Tu es mon véhicule,
L'oiseau des matins,
Le silence nocturne,
L'instant qui bouscule.
Tu es le quotidien
L'univers qui respire.
Tu es l'unique
Preuve du présent
Incertain qui s'en va,
Le coeur du réel.
Tu es la promesse
Faite au coeur de chair
Le petit bonheur et la grâce,
Notre humanité et sa fin.
Tu es la voile et le vent,
La mer et l'esquif,
Et le phare souriant.
Ta couronne s'effeuille
Et disperse ses pétales
Au souffle du temps.
Résonances du Verbe en prière,
Qui sur les lèvres ardentes
Ou sous les plumes ailées se révèlent.
Je cherche à te nommer
Et t'appelant, je t'approche,
Vers toi, ma langue se délie.
Coeur du livre de vie,
Naturellement fécond en son rythme,
En sa respiration, le Verbe nomme.
Tu es la clef du sens, si je l'oublie
La Substance de la réalité s'échappe
Et je laisse une porte close.
Comme toute raison perd sa cause
Lorsqu'à travers les effets
Nous cessons de Te voir vivant.
Dans la brise fraîche,
Dans le rayon ardent,
Dans le plus tumultueux des vents
Et dans la sécheresse,
Dans la nature en fête,
Dans l'hiver piquant de froid,
Dans l'ombre des bois
Et partout où je m'arrête,
Que ton regard, Seigneur,
Partout m'accompagne,
Jusqu'à cette montagne
Que ma foi transporte avec ferveur.
L'oeil vert enlacé
De ses mille cheveux
Me renvoie le baiser
De ces malheureux
Qui, comme moi, croient
Que la vie est un songe
Où l'on meurt sans effroi,
Sans risque ni peur.
Oubliant le malheur
Qui la frappe,
Qui me frappe,
Qui me tue
Et la tue,
Qui l'aime et que j'aime.
L'oeil vert enlacé
De ses mille cheveux
Me renvoie le baiser
Que je n'ai pas donné.
Que deviendra-t-il
Notre petit exil?
Ce fragile champ clos,
Notre armure de fleurs…
Que deviendra-t-elle
Ma peau
Sans celle
Qui veille sur un berceau?
Elle passe la caravane,
La caravane des âmes,
Traversant les cultes
Et des vents de perdition,
Avec ses fous, ses ânes
Et ses dompteurs de tumulte.
Tout un peuple aux noms improbables.
Elle passe la caravane,
La caravane des âmes…
Nous sommes les pauvres gueux,
Les gueux de l'Eternité
Et nous soulevons sous nos pieds
La poussière des villes jusqu'aux cieux!
J'aime m'asseoir et m'emplir d'Esprit.
Nous sommes la caravane,
La caravane des pauvres âmes.
Il y a pour nous la conscience
Et les talents prostrés,
Des dons qui ont perdu sens
Dans l'ivresse et la nécessité
Des temps,
Un renversement
Pour ordonner.
La caravane passe
Sur les bonheurs et les fatalités…
3 décembre 2011 à 17h20 #154394O
3 décembre 2011 à 18h48 #154395O
3 décembre 2011 à 22h32 #154398O
4 décembre 2011 à 12h02 #154399O
6 décembre 2011 à 8h00 #154401O
11 décembre 2011 à 0h13 #154414O
18 décembre 2011 à 17h40 #154434Vote clos.
Résultat : livre audio accepté.
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