Farenheit 451

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15 sujets de 46 à 60 (sur un total de 89)
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    Messages
  • #146298
    MMusardeur
    Participant

        17.



      En effet, de tous les points cardinaux : l’ouest était une véritable obsession. Il n’avait pas à comprendre pourquoi on persistait à utiliser le nord comme référence d’orientation. Quoi de plus trompeur que ce nord magnétique ? il ne cessait de bouger, de se déplacer. On avait même prouver que, dans le passé, les pôles s’étaient inversés à plusieurs reprises, et plus grâve, à certaines périodes, les champs magnétiques s’étaient subdivisés en plusieurs zones disparates. De quoi affoler les boussoles les plus honnêtes !
      Alors que l’ouest. Il est là. Il ne bouge pas, lui. La Terre tourne, mais il ne bouge pas. Même en tournant plus vite, elle n’arrivera pas à le lacher
      Et l’Est, c’est pareil ! eh bien, non, pas du tout. Tiens bon la barre du navire, pour aller en Amérique, il faut aller vers l’ouest, mais pour revenir vers l’Europe, donc à l’Est, il faut remonter vers le Nord. C’est incroyable, mais c’est exactement la route suivie par Christophe Colomb et qui marche encore aujourd’hui. Contrairement à celle qu’ont suivie les Vikings. Ils ont essayé en partant du Nord vers le Sud en suivant les côtes. Ils ont laissé tomber.
      C’est pareil pour les avions, ils vont plus vite à aller à l’Ouest qu’à en revenir. Curieux n’est-ce pas ?

      #146299
      MMusardeur
      Participant

          18.



        Comme d’habitude, le Professeur Trognon en était là deviser dans sa baignaire, quand, peu à peu, lui apparut les yeux. Il se plut à les contempler, avec les cils qui frémissait doucement. Le doux regard de la libraire le fixait attentivement, puis devint rassurant. « Rien de grave ! » avait-il entendu. Il comprit qu’il avait été tout de même choqué, au point que pour la première fois de sa vie, il avait pris un livre, sans savoir lequel. Il avait vraiment perdu le Nord !
        Il n’arrivait pas à se souvenir comment il était tombé. Il avait le sentiment qu’on l’avait poussé ou entravé, dans son champ de vision, il avait cru voir. Mais rien de net. Il subsistait seulement le parfum de la dame en noir. L’image de Baudelaire se juxtaposa à celle du « Lotus bleu ». Tiens ? Pourquoi Tintin ? Sa mémoire lui jeta un mot : « Opium ». Il sursauta. Il avait oublié qu’il était dans l’eau.
        Il se secoua, s’ébroua en sortant du bain. Il se sentait fatigué, alla se couché sans dîner.

        #146359
        MMusardeur
        Participant
            Quatrième épisode



          L’APPARITION ET LES VOIX


            19.



          Lorsqu’Armelle se réveilla, elle était engourdie et engoncée dans le fauteuil. Elle s’arracha péniblement. Elle s’était donc assoupie près du beu, sans s’en rendre compte. La tempête avait été de courte durée. La pendule montrait cinq heures. Elle vit qu’Obélix la contemplait. Elle lui fit une flatterie et alla prendre un douche. Cela acheva de la reveiller et la détendit. Elle s’habillat prestement. Elle voulait aller dehors. Elle sortit avec son chien fou de joie à l’idée d’une balade. Armelle aimait aller dans la campagne, avant le lever du jour. Encore lui fallait-il se lever tôt. C’était le cas aujourd’hui. Obélix courait parfois partout, dans tous les sens, revenant à toute allure jeter sa tête, la truffe la première, à l’interieur de la main d’Armelle, se caressant de lui-même pour la remecier de cette promenade imprévue. Elle riaient, le tançant doucement :
          – doucement, mon gros !
          Elle avançait d’un pas lent et souple en amortissant le bruit de ses bottes, en direction opposée du petit bois fendant les herbes folles de la prairie qui tentaient d’étouffer un vague petit chemin. Il menait à l’aven, pour ensuite le contourner, et aboutir à un petit monticule. Après avoir marché pendant trois kilomètres, elle fut au pied de la petite colline que surmontait un dolmen. La table du monument reposait paisiblement sur ses pieds.

          Elle grimpa, arriva essouflée. Il était temps. Le soleil allait poindre. Elle s’assit sur une souche qui semblait avoir été amenée pour cela. Armelle attendait. Le ciel s’éclaicissait rapidement, lumineux, sans nuage. Armelle baissa la tête regardant sous la table du dolmen, laquelle était orientée est-ouest. Obélix s’était couché près d’elle, patient. Quand le rayon apparut, le cœur de la femme se mit à battre fort et sa respiration se suspencdit, et resta bouche bée devant l’image qui se formait. L’intéreur du dolmen se comportait comme un prisme. L’image fugitive s’imprima dans le cerveau d’Armelle. Elle avait fermé les yeux, pour la garder en elle. La lumière augmenta rapidement. Le soleil se déployait dans son entier, interdisant tout regard dans sa direction sous peine de brûlures oculaires irrémédiables.

          #146360
          MMusardeur
          Participant

              20.




            En revenant, Armelle fut occupée par Obélix qui avait déniché un crapaud dans les hautes herbes. Elle avait faim, et pressa le chien qui abandonna à regret sa proie, qui fila sans demander son reste. Une fois, à Brocéliande, elle donna sa gamelle au berger allemand et déjeuna avidement, puis tenta d’écouter la radio en finissant doucement son café encore chaud. Songeuse, elle n’arrivait pas à se concentrer sur les nouvelles quotidiennes que crachait le transistor entre des publicités hurlantes. Au bout d’un moment, elle finit son café et éteignit la radio et alla allumer son ordinateur dans le séjour, et pendant que la machine s’éveillait lentement, elle retourna débarrasser la table et fit la vaisselle pour se défaire l’esprit et le corps des contraintes matérialistes pour se donner à cette vocation nouvelle qui occupait l’essentiel de ses loisirs. Elle lisait. Non, pas pour elle, mais pour les autres.
            Elle avait en effet, depuis moins d’une année, découvert la lecture à haute voix, au profit de ceux qui ne le pouvaient pas. Elle était devenue « donneuse de voix », lectrice pour les autres. Elle le ressentait comme un bonheur d’avoir la possibilité de transmettre sa passion pour les auteurs bretons, de partager les textes qu’elle aimait et y trouver la sensation de ne plus être seule à vivre ses passions littéraires. Lorsque l’ordinateur fut prêt, elle approcha le microphone, cliqua sur le logiciel d’enregistrement, puis , d’un autre clic, fit apparaître le texte de sa lecture à l’écran.
            Elle déclencha la mise en route du magnétophone virtuel, et se mit à lire avec une voix calme et puissante, le timbre était à peine voilé, juste de quoi créer une sorte d’intimité. Les débit était régulier, mais avec un phrasé mélodique, qui suivait les ondulations rythmées des phrases, en respectant les pauses faites de points et de virgules. Sa voix s’élevait, s’interrogeait, s’exclamait, sans violence, mais avec sureté. Elle lisait avec conviction, sure de son choix de lecture, avec la confiance de séduire ses auditeurs, pour les emmener avec elle, à la découverte d’une Bretagne oubliée, de gens au caractère trempé de luttes terriennes et de conquêtes marines, à la recherche de la gloire ou de leur avenir paisible. C’était selon…
            Obélix, allongé droit, près d’elle, avait calé sa tête, bien alignée, sur ses pattes de devant. Ses oreilles, dressées, semblaient guetter les moindres variations de tonalité. Les chapitres succédaient les uns aux autres…

            #146361
            MMusardeur
            Participant

                21




              La voix chaude emplissait la pièce silencieuse. Tous les objets retenaient leur souffle de peur de déranger la liseuse, même le vieux réveil, avec son nounours animé essayait d’harmoniser ses tics avec tact et s’accorder au rythme du phrasé mélodique.
              Cornélius se perdait dans le profil de sa maîtresse. Il perdait la notion du temps, mais il savait que c’était dimanche, car ce n’était que le dimanche que la librairie étaient fermée. C’est le jour où Fabiche lisait. Elle enregistrait quelques chapitres de plus. Elle progressait lentement, avec cette sérénité qui encourage l’effort. Elle avait, elle-aussi, cette puissance vocale, résultat d’un long entraînement oral. Les cordes vocales musclées se tendaient et détendaient en utilisant le soufflet pulmonaire pour assembler les phonèmes, les uns aux autres, élaborant des phrases dont la signification naissait d’une manière qu’on eut pour croire surnaturelle. Et plus sur, cela était surnaturel.
              On aurait presque pu croire que Cornélius comprenait ce langage, tant la diction était à la fois fluide et distincte. Et à bien y penser cet enchaînement avait quelque chose de miraculeux, de fascinant. Fabiche avait déjà remarqué le comportement curieux de Cornélius. Il recherchait toujours une position particulière quand elle lisait. De même, lorsqu’elle mettait la chaîne Hi-Fi pour écouter de la musique, il s’installait différemment, et trouvait toujours dans la pièce l’endroit idéal pour entendre en parfaite stéréophonie. Elle avait vérifié en se mettant au même endroit. Un soir, elle bougea très légèrement la balance. Elle constata avec un sourire amusé qu’il était vraiment mélomane. Il leva la tête, comme si quelque chose n’allait pas, comme dans le malaise. Enfin, il se décida, se leva, tourna un peu et finit par trouver une nouvelle place. Elle s’attendait bien sur à ce manège, mais cela l’étonna quand même, comme le scientifique, qui se doute du résultat calculé de son expérience. Elle restait émerveillée de l’instinct mélomane de Cornélius. Elle se posa alors la question :
              – Est-ce que tous les chats sont mélomanes ?

              #146362
              MMusardeur
              Participant

                  22.





                Pendant ce temps, une femme blonde, penchée elle aussi sur un microhphon, confiaiit à son ordinateur, les déductions subtiles d’un Sherlock Holmes ou d’un Rouletabille, en attendant de pouvoir s’attaquer à Arsène Lupin, donc les droits tommeraient dans le domaine public, en 2011. Le temps passait si vite. Pour l’heure, Son Altesse Royale De Lorenbär, héritière du trône de l’île du même nom, aujourd’hui disparue au cœur de la Mer Baltique, assumait le rôle de donneuse de voix. En fait, elle avait refusée la vie dorée et mondaine du grand monde, qu’elle pouvait revendiquer sans difficulté du fait de sa naissance et de sa fortune familiale. Elle préférait se plonger dans une existence risquée, dangereuse et imprévisible. L’occasion de changer de nom se présenta lors de ses premiers stages. Pendant un vol reliant Paris-Orly à Toulouse-Blagnac, un passager, fort de sa gouaille occitane, l’interpella à plusieurs reprises sous divers prétextes en l’affublant du vocable de « Lorelei ».
                D’abord, cela l’agaça, puis l’amusa si bien qu’à la fin du voyage, elle décida d’en faire son prénom. Car, elle avait horreur de son prénom donnée par sa grand-mère, qui était aussi celui d’une célèbre héroîne du non moins célèbre « Muppets Show ». Ensuite, elle découpa son nom en tranche, ce qui le fit transformer en Lorelei Loren. Comme elle ne ressemblait pas à Sophia Loren, personne n’osa lui demander si elle avait un lien de parenté avec l’actrice italienne. Du coup, elle demanda la naturalisation en faisant un changement de nom avec pour argument, la francisation du nom. Ce qui fut curieusement accepté. Lorelei Loren était française !
                En fait, elle se garda de se vanter qu’elle la devait aux services secrets. En effet, la D.G.S.E. (Direction Générale à la Sûreté Extérieure ) était sous ce nom administratif, le service d’espionnage de l’Etat Français. Les dirigeants avaient repérés facilement cette jeune femme au charisme incontestable, connaissant outre le français, les langues scandinaves, germanique , finnoise, baltes, russe, et maîtrisait à la perfection la langue de Shakespeare. Ils souhaitaient en faire un informateur, et rien de plus. En effet, Lorelei était considérée comme trop voyante pour jouer un rôle. Or, c’est justement cela qui la rendait invisible et insoupçonnable. En plus elle était tellement voyante, qu’elle parvenait à deviner les plans de ses adversaires, y compris ceux de sa hiérarchie. Ainsi au fil des missions, elle était devenue S.A.R. , l’agent invisible connu seulement de trois directeurs des services spéciaux. Sa couverture était hôtesse de l’air, et son hobby la lecture.

                #146390
                MMusardeur
                Participant


                    23.




                  Quand à Niko Latekno, qui était lui aussi, un « donneur de voix », il procédait différemment. Passionné de haute technologie, il s’était équipé d’un matériel haut de gamme, complétant son ordinateur d’un baladeur enregistreur, plus maniable, facile à transporter, lui assurant la capacité de profiter de toute opportunité de temps et de lieu pour enregistrer. Une fois sa lecture achevée, il transférait ses fichiers sons vers son ordinateur portable. Il nettoyait, purifiait, enjolivait, agrémenté de musique ou de bruitages venant, à propos, illustrer l’action, ou qui créait une ambiance appropriée. C’était un perfectionniste recherchant en quelque sorte, une mise à « scène » sonore. Rendre ainsi un spectacle visuel en théâtre ou film auditif ! c’est ce(te gageure qui le poussait à en faire plus. Cela donnait d’ailleurs d’excellents résultats, ponctués par des commentaires élogieux aussi bien de la part de ses collègues que des auditeurs, internautes avides de « livres audio » et de nouveautés dont les arragements étaient de plus en plus sophistiqués.

                  #146391
                  MMusardeur
                  Participant

                  • 24.


                  • Tout cela rassurait Valentin Blondault. Lui même, maîtrisait la technologie informatique, ce qui lui permettait de réaliser son rêve. Créer un site utile, aux personnes ayant du mal à lire du fait de leurs défaillance visuel. En fait, le site réussissait au-delà de toute espérance, car il prenait une allure internationale. En effet, de nombreux visiteurs ne venaient pas seulement pour télécharger des lectures, pour un aveugle, une mamie victime de la cataracte, mais aussi pour eux-même. Certains avaient du mal à lire, parce que ils ne savaient suffisamment lire, et du coup, ne comprenaient pas ce qu’il tentait de déchiffrer, parce qu’ils étaient étrangers, étudiant le français, parce qu’ils s’ennuyaient et qu’une voix qui lit, qui parle les rassuraient mieux qu’une musique de fond, qui ne les harcèle pas comme font les émissions de radio, parce que.. rien.. simplement pour entendre autrement que leur voix intérieure et sentit autrement les mots.
                    Tintin, ainsi que Valentin était ainsi appelé par les copains, avait malgré cette réussite, éprouvait des difficultés imprévues. Il était fortement préoccupé par les problèmes juridiques liés aux doits d’auteur. Bien que son site internet reposa sur la gratuité et la liberté de téléchargement, il était soucieux car il avait découvert récemment que les droits d’auteur étaient terriblement contraignants. Il avait du se résoudre à retirer un grand nombre de texte. Devant cette mauvaise nouvelle, les « donneurs de voix » décidèrent de redoubler d’effort. Après tout, il restait une quantité considérable d’ouvrage déjà tombés dans le domaine public. Et puis, de toute façon, ce qui a déjà été fait , tombera bien un jour dans le domaine public et deviendra à nouveau disponible.

                  #146455
                  AAndré.77
                  Participant

                    Bonjour Amis(es),

                    Quelle merveille ces traits d’humour entre vous.

                    Il me vient un truc, comme une idée peut être idiote ; et si comme dans ce bon vieux bouquin de Ray Brabdury le Philosophe, ne devenions-nous pas des “Hommes et des Femmes Livres”, une sorte de mémoire ambulante si l’on veut. Chacun d’entre nous utilise alors son livre de chevet préféré et… il l’apprend avec le cœur -, et non “par cœur” car ceci n’est pas connaitre et savoir, c’est être sans âme, sans saveur humaine, sans intelligence peut-être.

                    Ainsi il pourra brûler ce livre ou pour le mieux le donner à celui qui en a besoin éventuellement et qui a peu de mémoire. (C’est une éventualité plutôt que de le brûler – c’est l’ancien Imprimeur et Typographe qui parle… Non je ne suis pas chauvin) !

                    C’est ainsi au bout d’un certain nombre de mois, si ce n’est d’années, nombre d’hommes et de femmes, comme dans le bouquin de Sir Ray Brabdury et l’adaptation excellente de l’ami François Truffaud au Cinéma, seront une sorte de mémoire vivante de l’Humanité.

                    “Vocaliser” le livre très exactement et fidèlement, avec l’intonation parfaite… à un auditoire émerveillé ou subjugué.

                    Question : “Serait-ce le Livre parlé du futur”. (Grosssssse boutade ! ou simple utopie comme l’entendait jadis Platon) ?

                    Au revoir les Amis(es) et à notre Fée de Brocéliande… qui près de sa Source au fin fond de la Forêt apparemment silencieuse… (J’aime sa voix).

                    Toutes mes Amitiés les + sincères.

                    André.77

                    #146456
                    Prof. TournesolProf. Tournesol
                    Participant

                      Bonjour cher André,

                      Oui, ce que vous dites est tout à fait juste, et c’est une vision très passionnée de la littérature. Dans Farenheit 451, les personnes qui souhaitent résister à l’anéantissement de toute culture (car il ne s’agit en fait pas seulement de livres) n’ont pas d’autre choix que de de connaître un livre “par cœur” pour le transmettre et ainsi perpétuer la vision de l’auteur.
                      Mais pour s’en souvenir, l’auteur sous-entend que l’on peut se souvenir d’un livre, au mot près, si l’on a lu ce livre attentivement. Bien sûr, c’est de la littérature (ou du cinéma), mais je me demande s’il est réellement possible de se souvenir et de retranscrire, juste grâce à sa mémoire, un livre en entier.

                      Concernant les œuvres enregistrées, je suis peut-être pessimiste, mais je ne fais pas trop confiance à Internet pou la conservation de la mémoire collective. Mieux vaut faire confiance à nous-même et conserver précieusement ces livres-audio dans notre lecteur mp3, ou partout où ils ne pourront pas être confisqués par quelque autorité.
                      Le récent retrait de certains livres-audio du site ne fait que renforcer ma conviction de la fragilité de ces créations.

                      Et puis, vous savez, Bradbury précise bien que le retrait de toute littérature est d’abord le fait des gens, qui petit à petit se sont tournés vers la médiocrité et ont tourné le dos à la réflexion. L’Etat n’a fait que “sauté sur l’occasion” et en a profité pour éliminer définitivement tout esprit critique.

                      Internet ne doit pas ainsi être “divinisé”, car c’est l’usage que l’on en fait qui détermine sa nature. Pensons déjà par nous-même, ce sera déjà un grand pas.


                      Sur ces réflexions quelques peu philosophiques, je vous laisse et vous souhaite une bonne soirée.

                      Amitiés, Professeur Tournesol

                      #146459
                      AAndré.77
                      Participant

                        Bonjour Professeur Tournesol,

                        Comme l’on dit en latin : “Recte dicit” ! – (Correctement dit ou “Bien dit”). Je vous remercie pour votre courrier. Oui c’est fort juste à propos du Net, n’en faisons pas un dieu. et puis… moi aussi je m’inquiète pour l’avenir de nos “jeunes” au niveau culturel d’ici une petite dizaine d’années. [J’ai également d’autres sujets de préoccupations quelques peu philosophiques -, je n’ose dire spirituelles ou simplement intellectuelles d’un haut niveau les concernant].

                        Oui et si certains “Jeunes” abandonnaient en grande partie de leur temps dit “Libre” leur jeu vidéo, leur console, tous ces joujoux électroniques ? Leur écran de TV aussi, et pensaient qu’ils étaient des “Individus” libres. Ceci me rappelle une série culte des années 60 ; “Le Prisonnier” de et avec Patrick McGoohan, celui-ci clamait alors : ” … NON je ne suis pas un numéro, je ne suis pas un prisonnier, je suis un homme libre !… libre !…” – Fin de citation de cette série télévisuelle et philosophique. Oui, à l’époque on philosophait à la TV. Et l’on créait aussi.

                        Je ne puis ici m’en expliquer directement, le sujet est bien trop délicat.

                        Parfois je rêve à quelque nouvelle ou roman fantastique ou philosophico-fantastique dont j’en serais l’un des auteurs -, excusez de ce vilain néologisme. Le sujet : “Et si l’esprit ou l’âme de l’Inquisition du “Moyen-Âge” et de la “Renaissance” avec son cortège d’intolérance tout azimut, dont celle de la non acceptation de la différence de l’autre au moins sur le plan culturel -, c’était réincarnée dans les mentalités de certaines personnes dans notre société au niveau planétaire actuelle ?

                        Veuillez m’excuser Professeur Tournesol d’aborder ce bien vaste sujet. C’est l’une de mes préoccupations depuis bien des années, ne serait-ce qu’au niveau de la Culture Générale de nos “Jeunes”. Le pire, c’est qu’ils n’en sont pas du tout responsables et certes pas coupables […].

                        Je préfère clore ainsi mon courrier.

                        Avec toutes mes Amitiés les + sincères, à bientôt.

                        André.77

                        #146468
                        Prof. TournesolProf. Tournesol
                        Participant

                          Merci à vous de nous faire partager vos sentiments philosophiques, vous nous permettez ainsi d’élargir notre horizon…

                          Bonne soirée, Professeur Tournesol (philosophe à sa manière)

                          #146527
                          MMusardeur
                          Participant

                            Vos développements sont très inéressants.. par contre, je ne partage pas votre pessimisme au sujet des jeux vidéos. Chaque époque a ses modes, ses divertissements.. le livre a les siens. Il y a eu et il y a encore des drogués du livre, du feuilleton, les romans à l’eau de rose, les polars, etc.. chaque genre cache des inassouvis qui ne cessent de puiser dans leur “tonneau des Danaïdes”.
                            Et pui, le jeu reste malgré tout, une activité formatrice quelque soit sa forme, et même sa violence.. on peut la craindre, la redouter, mais surtout ne pas la négliger.. N’oubliez pas “les jeux du cirque”, les “tournois de chevalerie” souvent pour de l’argent d’ailleurs et le sport d’aujourd’hui.. Le livre apporte lui aussi sa part de rêve parce que .. les hommes en ont besoin..
                            amicalement. Hervé

                            #146528
                            MMusardeur
                            Participant
                            • Cinquième épisode




                            • PAGES BRULANTES




                                25.




                              Le livre était sur le bureau, dans sa pche de papier. Il gisait en plein milieu, sur le sous-main, de travers, comme un produit de la chasse, jeté sur une table de cuisine. Malgré son inertie, son emballage, il se faisait provocateur, arrogant, insistant. Pépin, entrant dans la pièce, après avoir déjeuné. La vision du livre le gifla et acheva de le réveiller. Habituellement, comme il l’avait décidé dans son organisation hebdomadaire de ses travaux, avait réservé le dimanche, à une action sociale auquel il attribuait une grande valeur morale. Il était « donneur de voix ». il estimait que c’était une grande mission. Il s’agissait de transmettre le savoir. Le livre était à ses yeux, le véhicule suprême de la connaissance, de la science, de la découverte du monde, de l’histoire du passé, de la civilisation, de toutes choses nobles qui élève l’esprit par l’éducation. Mais, ce livre-là, il l’avait complètement oublié.
                              Le professeur Trognon s’approcha du bureau, attrapa la poche, l’ouvrit et en tira le bouquin. Il était broché avec une couverture coloré, arborant un titre qui le surprit :




                              FAHRENHEIT 451
                              Par
                              Ray BRADBURY






                              Comme c’était curieux. Un ouvrage de science ? se disait-il. Sans le laisser réfléchir, le hasard lui aurait lancé un volume traitant des échanges thermiques, ou sur les conséquences physiques des hautes températures.. mais en page de titre, il vit sous le titre, le mot « Roman ». Etrange litre pour un roman. Décidément, que de surprises. Il se décida à s’installer confortablement dans son fauteuil, près de la fenêtre. Il se mit à lire, sans s’arrêter, du début à la fin. Captivé, il avala page après page sans se relever. Quand il eut fini, il resta songeur, le livre sur les genoux.

                              #146529
                              MMusardeur
                              Participant

                                  26.




                                Ce n’était pas vraiment de la science-fiction, mais plutôt de la politique-fiction. Cela racontait les tribulations d’un pompier dans une société, qui interdisait le livre. Les pompiers avaient pour mission justement l’élimination de tous les ouvrages et de leurs propriétaires. Les médias (télévisés en tête) jetaient d’une propagande de consommation et une communication d’un style proche du réel qu’on appelle aujourd’hui « télé-réalité » ou « reality-show », utilisant une technique de direct, avec des mises en scène, préparées et mensongères s’il le faut. Le titre du livre était en rapport avec niveau thermique qui déclenche la combustion spontanée du papier en présence de l’air.
                                « C’est tout un symbole. » pensa le professeur, « un livre qui parle de la destruction des livres ! »

                                Il était enthousiaste, surexcité. Il démarra son ordinateur portable, qui se mit à ronronner, qui bipa. L’écran s’alluma. Le système d’exploitation lança sa musique de générique tel un héraut ouvrant un tournoi de chevalerie. Pépin cliqua sur son navigateur « Vapartout » et rejoint le site de lecture audio auquel il était affilié. Il contacta alors ses amis et leur proposa de présenter ce livre comme étandard ou comme symbole du site. La proposition étonna Valentin qui traouvait bizarre de faire d’un seul livre, la représentation de tous les autres. Surtout que ce livre n’était pas dans le domaine public.
                                Le professeur Trognon était désappointé. Sa déception était à la hauteur de son espérance soudaine. Il ne se reconnaissait plus vraiment. Lui si mesuré d’ordinaire, s’enflammait. Cet ouvrage l’avait pris aux tripes et exprimait exactement l’importance qu’il donnait aux livres.
                                Son cerveau bouillait à 232,78 °Celsius ! il eut alors une idée fumante !

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