L’homme qui marche
Toute ma vie je veux être
Cet être qui marche
Qui marche pour être
À l’avant de lui-même
Et toujours progressant
Les yeux sur l’horizon
Vers un ailleurs sans but
Peu importe où il va
L’important est d’aller
De balancer ses bras
De soulever ses pieds
Ses pauvres pieds meurtris
Extirpés de la glaise
D’échapper à la mort
D’échapper à la nuit
De s’évader debout
Des lois et des camps concentrationnaires
Qu’on nous impose ou bien
Qu’on s’impose à soi-même
Dédaignant les banquets
Les prestidigitateurs et les artificiers
Il va
Éclaircissant les taillis
Assurant des passages
Ne faisant halte aux clairières
Que pour reprendre haleine
Et se remet à marcher
Fragile balancier
Aux mains de timbalier
Juché sur les deux branches
D’un compas d’astronome
Gracile Atlas portant le monde
Dans sa tête obstinée de forgeron
Toujours avançant sa frêle silhouette
Modelée au pouce par l‘âme de l’artiste
Vers des terres inconnues porteuses de tempêtes
À la force résolue de ses châteaux intérieurs
© Alain DEGANDT – Tous droits réservés