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- 30 novembre 2008 à 17h57 #14239630 novembre 2008 à 17h57 #148292
Rutebeuf – La Complainte
Que sont mes amis devenus
Que j'avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L'amour est morte
Ce sont amis que vent me porte
Et il ventait devant ma porte
Les emportaAvec le temps qu'arbre défeuille
Quand il ne reste en branche feuille
Qui n'aille à terre
Avec pauvreté qui m'atterre
Qui de partout me fait la guerre
Au temps d'hiver
Ne convient pas que vous raconte
Comment je me suis mis à honte
En quelle manièreQue sont mes amis devenus
Que j'avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L'amour est morte
Le mal ne sait pas seul venir
Tout ce qui m'était à venir
M'est advenuPauvre sens et pauvre mémoire
M'a Dieu donné, le roi de gloire
Et pauvre rente
Et droit au cul quand bise vente
Le vent me vient, le vent m'évente
L'amour est morte
Ce sont amis que vent emporte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta
30 novembre 2008 à 17h59 #148293Charles d’Orléans – Fermez-lui l'huis au visage
Fermez-lui l’huis au visage
Mon cœur, à Mélancolie
Gardez qu’elle n’entre mie
Pour gâter notre ménageComme le chien plein de rage
Chassez-la, je vous en prie
Fermez-lui l’huis au visage
Mon cœur, à MélancolieC’est trop plus notre avantage
D’être sans sa compagnie
Car toujours nous tance, et crie,
Et nous porte grand dommage.
Fermez-lui l’huis au visage.30 novembre 2008 à 18h02 #148294Théophile Gautier – Noël (Recueil : Émaux et camées)
Le ciel est noir, la terre est blanche ;
— Cloches, carillonnez gaîment ! —
Jésus est né ; — la Vierge penche
Sur lui son visage charmant.Pas de courtines festonnées
Pour préserver l’enfant du froid ;
Rien que les toiles d’araignées
Qui pendent des poutres du toit.Il tremble sur la paille fraîche,
Ce cher petit enfant Jésus,
Et pour l’échauffer dans sa crèche
L’âne et le bœuf soufflent dessus.La neige au chaume coud ses franges,
Mais sur le toit s’ouvre le ciel,
Et, tout en blanc, le chœur des anges
Chante aux bergers: « Noël! Noël! »30 novembre 2008 à 18h05 #148295François Coppée – Menuet
Marquise, vous souvenez-vous
Du menuet que nous dansâmes ?
Il était discret, noble et doux,
Comme l'accord de nos deux âmes.Aux bocages le chalumeau
À ces notes pures et lentes ;
C'était un air du grand Rameau,
Un vieil air des Indes galantes.Triomphante, vous surpreniez
Tous les coeurs et tous les hommages,
Dans votre robe à grands paniers,
Dans votre robe à grands ramages.Vous leviez, de vos doigts gantés,
Et selon la cadence douce,
Votre jupe des deux côtés
Prise entre l'index et le pouce.Plus d'une belle, à Trianon,
Enviait, parmi vos émules,
Le manège exquis et mignon
De vos deux petits pieds à mules ;Et, distraite par le bonheur
De leur causer cette souffrance,
À la reprise en la mineur
Vous manquâtes la révérence.30 novembre 2008 à 18h08 #148296Pierre Louÿs – La Pluie (Recueil : Les Chansons de Bilitis)
La pluie fine a mouillé toutes choses, très doucement, et en
silence. Il pleut encore un peu. Je vais sortir sous les arbres.
Pieds nus, pour ne pas tacher mes chaussures.La pluie au printemps est délicieuse. Les branches chargées
de fleurs mouillées ont un parfum qui m'étourdit. On voit briller
au soleil la peau délicate des écorces.Hélas ! que de fleurs sur la terre ! Ayez pitié des fleurs
tombées. Il ne faut pas les balayer et les mêler dans la boue ;
mais les conserver aux abeilles.Les scarabées et les limaces traversent le chemin entre les
flaques d'eau ; je ne veux pas marcher sur eux, ni effrayer ce
lézard doré qui s'étire et cligne des paupières. - AuteurMessages
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