BAUDELAIRE, Charles – Les Fleurs du Mal (Compilation)

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15 sujets de 1 à 15 (sur un total de 34)
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  • #146089
    VictoriaVictoria
    Participant

      BAUDELAIRE, Charles – Les Fleurs du Mal (Compilation)

      À CELLE QUI EST TROP GAIE




      Ta tête, ton geste, ton air
      Sont beaux comme un beau paysage ;
      Le rire joue en ton visage
      Comme un vent frais dans un ciel clair.


      Le passant chagrin que tu frôles
      Est ébloui par la santé
      Qui jaillit comme une clarté
      De tes bras et de tes épaules.



      Les retentissantes couleurs
      Dont tu parsèmes tes toilettes
      Jettent dans l’esprit des poètes
      L’image d’un ballet de fleurs.


      Ces robes folles sont l’emblème
      De ton esprit bariolé ;
      Folle dont je suis affolé,
      Je te hais autant que je t’aime !


      Quelquefois dans un beau jardin,
      Où je traînais mon atonie,
      J’ai senti comme une ironie
      Le soleil déchirer mon sein ;


      Et le printemps et la verdure
      Ont tant humilié mon cœur
      Que j’ai puni sur une fleur
      L’insolence de la nature.


      Ainsi, je voudrais, une nuit,
      Quand l’heure des voluptés sonne,
      Vers les trésors de ta personne
      Comme un lâche ramper sans bruit,


      Pour châtier ta chair joyeuse,
      Pour meurtrir ton sein pardonné,
      Et faire à ton flanc étonné
      Une blessure large et creuse,



      Et, vertigineuse douceur !
      A travers ces lèvres nouvelles,
      Plus éclatantes et plus belles,
      T’infuser mon venin, ma sœur !

      #146090
      VictoriaVictoria
      Participant

        A UNE MALABARAISE



        Tes pieds sont aussi fins que tes mains, et la hanche
        Est large à faire envie à la plus belle blanche ;
        A l’artiste pensif ton corps est doux et cher ;
        Tes grands yeux de velours sont plus noirs que ta chair.
        Aux pays chauds et bleus où ton Dieu t’a fait naître,
        Ta tâche est d’allumer la pipe de ton maître,
        De pourvoir les flacons d’eaux fraîches et d’odeurs,
        De chasser loin du lit les moustiques rôdeurs,
        Et, dès que le matin fait chanter les platanes,
        D’acheter au bazar ananas et bananes.
        Tout le jour, où tu veux, tu mènes tes pieds nus,
        Et fredonnes tout bas de vieux airs inconnus ;
        Et quand descend le soir au manteau d’écarlate,
        Tu poses doucement ton corps sur une natte,
        Où tes rêves flottants sont pleins de colibris,
        Et toujours, comme toi, gracieux et fleuris.
        Pourquoi, l’heureuse enfant, veux-tu voir notre France,
        Ce pays trop peuplé que fauche la souffrance,
        Et, confiant ta vie aux bras forts des marins,
        Faire de grands adieux à tes chers tamarins ?
        Toi, vêtue à moitié de mousselines frêles,
        Frissonnante là-bas sous la neige et les grêles,
        Comme tu pleurerais tes loisirs doux et francs,
        Si, le corset brutal emprisonnant tes flancs,
        Il te fallait glaner ton souper dans nos fanges
        Et vendre le parfum de tes charmes étranges,
        L’oeil pensif, et suivant, dans nos sales brouillards,
        Des cocotiers absents les fantômes épars !

        #146091
        VictoriaVictoria
        Participant

          A UNE PASSANTE

          La rue assourdissante autour de moi hurlait.
          Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
          Une femme passa, d’une main fastueuse
          Soulevant, balançant le feston et l’ourlet ;

          Agile et noble, avec sa jambe de statue.
          Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
          Dans son œil, ciel livide où germe l’ouragan,
          La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.

          Un éclair… Puis la nuit ! – Fugitive beauté
          Dont le regard m’a fait soudainement renaître,
          Ne te verrai-je plus que dans l’éternité ?

          Ailleurs, bien loin d’ici ! Trop tar ! Jamais peut- être !
          Car j’ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
          Ô toi que j’eusse aimée, ô toi qui le savais !

          #146092
          VictoriaVictoria
          Participant

            CHANSON D’APRES-MIDI



            Quoique tes sourcils méchants
            Te donnent un air étrange
            Qui n’est pas celui d’un ange,
            Sorcière aux yeux alléchants,

            Je t’adore, ô ma frivole,
            Ma terrible passion !
            Avec la dévotion
            Du prêtre pour son idole.

            Le désert et la forêt
            Embaument tes tresses rudes,
            Ta tête a les attitudes
            De l’énigme et du secret.

            Sur ta chair le parfum rôde
            Comme autour d’un encensoir ;
            Tu charmes comme le soir,
            Nymphe ténébreuse et chaude.

            Ah ! Les philtres les plus forts
            Ne valent pas ta paresse,
            Et tu connais la caresse
            Qui fait revivre les morts !

            Tes hanches sont amoureuses
            De ton dos et de tes seins,
            Et tu ravis les coussins
            Par tes poses langoureuses.

            Quelquefois, pour apaiser
            Ta rage mystérieuse,
            Tu prodigues, sérieuse,
            La morsure et le baiser ;

            Tu me déchires, ma brune,
            Avec un rire moqueur,
            Et puis tu mets sur mon cœur
            Ton œil doux comme la lune.

            Sous tes souliers de satin,
            Sous tes charmants pieds de soie,
            Moi, je mets ma grande joie,
            Mon génie et mon destin,

            Mon âme par toi guérie,
            Par toi, lumière et couleur !
            Explosion de chaleur
            Dans ma noire Sibérie !

            #146093
            VictoriaVictoria
            Participant

              CHANT D’AUTOMNE



              I

              Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres ;
              Adieu, vive clarté de nos étés trop courts !
              J’entends déjà tomber avec des chocs funèbres
              Le bois retentissant sur le pavé des cours.

              Tout l’hiver va rentrer dans mon être : colère,
              Haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé,
              Et, comme le soleil dans son enfer polaire,
              Mon cœur ne sera plus qu’un bloc rouge et glacé.

              J’écoute en frémissant chaque bûche qui tombe ;
              L’échafaud qu’on bâtit n’a pas d’écho plus sourd.
              Mon esprit est pareil à la tour qui succombe
              Sous les coups du bélier infatigable et lourd.

              Il me semble, bercé par ce choc monotone,
              Qu’on cloue en grande hâte un cercueil quelque part.
              Pour qui ? – c’était hier l’été ; voici l’automne !
              Ce bruit mystérieux sonne comme un départ.

              II

              J’aime de vos longs yeux la lumière verdâtre,
              Douce beauté, mais tout aujourd’hui m’est amer,
              Et rien, ni votre amour, ni le boudoir, ni l’âtre,
              Ne me vaut le soleil rayonnant sur la mer.

              Et pourtant aimez-moi, tendre cœur ! Soyez mère
              Même pour un ingrat, même pour un méchant ;
              Amante ou sœur, soyez la douceur éphémère
              D’un glorieux automne ou d’un soleil couchant.

              Courte tâche ! La tombe attend ; elle est avide !
              Ah ! Laissez-moi, mon front posé sur vos genoux,
              Goûter, en regrettant l’été blanc et torride,
              De l’arrière-saison le rayon jaune et doux !

              #146094
              VictoriaVictoria
              Participant

                CIEL BROUILLÉ

                On dirait ton regard d’une vapeur couvert ;
                Ton œil mystérieux, — est-il bleu, gris ou vert ? —
                Alternativement tendre, doux et cruel,
                Réfléchit l’indolence et la pâleur du ciel.


                Tu rappelles ces jours blancs, tièdes et voilés,
                Qui font se fondre en pleurs les cœurs ensorcelés,
                Quand, agités d’un mal inconnu qui les tord,
                Les nerfs trop éveillés raillent l’esprit qui dort.



                Tu ressembles parfois à ces beaux horizons
                Qu’allument les soleils des brumeuses saisons ;
                — Comme tu resplendis, paysage mouillé
                Qu’enflamment les rayons tombant d’un ciel brouillé !


                O femme dangereuse ! ô séduisants climats !
                Adorerai-je aussi ta neige et vos frimas,
                Et saurai-je tirer de l’implacable hiver
                Des plaisirs plus aigus que la glace et le fer ?

                #146095
                VictoriaVictoria
                Participant

                  CORRESPONDANCES



                  La Nature est un temple où de vivants piliers
                  Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
                  L’homme y passe à travers des forêts de symboles
                  Qui l’observent avec des regards familiers.


                  Comme de longs échos qui de loin se confondent,
                  Dans une ténébreuse et profonde unité,
                  Vaste comme la nuit et comme la clarté,
                  Les parfums, les couleurs et. les sons se répondent.



                  Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants,
                  Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
                  — Et d’autres, corrompus, riches et triomphants,


                  Ayant l’expansion des choses infinies,
                  Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens,
                  Qui chantent les transports de l’esprit et des sens.

                  #146096
                  VictoriaVictoria
                  Participant

                    ÉLÉVATION



                    Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
                    Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
                    Par-delà le soleil, par-delà les éthers,
                    Par-delà les confins des sphères étoilées,


                    Mon esprit, tu te meus avec agilité,
                    Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l’onde,
                    Tu sillonnes gaîment l’immensité profonde
                    Avec une indicible et mâle volupté.



                    Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ;
                    Va te purifier dans l’air supérieur,
                    Et bois, comme une pure et divine liqueur,
                    Le feu clair qui remplit les espaces limpides.


                    Derrière les ennuis et les sombres chagrins
                    Qui chargent de leur poids l’existence brumeuse,
                    Heureux celui qui peut d’une aile vigoureuse
                    S’élancer vers les champs lumineux et sereins ;


                    Celui dont les pensers, comme des alouettes,
                    Vers les cieux le matin prennent un libre essor,
                    — Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
                    Le langage des fleurs et des choses muettes !

                    #146097
                    VictoriaVictoria
                    Participant

                      HARMONIE DU SOIR



                      Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
                      Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir ;
                      Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir,
                      — Valse mélancolique et langoureux vertige ! —


                      Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir ;
                      Le violon frémit comme un cœur qu’on afflige ;
                      — Valse mélancolique et langoureux vertige ! —
                      Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.



                      Le violon frémit comme un cœur qu’on afflige,
                      Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir !
                      — Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir ;
                      Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige.


                      Un cœur tendre qui hait le néant vaste et noir
                      Du passé lumineux recueille tout vestige ;
                      — Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige ;
                      Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir !

                      #146098
                      VictoriaVictoria
                      Participant

                        L’INVITATION AU VOYAGE




                        Mon enfant, ma sœur,
                        Songe à la douceur
                        D’aller là-bas vivre ensemble ;
                        — Aimer à loisir,
                        Aimer et mourir
                        Au pays qui te ressemble !
                        Les soleils mouillés
                        De ces ciels brouillés
                        Pour mon esprit ont les charmes
                        Si mystérieux
                        De tes traîtres yeux,
                        Brillant à travers leurs larmes.

                        Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
                        Luxe, calme et volupté.

                        Des meubles luisants,
                        Polis par les ans,
                        Décoreraient notre chambre ;
                        Les plus rares fleurs
                        Mêlant leurs odeurs
                        Aux vagues senteurs de l’ambre,
                        Les riches plafonds,
                        Les miroirs profonds,
                        La splendeur orientale,
                        Tout y parlerait
                        A l’âme en secret
                        Sa douce langue natale.

                        Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
                        Luxe, calme et volupté.

                        Vois sur ces canaux
                        Dormir ces vaisseaux
                        Dont l’humeur est vagabonde ;
                        C’est pour assouvir
                        Ton moindre désir
                        Qu’ils viennent du bout du monde.
                        — Les soleils couchants
                        Revêtent les champs,
                        Les canaux, la ville entière,
                        D’hyacinthe et d’or ;

                        — Le monde s’endort
                        Dans une chaude lumière.

                        Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
                        Luxe, calme et volupté.

                        #146099
                        VictoriaVictoria
                        Participant

                          L’ALBATROS



                          Souvent pour s’amuser, les hommes d’équipage
                          Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
                          Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
                          Le navire glissant sur les gouffres amers.

                          À peine les ont-ils déposés sur les planches,
                          Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
                          Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
                          Comme des avirons traîner à côté d’eux.

                          Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule!
                          Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid!
                          L’un agace son bec avec un brûle-gueule,
                          L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait!

                          Le poète est semblable au prince des nuées
                          Qui hante la tempête et se rit de l’archer;
                          Exilé sur le sol au milieu des huées,
                          Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.

                          #146100
                          VictoriaVictoria
                          Participant

                            L’HOMME ET LA MER



                            Homme libre, toujours tu chériras la mer !
                            La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
                            Dans le déroulement infini de sa lame,
                            Et ton esprit n’est pas un gouffre moins amer.

                            Tu te plais à plonger au sein de ton image ;
                            Tu l’embrasses des yeux et des bras, et ton cœur
                            Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
                            Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.

                            Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :
                            Homme, nul n’a sondé le fond de tes abîmes,
                            Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
                            Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !

                            Et cependant voilà des siècles innombrables
                            Que vous vous combattez sans pitié ni remord,
                            Tellement vous aimez le carnage et la mort,
                            Ô lutteurs éternels, ô frères implacables !

                            #146101
                            VictoriaVictoria
                            Participant

                              LA BEAUTÉ




                              Je suis belle, ô mortels, comme un rêve de pierre,
                              Et mon sein, où chacun s’est meurtri tour à tour,
                              Est fait pour inspirer au poète un amour
                              Éternel et muet ainsi que la matière.


                              Je trône dans l’azur comme un sphinx incompris ;
                              J’unis un cœur de neige à la blancheur des cygnes ;
                              Je hais le mouvement qui déplace les lignes,
                              Et jamais je ne pleure et jamais je ne ris.



                              Les poètes devant mes grandes attitudes,
                              Qu’on dirait que j’emprunte aux plus fiers monuments,
                              Consumeront leurs jours en d’austères études ;


                              Car j’ai pour fasciner ces dociles amants
                              De purs miroirs qui font les étoiles plus belles :
                              Mes yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles !

                              #146102
                              VictoriaVictoria
                              Participant

                                LA CHEVELURE



                                Ô toison, moutonnant jusque sur l’encolure !
                                Ô boucles ! Ô parfum chargé de nonchaloir !
                                Extase ! Pour peupler ce soir l’alcôve obscure
                                Des souvenirs dormants dans cette chevelure,
                                Je la veux agiter dans l’air comme un mouchoir !

                                La langoureuse Asie et la brûlante Afrique,
                                Tout un monde lointain, absent, presque défunt,
                                Vit dans tes profondeurs, forêt aromatique !
                                Comme d’autres esprits voguent sur la musique,
                                Le mien, ô mon amour ! Nage sur ton parfum.

                                J’irai là-bas où l’arbre et l’homme, pleins de sève,
                                Se pâment longuement sous l’ardeur des climats ;
                                Fortes tresses, soyez la houle qui m’enlève !
                                Tu contiens, mer d’ébène, un éblouissant rêve
                                De voiles, de rameurs, de flammes et de mâts :

                                Un port retentissant où mon âme peut boire
                                À grands flots le parfum, le son et la couleur ;
                                Où les vaisseaux, glissant dans l’or et dans la moire,
                                Ouvrent leurs vastes bras pour embrasser la gloire
                                D’un ciel pur où frémit l’éternelle chaleur.

                                Je plongerai ma tête amoureuse d’ivresse
                                Dans ce noir océan où l’autre est enfermé ;
                                Et mon esprit subtil que le roulis caresse
                                Saura vous retrouver, ô féconde paresse !
                                Infinis bercements du loisir embaumé !

                                Cheveux bleus, pavillon de ténèbres tendues,
                                Vous me rendez l’azur du ciel immense et rond ;
                                Sur les bords duvetés de vos mèches tordues
                                Je m’enivre ardemment des senteurs confondues
                                De l’huile de coco, du musc et du goudron.

                                Longtemps ! Toujours ! Ma main dans ta crinière lourde
                                Sèmera le rubis, la perle et le saphir,
                                Afin qu’à mon désir tu ne sois jamais sourde !
                                N’es-tu pas l’oasis où je rêve, et la gourde
                                Où je hume à longs traits le vin du souvenir ?

                                #146103
                                VictoriaVictoria
                                Participant

                                  LA CLÔCHE FÊLÉE



                                  Il est amer et doux, pendant les nuits d’hiver,
                                  D’écouter près du feu qui palpite et qui fume
                                  Les souvenirs lointains lentement s’élever
                                  Au bruit des carillons qui chantent dans la brume,


                                  Bienheureuse la cloche au gosier vigoureux
                                  Qui, malgré sa vieillesse, alerte et bien portante,
                                  Jette fidèlement son cri religieux,
                                  Ainsi qu’un vieux soldat qui veille sous la tente !



                                  Moi, mon âme est fêlée, et lorsqu’en ses ennuis
                                  Elle veut de ses chants peupler l’air froid des nuits,
                                  Il arrive souvent que sa voix affaiblie


                                  Semble le râle épais d’un blessé qu’on oublie
                                  Au bord d’un lac de sang, sous un grand tas de morts,
                                  Et qui meurt, sans bouger, dans d’immenses efforts.

                                15 sujets de 1 à 15 (sur un total de 34)
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