ANONYME – CONTES DE NASREDDINE, LE FOU-SAGE

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      PommePomme
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        ANONYME – CONTES DE NASREDDINE, LE FOU-SAGE

        Une question
        Un jour, un voisin demanda à Nasreddine pourquoi, quand on lui posait une question, il répondait toujours par une question :
        -C’est vrai ?

        La question difficile
        Un jour, Nasreddine pénétra dans le jardin de son voisin et se mit à ramasser des légumes, qu’il mettait dans son panier.
        Le voisin surgit et cria : Que fais-tu là dans mon potager?
        -Ah ! répondit Nasreddine, tu ne vas pas me croire ! Je marchais bien tranquille dans la rue, quand un vent violent s’est levé et m’a soulevé et transporté jusqu’à ton jardin. Je me suis accroché à ce que j’ai pu : des carottes, des choux, des navets…
        -Mais enfin, coupa le voisin, comment alors peux-tu expliquer que les carottes, les choux et les navets soient bien rangés dans ton panier ???
        -Eh bien ! vois-tu, mon ami, répondit Nasreddine, c’est justement la question que je me posais quand tu es arrivé !

        Marche !
        Un jour, Nasreddine se reposait au bord de la route quand un voyageur s’arrêta près de lui et lui demanda :
        -Combien de temps faut-il pour arriver à la ville ?
        -Marche ! lui répondit Nasreddine.
        -Je te demande combien de temps il faut pour arriver à la ville, recommença le voyageur.
        -Marche, te dis-je.
        Le voyageur pensa que l’homme était sourd et renouvela sa question plus fort.
        -Marche donc ! le coupa Nasreddine.
        L’homme alors s’en alla, mécontent et marmonnant des insultes. Et dès qu’il eut fait quelques pas, Nasreddine lui dit :
        -Si tu marches à cette allure, tu en as pour deux heures avant d’atteindre la ville.

        Le fils de Nasreddine
        Le fils de Nasreddine, adolescent, ne se croyait pas beau, et refusait de sortir de chez lui, de crainte qu’on ne se moque de lui.
        Son père lui serinait qu’il ne faut pas écouter ce que les gens disent, parce qu’ils critiquent à tort et à travers. Mais le fils s’obstinait à rester à la maison.
        Alors, Nasreddine lui dit un jour :
        -Mon fils, demain tu viendras avec moi au marché !
        Le lendemain, en effet, de très bonne heure, Nasreddine monta sur le dos de son âne, et, son fils marchant à ses côtés, ils partirent au marché. En arrivant vers la place, ils passèrent devant un groupe d’hommes assis, en train de bavarder, et l’un d’eux s’esclaffa :
        -Regardez-moi cet homme ! Il va bien tranquillement assis sur son âne et laisse marcher son jeune fils. Il pourrait pourtant lui laisser sa place, il a dû bien en profiter déjà de son âne !
        Nasreddine chuchota à son fils:
        -As-tu bien entendu ? Demain nous reviendrons !
        Le lendemain matin, ils repartirent au marché, mais cette fois le fils monta sur l’âne tandis que le père marchait à côté. Ils passent devant le même groupe d’hommes et l’un s’écrie :
        -Regardez-moi cet enfant ! bien tranquille sur l’âne alors que son vieux père marche à pied ! Quelle éducation, vraiment !
        Nasreddine chuchota à son fils:
        -As-tu bien entendu ? Demain nous reviendrons !
        Le lendemain matin ils retournèrent au marché, le père et le fils tous les deux à pied, tirant l’âne par sa bride. Ils repassèrent devant les hommes qui se moquèrent d’eux :
        -Ah ! Regardez un peu ces deux idiots ! Ils ont un âne et n’en profitent même pas ! Ils ne savent peut-être pas qu’un âne est fait pour porter les hommes ! Ah ! Ah !
        Nasreddine chuchota à son fils :
        -As-tu bien entendu ? Demain nous reviendrons !
        Le lendemain ils retournèrent au marché ! Cette fois, le père et le fils étaient assis sur le dos de l’âne. Ils passent à nouveau devant le groupe d’hommes qui cette fois s’indigna :
        -Mais c’est une honte d’épuiser ainsi un pauvre âne ! Ils n’ont donc aucune pitié pour cette pauvre bête !
        Nasreddine chuchota à son fils :
        -As-tu bien entendu ? Demain nous reviendrons !
        Le lendemain ils repartirent au marché, le père et le fils portaient l’âne sur leurs épaules.
        -Ah ! Ah ! S’esclaffèrent les hommes. Regardez ces deux fous ! Ils sont bons à enfermer ces deux-là !
        Nasreddine chuchota à son fils :
        -As-tu bien entendu ? Quoi que tu fasses dans la vie, il y a toujours des personnes qui te critiqueront. Mon fils, tu ne dois pas écouter ce que les gens disent.

        Ni, ni
        Nasreddine était tailleur. Un jour, un homme entra dans sa boutique et lui dit :
        -Nasreddine, je veux que tu me tailles une djellaba, mais je ne la veux ni blanche, ni noire, ni rouge, ni bleue, ni jaune, ni verte, ni…
        -D’accord, j’ai compris, le coupa Nasreddine.
        -Quand pourrai-je venir la chercher, lui demanda le client.
        -Quand tu voudras, mais… ni lundi, ni mardi, ni mercredi, ni jeudi, ni vendredi, ni samedi, ni dimanche, bien sûr !

        Les larmes
        Un jour, le plus riche marchand de Bagdad venait de mourir, et on le conduisait au cimetière. Un long et silencieux cortège suivait le mort, chacun étant concentré sur la part de l’héritage qui lui revenait.
        Nasreddine, sur le bord de la route pleurait à chaudes larmes. Un homme s’approcha de lui et lui demanda :
        -Le défunt devait être un bien proche parent à toi ?
        -Justement, non ! répondit Nasreddine.

        Le nuage
        Un jour, Nasreddine creusait des trous en plein désert ! Un marchand qui passait par là s’étonna et lui demanda ce qu’il cherchait.
        -Je cherche des pièces de monnaie que j’ai enterrées, il y a quelque temps.
        -Mais, reprit le marchand de plus en plus étonné, tu aurais dû prendre un repère, un rocher, un arbre, qui t’aurait permis de retrouver l’endroit de ta cachette !
        -Je l’ai fait, dit Nasreddine.
        -Vraiment ? Et quel est donc ton repère ? Je ne vois que du sable ici.
        Et Nasreddine répondit :
        -L’ombre d’un nuage.

        La vie
        Nasreddine était passeur sur le fleuve : avec sa petite barque il faisait traverser d’une rive à l’autre les voyageurs, les marchands, pour quelques petites pièces de monnaie.
        Un jour, un grand savant, chargé de livres, embarqua. Nasreddine l’accueillit et se mit à lui parler de choses et d’autres, tout en ramant. Le savant se rendit compte que Nasreddine ne s’exprimait pas très correctement :
        -Toi, mon ami, tu n’as pas dû aller à l’école bien longtemps, lui dit-il.
        -Non, répondit Nasreddine, un peu honteux.
        -Eh bien ! sache, mon ami, que tu as perdu la moitié de ta vie !
        Vexé, Nasreddine rama sans plus dire un mot.
        Arrivé au milieu du fleuve, des vagues secouèrent la barque qui chavira ! Les deux hommes se retrouvèrent dans l’eau, un peu éloignés l’un de l’autre. Nasreddine cria :
        -Est-ce que tu as appris à nager, maître ?
        -Non !!!!!!!!!!! répondit le pauvre homme qui se débattait dans l’eau.
        -Alors, mon ami, lui dit Nasreddine, tu as perdu ta vie toute entière !

        Et pourquoi pas ?
        Un jour, Nasreddine mangeait un gros et bon gâteau devant la porte de sa maison, quand un étranger passa, le salua en disant :
        -Assalamou alaykoum.
        -Et pourquoi pas ? lui répondit Nasreddine.
        -Quelle drôle de réponse, et quel drôle de personnage ! se dit l’étranger.
        -Ecoute, ajouta Nasreddine. Si je réponds à ton salut, tu vas me demander des nouvelles de ma santé, de ma femme, de mes enfants, s’ils sont gentils avec leur vieux père, etc. etc. De mon côté, je devrai te demander des nouvelles de chez toi. Et nous allons discuter, et sympathiser. Et alors viendra le moment où tu me demanderas de te donner un morceau de mon gâteau ! Et comme je ne veux pas t’en donner, je refuserai et tu me demanderas « pourquoi ? » C’est alors que je te dirai « et pourquoi pas ? » Alors, pour éviter ce long dialogue tout à fait inutile, je t’ai tout de suite dit le mot de la fin.

        Mourir
        Le roi, ayant entendu dire que souvent Nasreddine se moquait de lui, l’envoya chercher.
        -Nasreddine, lui-il, cette fois tu as dépassé les limites, je te condamne à mort.
        -Oh ! Dit Nasreddine, mon Seigneur, accorde-moi une dernière faveur.
        -Une seule, oui, répondit le roi, je te laisse le choix de ta mort.
        -Oh ! merci, mon seigneur, dit Nasreddine tout soulagé. Eh bien, je voudrais mourir de vieillesse.
        Le roi éclata de rire et laissa la vie sauve à Nasreddine.

        La lumière
        Un soir, tard dans la nuit, Nasreddine tournait en rond, au pied d’un lampadaire, penché en avant. Un voisin passa près de lui et lui demanda ce qu’il faisait ainsi.
        -J’ai perdu la clé de ma maison, dit Nasreddine.
        -Oh ! Alors je vais t’aider à la chercher.
        Au bout d’un long moment, pendant lequel ils cherchèrent minutieusement, le voisin s’étonna de ne pas retrouver la clé et dit :
        -Voyons, Nasreddine, es-tu absolument sûr de l’avoir perdue ici, ta clé ?
        -Non ! Je l’ai perdue dans l’autre rue toute noire, là-bas.
        -Mais… pourquoi la cherches-tu ici alors ???
        -Mais… parce que c’est là qu’il y a de la lumière, tiens !

        La chute de la djellaba
        La femme de Nasreddine s’endormait quand elle entendit un grand bruit dans l’escalier. Elle appela son mari et lui demanda ce qu’il se passait.
        -Ce n’est rien, va, c’est ma djellaba qui vient de tomber dans l’escalier.
        -C’est drôle quand même, tout ce bruit que j’ai entendu, s’étonna sa femme. Une djellaba ne ferait pas tout ce vacarme.
        -C’est que…, répondit Nasreddine, j’étais dedans !

        L’âne volé
        Un jour, sur la place du marché, en revenant de faire ses achats, Nasreddine ne retrouva plus son âne, là où il l’avait attaché.
        -Tiens ! se dit-il, quelqu’un m’a volé mon âne !
        Alors il courut sur une haute terrasse et se mit à crier de toute la force de sa voix :
        -Rendez-moi mon âne, sinon je ferai exactement la même chose que mon père quand on lui a volé son âne !!!!!!!!!!!
        La foule, sur le marché, entendit cette menace et se demandait bien ce qu’avait pu faire le père de Nasreddine. Et tout le monde s’interrogeait ! Ainsi, la menace arriva aux oreilles des voleurs de l’âne de Nasreddine, qui prirent peur et vinrent vite rendre l’âne :
        -Tiens, Nasreddine, ce n’était qu’une blague ! On voulait juste te faire peur ! Mais … dis-nous un peu : qu’a donc fait ton père quand on lui a volé son âne ?
        -Il en a racheté un autre, pardi !

        Les dix ânes
        Un jour, Nasreddine décida d’acheter dix ânes, pour en faire le commerce. Sur le chemin du retour, en pleine campagne déserte, il s’inquiète un peu, pensant qu’il y a peut-être des voleurs dans le coin, et se met à compter ses ânes. Mais, ne voyant pas celui sur lequel il était assis, il n’en compta que neuf.
        -Malheur ! on m’a volé un âne !
        Vite il saute à terre et se met à courir partout à la recherche de son âne. Mais au bout d’un long moment, il revient tristement rejoindre ses ânes. Et là ! Quelle surprise : les dix ânes sont là ! « Oh ! Oh ! le voleur a eu peur de moi et m’a restitué mon âne », se dit Nasreddine.
        Tout fier, il remonta sur son âne et continua sa route, suivi des neuf autres.
        Un moment plus tard, le doute et la crainte le ressaisirent, il se retourna et compta à nouveau ses bêtes : «  Neuf ! Ils sont revenus les voleurs ! Ah ! Ils doivent bien se moquer de moi ! »
        Sous l’effet d’une brusque colère, Nasreddine sauta à terre et courut, en hurlant, en tout sens. Epuisé, il revint près de ses ânes. Stupéfaction : il en compta dix ! « Eh ! Eh ! Je leur ai fait bien peur encore une fois ! Et ils m’ont rendu mon âne ! »
        Cette fois, Nasreddine ne remonta pas sur son âne, il préféra terminer sa route à pied, pensant être ainsi plus vigilant. Et il arriva chez lui. Il raconta son aventure à sa femme. Elle soupira profondément, puis elle lui dit :
        -En regardant bien, moi je compte onze ânes !

        Le chat
        Un jour, Nasreddine lavait son chat dans la rivière. Un voisin passa et lui dit :
        -Mais, voyons, Nasreddine, tu vas le tuer ton chat !
        -Bah ! La propreté n’a jamais tué personne !
        Quelques jours plus tard, le voisin s’inquiéta auprès de Nasreddine :
        -Dis-moi un peu, il y a bien longtemps que je n’ai pas vu ton chat.
        -Bien sûr, il est mort, dit Nasreddine.
        -Ah ! Tu vois, je te l’avais bien dit qu’il ne fallait pas le laver dans la rivière.
        -Imbécile ! lui répondit Nasreddine, ce n’est pas en le lavant qu’il est mort, c’est en l’essorant !

        Le chameau
        Un jour, un bédouin vint voir Nasreddine, furieux :
        -J’étais dans le désert, quand j’ai eu envie d’une petite sieste. J’ai recommandé mon chameau à Dieu et je me suis endormi. A mon réveil mon chameau avait disparu !
        -Et … pourquoi me racontes_tu ça, demanda Nasreddine.
        -Mais parce que c’est toi qui nous as dit à la mosquée d’avoir confiance en Dieu.
        -Bien sûr, mon ami ! Aie toujours confiance en Dieu. Mais aussi, n’oublie jamais d’attacher ton chameau !

        La parole de l’âne
        Un jour, un voisin de Nasreddine vint lui emprunter son âne pour aller faire ses courses.
        -Hélas, mon cher ami, je ne peux pas te prêter mon âne, il n’est pas là.
        Au moment où le voisin faisait demi-tour, il entendit braire l’âne de Nasreddine. Furieux , il cria à Nasreddine :
        -Comment peux-tu te prétendre « mon ami » alors que tu refuses de me prêter ton âne ?
        -Je te dis que mon âne n’est pas là !
        -Arrête tes mensonges ! Je l’entends, ton âne !
        -Ah, voisin, dit Nasreddine, tu me déçois. Comment peux-tu te prétendre « mon ami » puisque tu attaches plus d’importance à la parole d’un âne qu’à la mienne !

        Le parapluie
        Un jour, Nasreddine sortit de la mosquée, il pleuvait et il tenait son parapluie fermé sous son bras.
        Un marchand lui cria :
        -Eh bien ! Nasreddine, ne vois-tu pas que tu devrais ouvrir ton parapluie ?
        -A quoi bon ? répondit Nasreddine, il est tout déchiré !
        -Mais alors pourquoi l’as-tu pris ?
        -Je ne savais pas qu’il allait pleuvoir !!!

        Une tombe
        Un jour, Nasreddine et son fils allèrent soutenir une épouse éplorée dont le mari venait de mourir. La veuve pleurait fort, se lamentait :
        -Mon pauvre mari, tu vas aller maintenant dans une demeure bien étroite, sombre et humide, sans pain, sans semoule, sans air ni lumière, sans chaleur ni amour !!!
        Alors, Nasreddine chuchota très vite à l’oreille de son fils :
        -Cours vite à la maison et ferme bien la porte : c’est chez nous qu’on va apporter le mort !!!!!!!

        Entre les deux
        Un jour, Nasreddine se promenait entre le juge et le vizir, qui, soudain, lui demandèrent :
        -Franchement, Nasreddine, dis-nous une bonne fois pour toutes qui tu es : es-tu un idiot ou un escroc ?
        -Mais, je ne sais pas bien moi non plus. Mais ce que je sais très bien, c’est que, en ce moment même, je suis entre les deux !

        Un vrai imbécile
        Un jour, Nasreddine se trouvait chez le roi, assis selon la tradition, chacun à un bout du tapis. Le roi était très en colère contre Nasreddine :
        -Franchement, Nasreddine, dis-moi, qu’est-ce qui te sépare d’un vrai imbécile ?
        -Oh ! dit Nasreddine en baissant la tête, si peu de chose : tout juste l’espace d’un tapis.

        Le piment

        Nasreddine se plaignait un jour, à son voisin, de son âne vraiment trop paresseux, qui mettait un temps fou pour revenir des champs.
        -Mais voyons, lui dit son ami, frotte-lui les fesses avec du piment, tu verras comme il courra vite !
        Le lendemain, Nasreddine, après son travail aux champs, frotta les fesses de son âne avec du piment : aussitôt la bête se mit à courir à toute allure en direction de la maison. Nasreddine n’arrivait pas à le suivre ! Alors il eut l’idée de se frotter les fesses avec du piment ! Et aussitôt il partit à toute allure, rattrapa son âne, le dépassa, arriva à sa maison, y pénétra, courait en tous sens dans la maison en criant : «  arrêtez-moi ! arrêtez-moi ! »
        Mais sa femme avait beau courir, elle ne parvenait pas à rattraper son mari, et se lamentait !
        -Ignorante, cria Nasreddine, prends du piment et frotte-le sur tes fesses !

        Le rêve
        Un matin, le fils de Nasreddine courut vers son père et lui dit :
        -Si tu savais le beau rêve que j’ai fait cette nuit ! J’ai rêvé que tu me donnais dix dinars !
        -Superbe, répondit Nasreddine ! Eh bien ! Comme tu es un bon fils, tu peux les garder ces dix dinars et aller t’acheter ce que tu veux !

        La gifle
        Un jour, Nasreddine se disputa fort avec un marchand de la ville qui en arriva à gifler Nasreddine ! Celui-ci porta plainte.
        Le juge écouta attentivement les deux hommes, mais surtout il ne voulait pas se fâcher avec le riche marchand. Alors il dit au marchand :
        -Pour le prix de la plainte tu donneras un pain à Nasreddine.
        Nasreddine fit un effort pour rester calme, s’approcha du juge et lui donna une gifle.
        -Malheureux ! Que viens-tu de faire ??? cria le juge.
        -C’est que, répondit Nasreddine, je suis pressé, alors quand on apportera le pain, prenez-le vous-même.
        Et il s’en alla, assez content de lui.

        Un tour de magie
        Un jour, Nasreddine était invité à la table du roi. Le repas fut somptueux, servi dans de la vaisselle en or!
        Nasreddine mourait d’envie de voler une petite cuillère. Mais il était placé en face du roi, et ne pouvait donc prendre ce risque ! Or, il aperçut à l’autre bout de la table le vizir qui discrètement prenait une petite cuillère et la mettait dans sa poche. Alors, Nasreddine se leva, prit une petite cuillère, la mit dans sa poche, tout cela sous les yeux du roi, et dit :
        -Mon Seigneur, pour vous remercier de ce bon repas je vais vous faire un tour de magie.
        -Eh ! dit le roi en colère, ce n’est pas de la magie, c’est du vol ! Rends-moi cette petite cuillère !
        -Si ! C’est de la magie, car je vais la faire ressortir à l’autre bout de la table, de la poche du vizir !

        Une omelette

        Un jour, Nasreddine recevait son voisin à dîner et présenta sur la table une belle langue d’agneau .
        -Pouah ! Dit le voisin, je ne peux pas manger ce qui sort de la bouche d’un animal !
        -Ah bon ! Dit Nasreddine, alors je vais te faire une omelette !

        Une excuse pire que la faute
        Un jour, le sultan dit à Nasreddine :
        -On nous a toujours enseigné qu’une excuse, après la faute, fait partie de la bonne éducation. Alors, comment expliques-tu, Nasreddine, le fameux dicton : « certaines excuses sont pires que la faute » ?
        Nasreddine réfléchit un instant puis sourit, et répondit :
        -Je te donnerai ma réponse demain matin, la nuit porte conseil.
        Le lendemain, Nasreddine s’approcha vivement du sultan, lui sauta au cou et l’embrassa sur la bouche !
        -Malheureux ! Comment oses-tu, cria le sultan tout suffoqué.
        -Excuse-moi, dit Nasreddine, je t’ai confondu avec ton épouse.
        -Misérable ! Mais c’est encore bien pire ! Je vais te mettre à mort !
        -Non ! Non ! Maître, c’est uniquement pour illustrer le dicton d’hier : certaines excuses sont pires que la faute.

        Le partage

        Un jour, la femme de Nasreddine se lamentait :
        -Ce n’est plus possible la vie ici ! La moitié des gens meurent de faim alors que l’autre moitié est très riche ! Toi, Nasreddine, qui es respecté dans le village, ne peux-tu pas essayer de les convaincre de partager, tout le monde serait heureux !
        Nasreddine partit aussitôt dans le village, et ne rentra que fort tard le soir, éreinté.
        -Alors ? Questionna sa femme.
        -J’ai réussi… à convaincre les pauvres !

        Le bruit
        Un jour, Nasreddine reçut la visite d’un voyageur qui avait entendu parler de la grande sagesse de  Nasreddine.
        -Dis-moi, Nasreddine,  quand je mets un charbon brûlant dans de l’eau, on entend  « pssccchiiit » : d’où vient donc ce bruit ? Du charbon ou de l’eau ?
        Nasreddine ne réfléchit pas longtemps et envoya une belle claque sur la nuque du voyageur.
        -Comme moi tu as entendu un « clac », hein, mon ami ?  Dis-moi, ce bruit vient-il de ta nuque ou de ma main ?

        Les tigres
        Un jour, Nasreddine répandait du sel tout autour de sa maison. Un voisin passa qui lui demanda pourquoi il faisait cela.
        -C’est pour éloigner les tigres, lui répondit Nasreddine.
        -Mais… il n’y a jamais de tigre par ici !!!
        -Eh bien ! Tu vois ! C’est la preuve que ce que je fais est efficace !

        La recette
        Un jour, Nasreddine alla chez son boucher lui acheter une belle tranche de foie. En rentrant chez lui, il passe devant son ami le cuisinier. Nasreddine lui demande une recette pour accommoder sa tranche de foie. Le cuisinier accepte et la lui écrit sur une feuille de papier. Tout content, Nasreddine continue son chemin. Tout à coup, un corbeau s’approche de lui, et d’un coup de bec lui attrape sa tranche de foie et s’envole aussitôt dans le ciel.
        -Pauvre idiot, lui crie Nasreddine, tu as peut-être le foie, mais c’est moi qui ai la recette !

        Le vin
        Nasreddine possédait une grande vigne qui produisait beaucoup de beaux raisins. Un jour, l’imam de la mosquée vint le voir et lui demanda :
        -Dis-moi, Nasreddine, que fais-tu donc de tout ce raisin que tu récoltes chaque année ?
        -Mais, nous le mangeons !
        -Allons, lui dit l’imam, toi et ta famille vous ne pouvez pas manger toute ta production ! Que fais-tu de ce qui reste ?
        -Le reste ? Eh bien ! Je le mets dans des jarres, je le laisse macérer, et plus tard je le bois.
        -Voyons, Nasreddine, dit l’imam, du jus de raisin qui macère, cela s’appelle du vin !
        -Cette transformation, c’est la volonté d’Allah ! Moi, je ne peux que respecter sa volonté !

        Parole d’homme

         Un jour, au café, un homme demanda à Nasreddine son âge.
        -J’ai quarante ans, répondit Nasreddine.
        -Mais, il y a dix ans tu nous disais déjà avoir quarante ans !
        -Et alors ? ajouta Nasreddine, un homme, un vrai, n’a qu’une parole !

        Le fer à cheval
        Un jour, Nasreddine trouva par terre un fer à cheval. Tout heureux, il le montra à ses amis qui s’étonnèrent d’une telle joie pour un fer à cheval :
        -On ne te croyait pas superstitieux, Nasreddine !
        -Et qui te dit que je suis superstitieux ?
        -Tu es si heureux de ta trouvaille !
        -Ah ! Mais c’est que je me dis : comme j’ai trouvé un fer à cheval, je pourrais peut-être bien en trouver trois autres, et pourquoi pas aussi un cheval ? Et même la selle qui va avec ? Et alors, mon ami, je ne marcherai plus à pied !

        La lune et le soleil
        Un jour, un  voisin demanda à Nasreddine lequel était le plus utile, de la lune ou du soleil.
        -Mais la lune, bien sûr ! Répondit Nasreddine.
        -Vraiment ? Pourquoi ?
        -Eh bien, la lune apparaît la nuit, or c’est la nuit qu’on a le plus besoin de lumière !

        Tu as aussi changé de nom !
        Un jour, sur le marché, Nasreddine aborda un homme et lui dit :
        -Oh ! Comme tu as changé ! Tu étais brun et te voilà blond maintenant !
        -Mais… mais… bégaya l’homme, interloqué.
        -En plus, je me rappelle bien, tu étais beaucoup plus grand avant, et maintenant tu es plus petit que moi !
        -Mais … mais…
        -Et la tache que tu avais là sur la joue, incroyable ! Elle a disparu !
        -Mais… mais
        -Ah ! vraiment, Mustapha, j’ai failli ne pas te reconnaître !
        -Mais enfin, je ne m’appelle pas Mustapha !
        -Ah ? Tu as aussi changé de nom !

        La part de Dieu

        Un jour, Nasreddine discutait avec deux amis.
        -Moi, dit l’un, si je trouve des pièces d’or, je dessinerai un cercle par terre, je jetterai les pièces vers le ciel, et tout ce qui tombe dans le cercle sera pour moi, tout ce qui tombe en dehors du cercle sera la part de Dieu : je le donne aux pauvres.
        -Je ferai de même, déclare l’autre. Mais ce qui tombera à l’extérieur sera pour moi, le reste sera la part de Dieu.
        Nasreddine, qui était resté songeur, déclara enfin :
        -Moi, je ne tracerai pas de cercle, je jetterai tout vers le ciel, et Dieu se servira, je prendrai ce qu’il laissera retomber par terre.

        Le miroir
        Un jour, Nasreddine trouve sur le sol, dans la rue, un miroir, abandonné là. Il le ramasse, le regarde, constate que l’image qui se reflète est vraiment laide :
        -Je comprends qu’on t’ait jeté, tu es vraiment trop laid.

        La vieillesse
        Un jour, Nasreddine arrive vers ses amis, particulièrement content et fier de lui. Ses amis lui demandent s’il a découvert un trésor pour afficher une mine si réjouie.
        -Oh ! beaucoup mieux que cela, dit Nasreddine. Je viens de découvrir que j’ai toujours la force que j’avais à vingt ans !
        -Ouah ! Et comment as-tu découvert cela ?
        -Oh ! C’est très simple, dit Nasreddine. Vous voyez l’énorme pierre là-bas ? Eh bien ! A vingt ans je n’arrivais pas à la bouger.
        -Oui, et alors ?
        -Et alors ? Eh bien ! Tout à l’heure, j’ai essayé, je n’y suis pas arrivé, exactement comme à vingt ans !

        Vizir du pétrole
        Un jour, Nasreddine se présenta devant le roi et lui parla ainsi :
        -J’aimerais bien avoir un titre. Toi qui as les pouvoirs, fais de moi un vizir.
        -Malheureusement, mon pauvre Nasreddine, dit le roi, tous les postes sont pourvus ! Je ne vois pas quel titre je pourrais te donner.
        -Vizir du pétrole, par exemple !
        -Voyons, Nasreddine, tu sais bien qu’il n’y a pas de pétrole sur mes terres !
        -Bah ! Tu as bien un vizir de la justice !

        L’économie
        Nasreddine était devenu pauvre, et voulut faire des économies dans ses dépenses. Il décida de diminuer la nourriture de l’âne. Insensiblement, ainsi, la bête ne s’en rendrait pas compte. Et c’est ce qu’il fit, sans que l’âne ne proteste. Cette situation dura plusieurs jours, jusqu’au jour où il n’y eut plus rien dans l’écuelle. Alors l’âne s’allongea et ne se releva plus : il était mort !
        -Ah zut ! Alors ! Je n’ai pas de chance. Mon âne meurt juste maintenant qu’il s’était habitué à ne plus manger et qu’il ne me coûtait plus rien ! Je n’ai vraiment pas de chance !

        Combien je vaux
        Un jour, le roi s’était habillé avec son beau manteau tout neuf. Il se tourna vers Nasreddine et lui demanda :
        -Dis-moi, Nasreddine, combien, à ton avis, je vaux ?
         Nasreddine réfléchit, compta sur ses doigts, recompta sur ses doigts puis dit :
        -500 pièces dd’or !
        -Malheureux ! C’est le prix de ce manteau !
        -Oui, seigneur, je sais, j’ai calculé aussi le prix du manteau !

        Le Hachisch
         Quand Nasreddine était jeune, son maître lui expliqua que le hachisch avait sur l’homme les mêmes effets que l’alcool. Un jour, Nasreddine consomma du hachisch et partit au hammam. Il était en train de se laver quand il réalisa que le hachisch n’avait aucun effet sur lui et il voulut le dire à son maître : il jeta sa serviette par terre et partit tout nu dans la rue.
        -Que fais-tu dans cette tenue, lui demanda son maître ?
        -Je suis venu te dite que tu t’es trompé : le hachisch ne me fait aucun effet.

        Maintenant
        Un jour, le roi dit à Nasreddine :
        -Quand tu mourras, je donnerai le plus beau des linceuls pour ton corps.
        -Oh ! dit Nasreddine, habille-moi maintenant et enterre-moi tout nu.

        La vérité
        Un jour, avant la prière, Nasreddine monta en chair et demanda à la foule de fidèles :
        -Voulez-vous la vérité sans le doute ?
        -Ouiiiiiii répondit la foule.
        -Voulez-vous la connaissance sans peine ?
        -Ouiiiiiii !
        -Voulez-vous le progrès sans sacrifice ?
        -Ouiiiiiiiiiiiii !
        -Eh bien ! Promis ! Si je trouve la réponse, je viendrai vous la dire.

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