(N) AHIKAR – Avec Carrefour, je positive

Je vous propose un nouveau texte, qui encore une fois ne plaira sans doute pas à tout le monde. Je ne crois décidément pas être fait pour écrire des textes qui plaisent.

Avec Carrefour, je positive

Ce matin le constat était amer : près de 10 kilos de trop sur la balance. Il fallait vraiment que je commence un régime. Je sortis immédiatement une grande feuille de papier blanche, et commençai à y inscrire les denrées que j’allais acheter : carottes râpées, pommes, oranges, yaourts à 0%, Badoit,… et me jurai de ne rien acheter d’autre. Je décidai aussi d’aller faire mes courses à pied. J’habitais au Pré Saint-Gervais, et le centre commercial Babylone n’était pas tout près. Il fallait surtout que je monte la grande côte qui mène aux Lilas. Mais qu’importe, ça me fera du bien !

         Armé de toutes ces bonnes résolutions, je m’habillai assez chaudement et sortis. Je respirai profondément. Il y avait longtemps que je ne m’étais pas senti aussi bien. Je peinais un peu dans la longue côte qui menait aux Lilas : mais qu’importe, c’était pour la bonne cause !

         Arrivé enfin au centre commercial Babylone, j’allai jusqu’à mon magasin habituel : Carrefour. J’avais toujours trouvé que le rapport qualité prix était bon.

         Mais curieusement ce matin, j’avais l’impression que quelque chose n’allait pas, je ne m’y sentais plus aussi à l’aise que d’habitude. J’avais beau ouvrir grand les yeux : je ne voyais pourtant rien de changé. Il y avait toujours partout ces grands slogans en lettres capitales : « Du positif pour chaque jour » qui avaient remplacé le fameux « Avec Carrefour, je positive ! »

         Etais-je donc malade ? Etais-je donc en train de devenir fou ? Et soudain je compris : à peine franchi le portillon d’entrée, c’était le royaume de la pâtisserie qui s’ouvrait à nous : il y en avait partout, de tous les côtés, impossible de les éviter : éclairs au chocolat, opéras, mille-feuilles, meringues, tartes en tous genres et à tous les fruits. Mais où étaient donc justement les fruits et légumes ? Relégués tout au fond du magasin, dans un endroit que nous ne traversions jamais, à moins de vouloir vraiment y aller. Serait-ce donc que les fruits et légumes rendent malades : on pourrait se le demander ?

         Une violente douleur à la tête due à ma maladie, me força à m’appuyer contre un mur. Je fus pris de vertiges et ma vue se brouillait. Je fermai les yeux quelques instants. Quand je les rouvris, toutes les pancartes avec les grands slogans en lettres capitales avaient changé ; il y avait maintenant inscrit, toujours en lettres capitales : Carrefour favorise l’obésité.