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Bonjour,
C'est après avoir écouté les nombreux Arsène Lupin proposés sur Littérature audio.com que Shmuel Retbi a eu envie de faire vivre une autre aventure au gentleman cambrioleur : cette fois-ci, il menace de s'attaquer à la Joconde. Rien que ça ! Shmuel y a mis sa patte personnelle mais on y retrouve des péripéties que Maurice Leblanc n'aurait peut-être pas reniées. Enfin… à vous d'en juger.
Si le texte est accepté et que des donneurs de voix sont volontaires pour l'enregistrer, ils peuvent se proposer : je n'ai pas le monopole
Voici le lien vers le texte intégral :
Et le début du texte, pour vous mettre l'eau à la bouche :
Le Sourire énigmatique : Aventure apocryphe d'Arsène Lupin
par Shmuel Retbi
Chapitre 1 : Raoul d'Averny, Gentleman-Cambrioleur
En octobre 1929, le monde fut frappé par le terrible krach de la Bourse de New York. Sans cela, la réapparition d'Arsène Lupin après 6 ans de silence aurait sans doute été considérée comme l'événement le plus marquant de l'année. Cette étrange affaire amusa fort le public pendant tout le printemps mais tomba dans un oubli bien regrettable avec l'explosion de la grande crise.
Le printemps était précoce et Paris fleurissait déjà sous un soleil encore timide mais bien d'aplomb et bien souriant. En cette belle après-midi du 25 mars, deux hommes vêtus avec élégance profitaient du soleil printanier à la terrasse du Café des Princes, non loin de l’hippodrome. M. Pierre-Louis Gabillon, conservateur du Musée du Louvre, et son cousin Jacques Blaisy, propriétaire des écuries du même nom, avaient l’habitude de se retrouver ainsi, tous les lundis, à 5 heures, pour deviser nonchalamment sur les trois sujets qui les occupaient : les courses de chevaux, les œuvres d’art et les chroniques des faits divers.
– D'Averny est en retard, remarqua M. Gabillon.
– Sans doute encore une rocambolade à sa façon, sourit Blaisy.
– J'avoue qu'il est bien divertissant avec toutes ses histoires à dormir debout !
Raoul d'Averny était un homme d'une quarantaine d'années, aux tempes grisonnantes, à l'aspect robuste, à l'élégance un peu hautaine et au sourire toujours ironique. Après une carrière dans l’armée au cours de laquelle il avait reçu le grade de capitaine, trois blessures, la Croix de Guerre et plusieurs citations à l’ordre du jour, il avait quitté la France pour l’Orient. Il était revenu six ans plus tard, en 1926, avec une fortune que l’on disait colossale. Les mauvaises langues ajoutaient qu’elle s’était constituée au détriment de richissimes Rajahs et de Mandarins naïfs. Après avoir été chasseur de tigres au Bengale et propriétaire de mines d'or en Afrique du sud, ce grand voyageur et homme charmant avait entrepris la conquête des salons parisiens. L’été précédent, il s’était rendu célèbre dans l’affaire de la Duchesse de Krantz. La vieille douairière avait été enlevée en pleine Place de l'Opéra. Les ravisseurs réclamaient une rançon impressionnante au gouvernement allemand et la police piétinait malgré les énormes moyens dont elle disposait. Raoul D’Averny avait mené campagne avec une clairvoyance et une audace incroyables. Il avait fait évader la Duchesse à dos d’âne, sur un petit chemin forestier accroché au bord de l’abîme et permis la capture de Rudolph Werstadt et de Jurgen Blumreich. Les deux dangereux malfaiteurs avaient été remis à la justice pieds et poings liés. Par contre, on n'avait jamais retrouvé le merveilleux bracelet aux trente rubis. Les deux hommes affirmèrent qu'ils étaient prêts à monter à l'échafaud plutôt que d'avouer que ce bijou fût en leur possession. Quant à Raoul d'Averny, il avait simplement dit en riant: « La Duchesse a peut-être perdu son bracelet en route, qui sait ? »
Les amateurs de sensations avaient judicieusement remarqué que le nom de Raoul leur rappelait à s'y méprendre les divers pseudonymes sous lesquels s'était caché dans le passé le célèbre Arsène Lupin. Raoul souriait en se disant très flatté de la comparaison… Si l'on savait que l'aventurier s'était retiré au Clos des Lupins dans un village de Normandie, personne n'avait jamais retrouvé le lieu exact de sa résidence et tous les paris étaient ouverts. S'occupait-il d'horticulture, comme on l'avait dit, ou bien continuait-il son petit bonhomme de Lupin? On n'en savait rien.