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aurejac

Ses commentaires les plus récents

  1. C’est avec une grande tristesse que j’ai seulement maintenant appris le décès de cet homme charmant, courtois, malicieux, et à l’immense culture qui fut mon maître en humanités et qui a guidé mes premiers pas.
    Il fut mon professeur de grec et de latin au lycée Jean-Baptiste Corot de Savigny-sur-Orge entre 1968 et 1971. C’est je crois à l’occasion de la traduction d’un passage de l’Anabase de Xénophon qu’il mit à l’exergue de la copie d’un camarade un peu dilettante une appréciation du genre : si les moustiques ont volé, vous vous avez nagé..
    En terminale il aima à nous faire découvrir le philosophe et poète latin Lucrèce, dont la philosophie correspondait plutôt bien à la sienne. Il aimait la vie.
    C’était aussi l’animateur dynamique et entraînant du club théâtre du lycée qui pendant de nombreuses années donna d’éblouissants spectacles à la mise en scène soignée, avec costumes et décors qui n’avaient rien à envier à un théâtre de professionnels : Mariana Pineda de F. Garcia Llorca, Electre de Giraudoux, Tartuffe de Molière et bien d’autres encore. De nombreux enseignants le secondaient et les actrices et acteurs généralement de première et terminale s’y montraient talentueux, car il était exigeant avec tact et gourmandise.
    C’est lui qui me téléphona un jour de septembre 1976 pour m’annoncer qu’il serait mon tuteur dans le premier de mes 3 stages probatoires en début de carrière de professeur de Lettres Classiques. J’ai encore en tête ses premiers mots : “Aurejac, êtes-vous toujours aussi sérieux ?” !!! C’est cette année-là que le Tartuffe fut joué.
    C’est lui aussi qui un soir de mise au point après les cours me dit tout à trac : “aujourd’hui vous avez été chiant” ! J’avais commis un cours sur Diderot en Terminale où je m’étais ennuyé moi-même : j’étais comme stagiaire en service commandé, et cette partie du programme ne m’exaltait guère comme c’était hélas trop patent ; sa perspicacité avait fait mouche !
    Il me retéléphona encore une fois au tout début des années 2000. Je l’invitai à venir me rendre visite, il avait un fils dans le sud-ouest, mais hélas cela ne se fit pas et je l’ai beaucoup regretté.
    Quel humaniste, quelle urbanité et quelle présence ! Quel privilège d’avoir bénéficié de son enseignement.
    On fait systématiquement le panégyrique des défunts : pour René Depasse, point n’est besoin de se forcer, il mérite amplement ces louanges et plus encore.
    Bravo pour la photo du frontispice où on le voit assis avec un livre au pied d’une colonne antique, en Grèce probablement. C’est tout lui même s’il y paraît un peu grognon… ce qui ne durait jamais chez lui.
    Merci pour tout M. Depasse…

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