Eugène-Melchior de Vogüé a traduit plusieurs auteurs de romans russes et devient le premier grand spécialiste français de littérature russe. Il a fait connaître Dostoïevski au public français. Deux de ses Cœurs russes ont été publiés ici.
L’Oncle Fédia est le compte rendu d’une action judiciaire, dans laquelle se fourvoient trois fois les juges. Vogüé est témoin de ce procès et est peut-être le seul à croire en l’innocence de ce brave Oncle Fédia qui nous est présenté ainsi :
« Au temps de ma première jeunesse, il y avait dans le pays un vieux colporteur qu’on appelait l’oncle Fédia. Nul ne lui connaissait d’autre nom. D’où venait l’oncle Fédia ? Avait-il jamais eu une famille, un seigneur, un métier plus chrétien ? C’est ce que personne n’aurait pu dire. Il y en a tant, chez nous, de ces petites vies foraines isolées, errantes, qui ne tiennent à rien, ne servent à rien ; il semble que Dieu les ait semées sans y penser, puis perdues, comme les mouettes sur la mer, les oiseaux inutiles, seuls, qui ne se posent jamais. L’oncle Fédia tournait dans les villages ; quatre ou cinq fois par an, on le voyait reparaître avec sa télègue, son petit cheval maigre et sa balle rebondie. »
Iarochenko Nikolaï Alexandrovitch, Paysan dans la forêt (1880).
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