Considérations sur Cicéron (Livre I, chapitre 39), est, malgré son titre, un essai plutôt consacré à des considérations personnelles de l’auteur sur les qualités du style des écrivains épistoliers et sur le sien propre qu’à l’orateur romain.
« J’ai naturellement un style familier, en privé. Mais il m’est propre, et n’est pas adapté aux affaires publiques, comme mon langage, de toutes façons : il est trop resserré, désordonné, abrupt, particulier. Et je ne suis pas habile en matière de lettres cérémonieuses, qui ne sont rien d’autre qu’une belle enfilade de paroles courtoises. »
« J’ai horreur de sentir le flatteur ; ce qui fait que j’adopte naturellement une façon de parler sèche, ronde et crue, qui peut passer d’ailleurs pour qui ne me connaît, pour dédaigneuse. Ceux que j’honore le plus sont ceux à qui je rends le moins d’honneurs. Là où mon âme est dans une grande allégresse, j’oublie d’être conforme aux convenances. »
« Pour souhaiter la bienvenue, prendre congé, remercier, saluer, faire mes offres de service, et tous ces compliments verbeux qu’exigent les lois cérémonieuses de notre politesse, je ne connais personne qui soit aussi bêtement à court de paroles que moi. Et je n’ai jamais su faire de lettres de faveur ou de recommandation sans que ceux à qui elles étaient destinées les trouvent sèches et tièdes. »
Montaigne pense, comme Buffon le dira plus tard dans une célèbre formule, que « le style est l’homme même » (Discours sur le style).
Statue de Cicéron (Marcus Tullius Cicero).
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