Qui a aimé L’Examinateur ou Idylles, appréciera Le Meunier qui fait partie des Nouvelles russes écrites avec délicatesse par la plume féminine d’Henri Gréville.
« L’hiver ne se fit pas attendre ; la neige couvrit les allées du jardin. Mérikof, enfermé dans sa maisonnette près du moulin, passait les journées à fumer et les soirées à fabriquer des télègues en bois blanc pour ses enfants chéris. Une après midi, son œuvre fut terminée, les petites charrettes roulaient sans bruit sur leurs roues mignonnes ; il les mit sur la table et les contempla, les larmes aux yeux. La journée était belle, il ouvrit la petite fenêtre de sa chambre et passa la tête dehors. Un souffle de printemps lui caressa le visage, une goutte de neige fondue, chassée du toit par le vent, tomba sur la main qu’il appuyait sur le bord de la fenêtre. »
L’expression « mourir de honte » n’est pas, dans cette nouvelle, prise au sens figuré.
Alexei Korzukhin, Portrait of the retired soldier (1883).
Comme c’était beau ! Merci.