Il est toujours enrichissant de connaître les commentaires d’un grand écrivain sur un autre grand écrivain (sauf quand la polémique tourne au duel.) Dans Le Journal d’un écrivain (1876) Dostoïevski consacre un article à la mort récente de George Sand qu’il avait lue et admirée ; il nous apprend qu’elle avait été célèbre en Russie, puis oubliée, et en profite pour évoquer les rapports entre les littératures de son pays et de l’Europe
« George Sand a fait, en son temps, son œuvre dans notre pays. Qui donc s’associera à ses compatriotes pour dire un mot sur sa tombe, si ce n’est nous, – nous, les « compatriotes de tout le monde » ? – car enfin, nous autres, Russes, nous avons tout au moins deux patries : la Russie et… l’Europe, même lorsque nous nous intitulons slavophiles. (Qu’on ne m’en veuille pas !) Il n’y a pas à discuter. Cela est. Notre mission, – et les Russes commencent à en avoir conscience, est grande entre les grandes missions. Elle doit être universellement humaine. Elle doit être consacrée au service de l’humanité, non pas seulement de la Russie, non pas seulement du monde slave, du panslavisme, mais au service de l’humanité entière ! »
“Ceux qui mérite le plus d être loués supportent le mieux d’être critiqués”(Pope). Ceci suite à quelques malheureux commentaires que j’ai pu lire. Félicitation pour tous Monsieur Depasse.
Joël.