Joseph Conrad est né en Ukraine en 1857 de parents polonais, et lorsqu’il avait trois ans son père fut arrêté par les autorités russes et exilé dans le nord de la Russie. Les conditions y étaient très dures : sa mère meurt en 1865, et son père en 1867, d’où l’hostilité viscérale de l’écrivain envers l’autocratie des tsars, dont le despotisme constitue la toile de fond de Sous les yeux d’Occident (Under western eyes), paru en anglais en 1911, soit six ans seulement avant la Révolution soviétique. Dans une lettre en français, datée d’avril 1918, à André Gide, Conrad dira : « Je pense que la révolution russe a fait vieillir plus que de raison mon Western Eyes », mais beaucoup de critiques ont souligné les aspects étonnamment prophétiques du roman.
Le premier quart de l’action, qui se déroule vers la fin du XIXe siècle, a pour cadre Saint-Pétersbourg, et débute par un attentat à la bombe contre un haut personnage du régime particulièrement odieux. Son auteur, un jeune étudiant nommé Victor Haldin, se réfugie chez Razumov, sur la discrétion et la coopération de qui il croit pouvoir compter pour l’aider à s’échapper. Scandalisé par cette intrusion dans sa vie studieuse et bien ordonnée, le jeune homme fait mine d’entrer dans ses vues mais, n’ayant pu dégriser le cocher qui devait emmener Haldin hors de la ville, il dénonce son condisciple au Prince K., un haut dignitaire, puis au chef de la police. Haldin est arrêté, torturé et exécuté. Mais Razumov lui-même est désormais « suspect » pour avoir brièvement donné asile, fût-ce contre son gré, à un terroriste. Pour se « disculper », il accepte d’aller en mission à Genève espionner un groupe de révolutionnaires exilés. Il se fait passer pour un ami intime de Haldin ayant participé à l’attentat réussi, et est accueilli en héros, malgré son caractère excessivement réservé. Il rencontre aussi la sœur de Haldin – déjà exilée à Genève avec sa mère – qui lui accorde d’emblée sa sympathie tout en le harcelant de questions sur les derniers jours de son frère et les circonstances suspectes de son arrestation. Une forte attraction mutuelle naît entre les deux jeunes gens, mais comment Razumov, écartelé entre son appartenance à la Russie et les valeurs occidentales, tourmenté par sa conscience et le remords de sa trahison, parviendra-t-il à résoudre un dilemme apparemment sans issue ?
Comme Lord Jim (1900) et Nostromo (1904), Under western eyes (1911) n’eut à sa sortie qu’un succès mitigé, mais la réputation de Conrad n’a cessé de croître depuis a mort en 1924.
Photographie couleur de Joseph Conrad.
Un immense merci, chère Claryssandre, pour votre chaleureuse appréciation, à laquelle je suis très sensible. Veuillez excuser mon retard à y répondre, elle m’avait échappé. Oui, je vais aussi bien que possible, et je souhaite qu’il en soit de même pour vous.
André Rannou
Après une première nouvelle en mai, je poursuis sur la voie de la découverte de cet auteur grâce à vos précieuses et admirables lectures, cher monsieur Rannou. Un roman très profond au sujet passionnant qu’on ne lâche plus ! Je vous suis infiniment reconnaissante de m’avoir permis d’aborder enfin cette oeuvre littéraire. Votre lecture est comme toujours parfaite. J’adore la “régularité” et la sobriété de votre ton, votre diction et bien sûr le timbre de votre voix. J’espère que vous allez bien. Je vous souhaite une bonne fin de journée et un bel été. Prenez grand soin de vous ! Avec toute ma gratitude . Bien amicalement.
Merci, cher Stéphane. Je suis très sensible à votre commentaire.
Merci pour cette lecture parfaite. Je vous dois ce superbe voyage littéraire. Je continue dans J. Conrad. A bientôt de vous entendre. Stéphane
Merci, cher Kadour, pour votre commentaire sur cette lecture déjà ancienne, puisqu’elle remonte à 2013!
Tous mes voeux de bonne et heureuse année 2018.
Bien amicalement.
André