Le Carrosse aux deux lézards verts est un conte original qui part d’un monde moyenâgeux, soumis à l’Inquisition, sans liberté de pensée pour aboutir au monde de demain que Boylesve voit se profiler. Le carrosse aux énormes lézards verts représente la possibilité de se déplacer rapidement et ainsi d’effacer les différences dans le monde, grâce à la magnificence des fées.
Les citations mises en exergue éclairent bien les intentions de l’auteur :
« La nature a attaché sa malédiction à l’immobilité. » (Gœthe) et « Ils n’ont pas Virgile, et on les dit heureux parce qu’ils ont des ascenseurs »(Anatole France).
« Mais les villes regorgent d’habitants et l’on y voit plus clair la nuit que le jour. Les voitures vont toutes seules ; impossible de traverser une rue sans être écrasé ou sans manquer de l’être plusieurs fois ; de voiture à voiture, on se culbute fréquemment, ce qui donne lieu à des accidents « sensationnels », disent-ils avec une certaine satisfaction, et qui sont aussitôt reproduits et colportés par l’image. On voyage aussi dans l’air ; on voyage sous terre ; et l’on voyage sous les eaux ; de sorte qu’il semble que personne ne fasse que de voyager. Toi qui as tant voulu nous enseigner à lire et à écrire, cher papa, si tu voyais ce pays vraiment savant, tu comprendrais combien c’était peine perdue : les gens d’ici ne lisent ni n’écrivent plus : ils ont des mécaniques qui exécutent tous les signaux nécessaires à se faire entendre de loin comme de près, et ils se contentent, comme les enfants de chez nous, de regarder des images. »
Illustration de George Barbier dans René Boysleve, Le Carrosse aux deux lézards verts, Paris, Éditions de la Guirlande, 1921.
Simplement merci pour ce petit conte plein de bon-sens…