Un comédien viennois, Heinrich, remporte tous les soirs un succès considérable dans le rôle du Démon. Une nuit, pourtant, au gasthof de l’Aigle à deux têtes, un inconnu conteste son interprétation et, pour convaincre l’assistance, il démontre ce qu’est un vrai rire diabolique.
« – Avez-vous jamais vu le diable, monsieur Heinrich ?
Il fit cette question d’un ton si bizarre et si moqueur, que tous les assistants se sentirent passer un frisson dans le dos.
– Cela serait pourtant bien nécessaire pour la vérité de votre jeu. L’autre soir, j’étais au théâtre de la Porte de Carinthie, et je n’ai pas été satisfait de votre rire ; c’était un rire d’espiègle, tout au plus. Voici comme il faudrait rire, mon cher petit monsieur Heinrich.
Et là-dessus, comme pour lui donner l’exemple, il lâcha un éclat de rire si aigu, si strident, si sardonique, que l’orchestre et les valses s’arrêtèrent à l’instant même ; les vitres du gasthof tremblèrent. »
La mention « (Version 2) » à la suite du titre indique qu’il existe sur notre site un autre enregistrement de ce même texte, effectué par un donneur de voix différent. Voir aussi : Version 1.
A. Morlon, Jean-Baptiste Faure dans le rôle de Méphistophélès du Faust de Gounod (1869).
Je vous en prie, Franck !
Merci pour ce texte que je découvre. Très bonne lecture, qui nous captive de bout en bout.