Edmond Haraucourt (1856-1941) est l’auteur peu connu d’un poème très connu :
« Partir, c’est mourir un peu,
C’est mourir à ce qu’on aime :
On laisse un peu de soi-même
En toute heure et dans tout lieu.
C’est toujours le deuil d’un vœu,
Le dernier vers d’un poème ;
Partir, c’est mourir un peu.
C’est mourir à ce qu’on aime.
Et l’on part, et c’est un jeu,
Et jusqu’à l’adieu suprême
C’est son âme que l’on sème,
Que l’on sème à chaque adieu…
Partir, c’est mourir un peu. »
À la fenêtre est un article où il donne la parole à un vieillard qui justifie son agoraphobie profonde :
« Voyez ! cette masse qui s’écoule et que l’on a comparée à un torrent, trop de fois pour que j’ose encore me permettre cette image, ne sentez-vous point que sa fonction est de renverser ? Les avalanches descellent les digues et ne les bâtissent pas. Il suffit de regarder la foule pour comprendre sa puissance contre les obstacles et son impuissance pour les œuvres : elle est susceptible de faire place nette afin qu’autre chose surgisse dans le désert qu’elle a fait avec son passage ; mais qu’elle édifie, je l’en défie ! […] La foule est grosse et voit gros. Les détails lui échappent et, d’ailleurs, l’intéressent peu. Elle a des conceptions d’ensemble, obtuses comme d’un être naïf, nerveuses comme d’un être souffrant. »
Ajoutez un commentaire !
C'est la meilleure manière de remercier les donneurs de voix.