À rebours du célèbre conte de Charles Perrault, Anatole France réhabilite souverainement le gentilhomme Bernard de Montragoux, dit « La Barbe-bleue » dont « la barbe était bleue, mais elle n’était bleue que parce qu’elle était noire, et c’était à force d’être noire qu’elle était bleue ».
Le début : « On a émis sur le personnage fameux, vulgairement nommé la Barbe-Bleue, les opinions les plus diverses, les plus étranges et les plus fausses. Il n’en est peut-être pas de moins soutenable que celle qui fait de ce gentilhomme une personnification du soleil. C’est à quoi l’on s’est appliqué il y a une quarantaine d’années dans une certaine école de mythologie comparée. On y enseignait que les sept femmes de la Barbe-Bleue étaient des aurores et ses deux beaux-frères les deux crépuscules du matin et du soir, identiques aux Dioscures qui délivrèrent Hélène ravie par Thésée. À ceux qui seraient tentés de le croire, il faut rappeler qu’un savant bibliothécaire d’Agen, Jean-Baptiste Pérès, démontra, en 1817, d’une façon très spécieuse, que Napoléon n’avait jamais existé et que l’histoire de ce prétendu grand capitaine n’était qu’un mythe solaire. En dépit des jeux d’esprit les plus ingénieux, on ne saurait douter que la Barbe-Bleue et Napoléon n’aient réellement existé. »
Gustave Doré, gravure colorisée de Barbe Bleue publiée dans Les Contes de Perrault (Jules Hetzel, 1862)
Ajoutez un commentaire !
C'est la meilleure manière de remercier les donneurs de voix.