La philosophie de Gracián (1601-1658) constitue une tentative de réhabilitation de l’apparence et de la forme. « Ce n’est pas assez que la substance, écrit Gracián dans L’Homme de cour, il y faut aussi la circonstance » : puisque la justice et la vérité, aux yeux des hommes, comptent moins que les apparences dont elles se revêtent, le sage se doit non seulement d’être vertueux, mais également de soigner les apparences de cette vertu. Il lui faut « faire, et faire paraître », « le bon extérieur est la meilleure garantie de la perfection intérieure. »»
L’éloge de l’apparence se rapproche ainsi dangereusement d’une justification du mensonge, mais le casuiste émérite qu’était Gracián ne franchit jamais le pas : il ne faut pas mentir, écrit-il ; tout en ajoutant : il ne faut pas dire toute la vérité.
« Il ne s’agit pas tant, écrit un commentateur contemporain, de tromper que de « laisser croire ». Pratique d’un cynisme suave : les hommes aiment si peu la vérité qu’il est inutile de courir le risque de leur mentir. Leur propre médiocrité morale se chargera de les en détourner »
Dans la seconde partie de son œuvre, constituée par le Criticon, Gracián s’emploie à anéantir cette figure construite au fil des ouvrages antérieurs, et à condamner « sans appel [le] monument élevé par lui à la gloire du Héros ». (d’après Wikipédia)
Diego Velasquez, Portrait d’un homme (peut-être José Nieto), XVIIe siècle.
Pardon, cher Kadour, l’ordinateur maléfique a encore frappé !!!
Il n’ a pas enregistré mon message de remerciements pour votre commentaire sur cette lecture.
Et moi, je ne le vois que ce matin !!!
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Merci beaucoup pour cette lecture excellente. Le rythme, la clarté et le ton de lecture permettent d’écouter de manière instructive et agréable ce texte si riche.
Il faut, je crois, réalisme et lucidité comme vous le dites si bien pour être une honnête personne.
Merci de m’avoir dirigée vers cette lecture,cher Ahikar, et merci de votre commentaire.
Bonne fin de journée.
Domi
Merci chère Domi pour cette belle lecture.
Le titre original convient mieux au livre : l’art de la prudence. Et c’est vrai qu’il y a un peu de Machiavel chez Gracián ! Il nous enseigne qu’il faut se couvrir de la peau du renard quand on ne possède pas celle du lion : employer la ruse si l’on ne possède pas la force. Il nous enseigne à être colombe et serpent à la fois. L’aigle doit toujours se méfier de l’escarbot comme nous l’enseigne la fable. C’est bien un bréviaire à l’usage du particulier par un fin connaisseur de l’âme humaine. Misanthrope, penseront certains, lucide et réaliste serait certainement plus juste.
Bon après-midi !