Voltaire stigmatise le Fanatisme dans son Dictionnaire philosophique :
« Lorsqu’une fois le fanatisme a gangrené un cerveau, la maladie est presque incurable. J’ai vu des convulsionnaires, qui en parlant des miracles de Saint Pâris, s’échauffaient par degrés malgré eux ; leurs yeux s’enflammaient, leurs membres tremblaient, la fureur défigurait leur visage ; & ils auraient tué quiconque les eût contredits.
Il n’y a d’autre remède à cette maladie épidémique que l’esprit philosophique, qui répandu de proche en proche adoucit enfin les mœurs des hommes, & qui prévient les accès du mal ; car dès que ce mal fait des progrès, il faut fuir, & attendre que l’air soit purifié. Les loix & la religion ne suffisent pas contre la peste des ames ; la religion loin d’être pour elles un aliment salutaire, se tourne en poison dans les cerveaux infectés. »
et Alexandre Deleyre (littérateur, traducteur, député et bibliothécaire français (1726-1797) a préalablement rédigé pour L’Encyclopédie le riche article très documenté sur le même sujet dont Voltaire s’inspira et qui nous préoccupe encore deux siècles plus tard :
« Mais voici le fanatisme qui, l’alcoran d’une main & le glaive de l’autre, marche à la conquête de l’Asie & de l’Afrique. C’est ici qu’on peut demander si Mahomet étoit un fanatique, ou bien un imposteur. Il fut d’abord un fanatique, & puis un imposteur ; comme on voit parmi les gens destinés par état au culte des autels, les jeunes plus souvent enthousiastes, & les vieillards hypocrites ; parce que le fanatisme est un égarement de l’imagination qui domine jusqu’à un certain âge, & l’hypocrisie une réflexion de l’intérêt, qui agit de sang-froid & avec de longues combinaisons. »
Consulter les versions texte de ce livre audio : Fanatisme (Voltaire) ; Fanatisme (L’Encyclopédie).
Assassinat de Juan Diaz par son frère jumeau (gravure du XVIIe).
Merci cher René pour ce choix.
Pour info, ce n’est pas Barthélemy Diaz qui tua son frère jumeau Juan, mais Alfonso : Voltaire s’était trompé dans les prénoms dans les premières versions de l’article. Ah, comme il est bon de vivre à l’heure d’Internet ! Un petit clic et l’information est vérifiée.