Lorrain et Champfleury
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L’Homme aux figures de cire – L’Homme aux têtes de cire

Jean Lorrain (1853-1906), quand il publia L’Homme aux têtes de cire (1893) devait connaître l’opuscule de Jules Champfleury (1822-1889), L’Homme aux figures de cire (1856).

Champfleury, Gustave Courbet le peintre réaliste, et des amis traversent le Paris du XIXe siècle, celui des passages, des panoramas, des enseignes animées et des grands boulevards pour découvrir par hasard, au bas des Champs-Élysées, un énigmatique cabinet de cires… Réaliste lui aussi, l’écrivain nous promène au milieu des masques de cire et des fantômes, des êtres imaginaires pourtant bien vivants qui l’effraient et le subjuguent.
Une écriture fidèle et un écrivain un tantinet voyeur ne détestant pas quelques scènes de nudités provocantes.

…………

Jean Lorrain est tout autre. Son œuvre est immense (poésie, romans, nouvelles, chroniques et théâtre) et sa vie d’éthéromane et de syphilitique fut scandaleuse. « Lorrain se crée un personnage, avec une volonté affichée de provoquer le scandale. Corseté, fardé, drogué, déguisé, travesti, il fait de sa vie comme de son apparence une œuvre d’art et une provocation, celle d’un « dandy de la fange », qui fréquente à la fois les salons du Tout-Paris et les marlous des mauvais quartiers. Il affiche avec tapage, sous le surnom d’« Enfilanthrope », son homosexualité » comme l’attestent les vingt textes sur notre site.

L’Homme aux têtes de cire est un sculpteur de statues de cire que décrit Lorrain avec un style parnassien parfait :

« La Perversité, comme s’intitulait la statue ; et le souvenir me revenait du scandale qu’elle avait soulevé en 1878 au Salon, et des clameurs et des pudeurs ameutées autour de la chaude transparence de ses chairs, du poli de ses genoux et de la rose humidité de ses lèvres ; car la figure était de cire tout entière, et tout entière palpitait dans sa pose équivoque et charmeuse d’une telle vie, qu’elle énervait comme un danger tout en exaspérant le désir. »
Mais la dernière phrase à retenir très explicative n’est pas de Lorrain mais de Champfleury :

« À diverses époques, j’ai regardé longuement des figures de cire de toutes les conditions et de toutes les formes. Plus je regardais, plus je me disais qu’enfant j’avais eu raison d’avoir peur. Mais pourquoi ? Ce n’était pas l’immobilité et le calme de ces figures, la statuaire partageant ce calme et cette immobilité. Je comprenais que mon effroi naïf venait de cette apparence de réalité qui n’est plus la réalité, de ce PLUS complet que la sculpture et la peinture, qui cependant est MOINS complet que la peinture et la sculpture… »


Remarques :

Consulter les versions texte de ce livre audio : L’Homme aux figures de cire ; L’Homme aux têtes de cire.

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Livre audio gratuit ajouté le 26/05/2017.

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