Selon Aristote, auteur de De la mémoire et de la réminiscence, le cœur est le siège de l’intelligence, du courage et de la mémoire, d’où l’expression « savoir par cœur ». La mémoire est comme une écriture. Les traces du passé étaient gravées sur une tablette de cire, dont les inscriptions étaient plus ou moins durables. Se souvenir consisterait donc à relire ce qui avait été inscrit quelque part au coin de son âme.
Ce traité d’Aristote, qui remonte à 350 avant JC, est très accessible :
« La mémoire ne s’applique pas davantage au présent : c’est l’objet de la sensation ; car la sensation ne nous fait connaître ni le futur, ni le passé ; elle nous donne le présent, et pas autre chose. La mémoire ne concerne que le passé, et l’on ne peut jamais dire qu’on se rappelle le présent quand il est présent ; par exemple, qu’on se rappelle cet objet blanc au moment même où on le voit, pas plus qu’on ne se rappelle l’objet que l’esprit contemple, au moment où on le contemple et où on le pense ; on dit seulement qu’on sent l’un et qu’on sait l’autre. » (Chapitre 1)
« Il y a aussi des choses dont nous nous souvenons beaucoup mieux, pour les avoir vues une seule fois, que nous ne nous souvenons de certaines autres que nous avons mille fois vues. Lors donc que la réminiscence a lieu en nous, c’est que nous éprouvons de nouveau quelques-unes des émotions antérieures, jusqu’à ce que nous éprouvions l’émotion après laquelle celle-ci vient habituellement. Voilà aussi pourquoi notre esprit recherche ce qui a suivi, soit à partir de tel instant ou de tel autre, soit à partir d’une chose semblable ou contraire, soit même d’un objet simplement voisin ; et cet effort de l’esprit suffit pour produire la réminiscence. » (Chapitre 2)
Quelques passages réclament cependant plus d’efforts :
« Voilà donc ce qu’est la mémoire et ce que c’est que se souvenir. Répétons-le : c’est la présence dans l’esprit de l’image, comme copie de l’objet dont elle est l’image ; et la partie de l’âme à laquelle elle appartient en nous, c’est le principe même de la sensibilité, par lequel nous percevons la notion du temps. »
Bonjour René
Merci pour ce choix de nous lire un peu de philosophie. Si jamais vous cherchez des lectures “accessibles”, je pense qu’on peut par exemple songer à tous les petits écrits de Hume, les “essais”, qui en général se lisent en une heure et qui ne sont pas très techniques. On les trouve sur le site UQAC, traduits par Philippe Folliot. Ce dernier nous a donné l’aimable autorisation de tout enregistrer.
bien cordialement
Gauthier
Bonsoir cher René,
Merci infiniment de votre choix et je vous souhaite de la santé et une bonne fête actuelle.
Bien amicalement ,
Ahmed