Depuis dix ans (Venise « la rouge » d’Alfred de Musset lu en 2007) près de 50 contes, poèmes, romans, nouvelles consacrés à Venise sont venus enrichir Littératureaudio.com…
Théophile Gautier en 1845 dans Zigzags nous propose une approche assez inattendue et contrastée de cette cité qui éblouit le poète, mais à la vie de laquelle il n’épargne pas les critiques.
« Mais voici le revers de la médaille. Venise est une ville admirable comme musée et comme panorama, et non
autrement. Il faut la voir à vol d’oiseau. L’humidité y est extrême ; une odeur fade, dans les chaudes journées d’été, s’élève des lagunes et des vases ; tout y est d’une malpropreté infecte. Ces beaux palais de marbre et d’or, que nous venons de décrire, sont salis par le bas d’une étrange manière… À ces palais s’accrochent, comme un pauvre au manteau d’un riche, d’ignobles masures moisies et lézardées qui penchent l’une vers l’autre, et qui, lasses d’être debout, s’épaulent familièrement aux flancs de granit de leurs voisins… Les gondoles, dont ils font tant de belles descriptions, sont des espèces de fiacres d’eau qui ne valent guère mieux que ceux de terre. »
Heureusement l’enthousiasme revient quand il se met à admirer les 500 ponts et les 300 riches églises de la cité des doges.
Heureusement encore il s’est trompé en prédisant (il y a cent soixante dix ans !) :
« Artistes ! pendant qu’elle est encore debout, et dans quelque temps d’ici ce ne sera plus qu’une ruine immense au milieu d’un marais méphitique, praticable tout au plus pour les poissons, allez, copiez-moi toutes ces façades, dessinez ces statues, faites des croquis d’après ces tableaux. »
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