Les quatre dernières histoires américaines qui complètent New York Tic Tac.
La Chasse à l’homme
« Lou et Nancy étaient copines. Elles étaient venues à la grande cité pour chercher du travail, parce que, chez elles, il n’y avait pas assez à manger. Nancy avait dix-neuf ans, Lou en avait vingt.
– Est-ce que tu n’as pas froid, Nancy ? demanda Lou. C’que t’es gourde de travailler dans ce vieux magasin pour huit dollars par semaine ! Moi, j’ai gagné dix dollars et demi la semaine dernière. Possible que le repassage soit pas aussi chic que d’vendre de la dentelle derrière un comptoir, mais au moins ça paye ! Y en a pas une de nous autres, repasseuses, qui se fait moins de dix dollars par semaine, et j’ai jamais entendu dire que c’était pas du travail aussi respectable que le tien !
– C’est bon pour toi, répondit Nancy en relevant fièrement le nez. Je suis satisfaite de mes huit dollars par semaine et de ma chambre meublée. Il me plaît de vivre au milieu des belles choses et des gens chic
Oui, sûrement, je suis à l’affût du gibier ; mais celui que je veux devra être capable de faire quelque chose de plus que de se pavaner comme un mannequin cousu de dollars. »
Étranges confidences de femmes battues dans ces deux nouvelles :
La Punition inutile nous apprend de curieuses mœurs américaines :
« – J’voudrais pas d’un homme, dit Mrs. Cassidy, qui m’battrait pas au moins une fois par semaine. Ça prouve qu’il tient à vous, vois-tu ! Mais, bon Dieu ! c’est pas une dose homéopathique que Jack vient de m’flanquer cette fois ! J’en vois encore trente-six chandelles. N’empêche que maintenant il va être doux et gentil comme un agneau pendant tout l’reste de la s’maine pour s’faire pardonner ça. V’là un œil au beurre noir qui va m’rapporter au moins une soirée d’cinéma et c’te blouse en soie qu’j’ai envie depuis si longtemps. »
Dans Entre deux rounds nous lisons : « Et au même instant elle lance à la tête de son seigneur une cocotte pleine de lard et de navets. Mr. MacCaskey n’est pas un novice dans l’art des échanges balistiques. Choisissant le plat suivant sur le menu du jour, il riposte aussitôt avec le rôti de porc aux choux déjà servi sur la table, ce qui lui attire la réplique appropriée d’une terrine de pudding. Projeté avec adresse par le maître de maison, un bloc de gruyère atteint Mrs. MacCaskey en pleine figure. Visant soigneusement, elle contre-attaque au moyen d’un pot de café noir et bouillant. »
Fin de La Recette perdue : « Riley et Mac Quirk s’étaient en effet livré une grande et amicale bataille. Des bouteilles et des verres brisés gisaient sur le sol. La salle était pleine de fumées d’alcool. Le plancher était parsemé de flaques spiritueuses. »
Rappelons-nous que la prohibition aux États-Unis fut l’interdiction de fabriquer, transporter, importer, exporter et vendre de l’alcool. Mise en place le 29 janvier 1919, cette mesure avait pour objectif de réduire les délits et la corruption.
Andrew Varick Stout Anthony, Le bar de Barney Flynn dans la maison d’Edward Mooney (1899).
Belle découverte
Excellentes nouvelles relatant avec beaucoup d’humour le dur quotidien d’une Amérique à peine dépassée..
Merci