« Albert, œuvre assez peu connue en France, a été écrit en 1857 et en 1858.
Au commencement du mois de janvier 1857, Léon Nicolaiévitch Tolstoi entendit à Saint-Pétersbourg un violoniste de grand talent, Kizewetter. Il apprécia son jeu, rencontra plusieurs fois l’artiste, écouta son histoire et fut profondément ému par le sort misérable de ce « maniaque de génie », mais hélas ! alcoolique.
Le 12 janvier, Tolstoï quittait la Russie. C’est à l’étranger qu’il commença à écrire Albert. Dès le 1er mars, à Dijon, il lut à Tourgueniev un premier texte qu’il remania trois fois.
À chaque remaniement Tolstoï introduisit de nouveaux personnages dans le récit. Quant au titre, six fois il le
changea.
Aux sons du violon d’Albert, Déléssov est envahi par les souvenirs de sa jeunesse. L’artiste qu’était Tolstoï révèle ici sa maîtrise tout entière ; le lecteur lui aussi se sent emporté malgré lui – il ne saurait résister à tant de jeunesse, de fraîcheur et d’amour. » (Texte légèrement écourté de la présentation)
Un homme pleurait n’est pas une « suite » d’Albert, mais un fragment qui n’appartenait pas aux premières versions.
« S’il pleurait sur les jours passés, c’est seulement parce qu’ils étaient passés sans retour, parce que jamais plus ils ne reviendraient. Les souvenirs revenaient l’un après l’autre et le violon d’Albert répétait toujours les mêmes paroles : « Il est passé pour toi et pour toujours le temps de la force, de l’amour et du bonheur. Jamais plus il ne reviendra. Pleure-le donc, verse sur lui toutes les larmes de tes yeux. Meurs en le pleurant. La vie ne te réserve pas d’autre ni de plus grand bonheur. »
Merci R Depasse pour cette nouvelle qui traite encore de l’art et de son mystère mais n’en demeure pas moins d’une grande poésie