Le grand poète symboliste Albert Samain (1858-1900) n’a écrit que Quatre Contes en prose dont trois ont été lus ici :
– Xanthis, ou la Vitrine sentimentale,
– Divine Bontemps
– Hyalis, le petit faune aux yeux bleus
et Rovère et Angisèle, récit très poétique et très douloureux qu’on pourrait rapprocher de Tristan et Yseult ou de Roméo et Juliette par son issue.
Créons le climat :
« Souvent, la nuit, accoudé à la proue, pendant que le navire glissait doucement dans les ténèbres, Rovère songeait. La mer, autour de lui, s’étendait infinie ; sur sa tête, les constellations brillaient, dessinant sur le firmament sombre leurs géométries éternelles. Le silence était immense ; il n’entendait rien que le bruissement continu de l’eau le long de la coque du vaisseau. Alors son âme s’exaltait ; le mystère qui s’exhale du monde dans le calme des grandes heures nocturnes l’étreignait violemment. […]
Là, Angisèle demeura un moment frissonnante, sentant au fond d’elle-même se déchaîner mille sentiments tumultueux. Elle voulut s’agenouiller devant son crucifix, appuya son front brûlant sur l’ivoire des pieds divins ; mais la marée d’une atroce tristesse montait en elle et submergeait tout ; alors, brisée et n’en pouvant plus, elle se jeta sur son lit, et, la face écrasée dans les oreillers, sanglota jusqu’au jour sur le mystère inavouable de son cœur ; car, dans une même minute, la mort venait en elle de rencontrer l’amour. »
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