Vincent van Gogh - La cour de l'hôpital d'Arles (1889)

Eva, ou Le Temps Qui Coule

« Oui, j’étais allée à cette claire fontaine, l’eau y était si douce, si claire, si parfumée que je m’y étais noyée. L’ivresse m’avait pris au-delà de toute raison, je m’y suis perdue. J’aurais aimé que la rose fût encore au rosier et que tu fus encore à m’aimer. C’est certain, il avait été ma plus belle histoire d’amour. Je sens encore au bout de mes doigts toutes les callosités de sa main qu’il savait rendre si douce, paradoxalement une douceur soyeuse qui me faisait perdre la raison, qui me rend à nouveau folle rien que de l’évoquer.
Le parfum pénétrant, un peu citronné, de la fontaine emplit encore aujourd’hui tout mon esprit. J’en avais bu et la punition fut terrible, c’est comme si j’avais été une agave qui attendait tant d’année pour fleurir et finalement en mourir. »


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Livre audio gratuit ajouté le 23/01/2016.

1 Commentaire

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  1. Chère Cocotte (et cher Kowka)
    me revoici après l’écoute de ce texte que j’ai trouvé très original (après avoir écouté Camel et les « souvenirs d’enfance »).
    La nouvelle est brève . On pourrait la qualifier de nouvelle « d’ambiance » ou « d’intériorité » (du côté de la psychologie…).
    Je l’ai trouvé originale et intrigante, profonde et attachante.
    Le lieu tout d’abord : l’hôpital psychiatrique. Il est nommé, tout de suite, mais nullement entouré de quelques « oripeaux » affligeants ou terrorisants. C’est la douceur et la poésie qui sont données à voir, les rayons du soleil, un chat, un jardin… Tout est raconté de « l’intérieur », du point de vue de l’une des patientes, de façon habile légère et allusive.
    Que se passe-t-il ? Pourquoi est-elle là ? On le comprend (je ne révèle pas !!) mais on comprend, sans que la raison objective de son « internement » soit totalement clairement explicitée. Le lecteur se fait cependant son idée. Ce que l’on peut dire toutefois , c’est que cette raison est tout à fait passionnante, d’ordre philosophique, métaphysique, ou même existentielle.
    La façon de penser de la patiente de la « patiente » nous apparaît claire. On se sent proche d’elle. Pourquoi, à la limite, nous-mêmes ne pourrions-nous pas, un jour, également nous trouver à sa place ?
    Délicatesse, subtilité, poésie, intimité et surtout grande tendresse pour le personnage « mis en scène » : j’ai trouvé tout cela dans cette nouvelle.
    Merci Cocotte de me l’avoir fait découvrir. Votre voix alerte et lumineuse établit un contraste (un décalage) qui d’une certaine façon rassure le lecteur en cet univers où on se prend à douter, où une inquiétude perce…
    merci à l’auteur et à la lectrice !

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