« Ne savez-vous point que la coutume des étrennes est une superstition coupable et un reste hideux du paganisme ?
– Je l’ignorais, dit M. Chanterelle.
– Apprenez donc, dit M. Spon, que cette coutume vient des Romains qui, voyant quelque chose de divin dans tous les commencements, divinisaient le commencement de l’année. En sorte qu’agir comme eux est se faire idolâtre. Vous donnez des étrennes, monsieur, à l’imitation des adorateurs du dieu Janus. Achevez et consacrez, comme eux, à Junon le premier jour de chaque mois. »
Si vous craignez que les étrennes ne soient contraires à la religion et un usage païen,écoutez plutôt le capucin :
« Les païens suivaient parfois de bonnes coutumes. Dieu permettait qu’un peu de sa lumière perçât les ténèbres de la Gentilité. Monsieur, si vous nous refusez des étrennes, n’en refusez pas à nos pauvres enfants. Nous élevons les enfants abandonnés… Quand ils rient, les enfants louent le Seigneur. »
Rassuré, M Chanterelle put aller offrir Les Étrennes de mademoiselle de Doucine.
Un des neuf Contes de Jacques Tournebroche.
Léon Lebègue, illustration pour Les Étrennes de Mademoiselle de Doucine dans Les contes de Jacques Tournebroche (édition Calmann-Levy, 1909)
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