On ne peut pas douter du talent, très parnassien, de Jean Lorrain (1855-1906) quand il décrit une femme ou une tempête sur la mer dans L’Idée d’un soir :
« Consciente de sa beauté, elle en avait ce soir-là aggravé le caractère inquiétant par un décolletage ingénieux de statue ; drapée, moins que drapée, dans un pungée de Chine d’un rose soufre qui pâlissait encore aux lumières, comme nue dans l’étoffe molle et souple adhérente à un corps, sur lequel il semblait n’avoir rien, ni dessous, ni chemise, c’est dans le modelé rythmique et chastement osé d’un antique qu’elle promenait ce soir-là la nudité de ses épaules et de ses bras fuselés. Outrageusement offertes, les épaules jaillissaient toutes blanches d’une blouse flottante, comme prête à glisser. »
« En effet, la lune, qui venait d’apparaître derrière un écroulement de nuées, baignait d’une lueur de rêve la lutte exaspérée des rafales et des lames ; mêlée pleine de sanglots et de râles, c’était un véritable champ de bataille, où les salves d’artillerie lointaine se retrouvaient dans le vaste bruit d’enclume des falaises ébranlées à chaque paquet de mer ; comme des flocons de neige, baves d’écume emportées par le vent voletaient autour de la jeune femme. Dans le ciel, des nuages balayés par la tempête fuyaient de larges déchirures, béantes entre leurs flancs, mettaient à l’horizon trempé de clair de lune comme une déroute effarée de chimères… »
La Marjolaine est un souvenir de l’enfance imaginative de l’auteur (un peu le ton de Sonyeuse).
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