Concert de Mademoiselle Garcia n’est certes pas l’œuvre la plus connue de Musset. Parue en 1839, elle nous montre un poète réagissant vivement contre la musique, le chant, l’opéra de son époque. Il est aussi question dans cette satire, terminée par un poème, des talents de la Malibran et de Rachel.
Texte historique très intéressant à connaître où certaines remarques pourraient bien être partagées par beaucoup de spectateurs de nos productions contemporaines.
« On dirait que nous avons la simplicité en horreur. Auteurs, acteurs, musiciens, tous ont le même but, l’effet, et rien de plus ; tout est bon pour y parvenir, et dès qu’on l’atteint, tout est dit ; l’orchestre tâche de faire le plus de bruit possible pour qu’on l’entende ; le chanteur, qui veut couvrir le fracas de l’orchestre, crie à tue-tête ; le peintre et le machiniste entassent dans les décorations des charpentes énormes, afin qu’on regarde leur nom sur l’affiche… Le public ébahi, assourdi, ouvre les yeux et les oreilles dans une stupeur muette ; le directeur ne pense qu’à la recette et fait mousser la pièce dans les journaux ; et, au milieu de tout cela, il n’y a pas une honnête créature qui se demande si autrefois il n’existait pas quelque chose qu’on appelait la musique.
[…] Quant à des chants, à de la mélodie, ce n’est plus de cela qu’il s’agit ; on ne chante plus, on parle ou on crie ; c’est peut-être une sorte de déclamation notée, un compromis entre le mélodrame, la tragédie, l’opéra, le ballet et le diorama. C’est un assemblage de choses qui remuent les sens ; la musique s’y trouve peut-être, mais je ne saurais dire quel est le rôle qu’elle y joue. »
Henri de Caisne, Portrait de Maria Malibran-Garcia dans le rôle de Desdémone (vers 1831).
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