Socrate surprend au moins plus d’une fois ses amis par ses propositions paradoxales, dans ce livre V de la République.
De quoi s’agit-il ? Après avoir défini la justice comme harmonie de l’âme et de la cité, Socrate est amené à réfléchir aux conditions pour réaliser cette justice. Il les formule en trois paradoxes magistralement déroutants.
Le premier : les hommes et les femmes seront traités en égaux pour leur éducation et pour les fonctions publiques, car il n’y a pas de différence d’aptitude, qui découle de la différence de sexe, pour ce qui concerne la garde de l’État. Hommes et femmes s’entraîneront donc ensemble, nus, dans les gymnases ! Les femmes pourront être gardiennes, guerrières, philosophes…
Le deuxième : parmi la classe des guerriers, les femmes et les enfants seront communs à tous : il sera ainsi impossible de savoir pour un enfant de qui il est le descendant. La famille sera donc, pour eux, abolie. Dans une éducation alors organisée par l’État, un eugénisme sera pratiqué et les enfants pourront être initiés à l’art de la guerre. Avec ce communisme – uniquement imposé à la classe dirigeante des guerriers – toute propriété privée disparaît. Le reste des citoyens de l’État (les non-dirigeants donc !) seront les seuls autorisés à s’affairer pour convoiter des richesses matérielles et en revendiquer la propriété. Pour éteindre la cupidité, Platon envisage donc les moyens les plus radicaux : les chefs (guerriers-gardiens) de l’État seraient privés de propriété sur les biens qu’ils possèdent ou utilisent, mais tous les autres hommes dans l’État pourraient rechercher autant qu’ils le veulent possessions et légitime propriété. Paradoxe renversant ! Les chefs seraient ainsi plus pauvres que ceux qu’ils ont mission de commander.
Enfin, troisième paradoxe, qui devrait choquer le lecteur bien plus que les deux précédents, car Socrate a gardé pour la fin le plus inacceptable selon l’opinion courante : les rois, d’après lui, doivent devenir philosophes ou les philosophes devenir roi, pour que le gouvernement de l’État soit le mieux réalisé… Et qu’est-ce donc qu’un philosophe ? Non pas tant un homme épris du savoir (ce ne serait qu’un homme curieux) mais plutôt celui qui n’aime que le spectacle de la vérité et la réalité, et qui par là, comme le dira le livre suivant (VI), est le plus apte à gouverner.
Les philosophes au pouvoir : perfection de la sagesse politique ou dernière vague de folie ?
Aristote, dans la Politique, discute précisément ces audacieuses thèses platoniciennes de la République.
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Merci Lalasoa pour votre commentaire et vos encouragements. Je continue la suite.
Bien cordialement,
LC
Merci infinement pour votre travail et que vous l’avez mis à disposition de tout le monde. Ce n’est pas toujours facile de comprendre les interlocuteurs des dialogus de Platon, mais fait de cette manière est plus facile à suivre!
Merci encore et je vous encourage de continuer. Merci aussi pour le texte que vous le faites suivre. En faite, c’est un travail complet.