Les Provinciales (1909) sont la première œuvre littéraire de Giraudoux et se passent dans le paradis perdu de son enfance, dans le Limousin, à Bellac et à Pellevoisin.
La première partie du recueil contient trois nouvelles : De ma fenêtre, Sainte Estelle et Le Petit Duc, où abondent comparaisons et métaphores campagnardes insolites qui laissent pressentir le grand poète en prose que deviendra le petit Jean.
« Tout le jour des rayons maladroits se brisent sur des surfaces qu’ils croyaient molles, et qui vous les renvoient durement, alors que le soleil m’est encore invisible, et n’a pas quitté les champs. Ils vous viennent des toits, sur lesquels un vernis inépuisable coule, d’un œil-de-bœuf qui n’ose les laisser pénétrer dans les greniers, de la rivière, si profonde que les poissons y sont à l’ombre. Les murs, les murs s’étendent, et emmagasinent de la chaleur pour l’hiver ; les mouches voltigent sans crainte autour des toiles d’araignées où elles prennent et sucent des moucherons. Puis, peu avant la nuit, le soleil lui-même arrive, escorté de nuées, de bruits et de couleurs. Avant d’enfoncer dans l’horizon, il y jette sa robe, apparaît nu et jaune, et allume de grands incendies d’où montent les fumées qui bourrent les nuages. Alors notre père Voie passe. Le soleil se couche quand il est passé. On me couche avec le soleil. »
Joli sujet de thèse : « les images du style giralducien »…
Claude Monet, La Grande Creuse au pont de Vervy (1889).
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