Jamais Montaigne n’a parlé aussi abondamment de lui, corps et âme, que dans le long chapitre De la présomption (Livre II, 17).
“La philosophie ne me semble jamais avoir si beau jeu que
quand elle combat notre présomption et notre vanité, quand elle
reconnaît de bonne foi son irrésolution, sa faiblesse et son ignorance.”
« Je me souviens donc que dès ma plus tendre enfance, on avait remarqué chez moi je ne sais quelle attitude et des gestes qui manifestaient une vaine et sotte fierté… Je suis assez prodigue en coups de chapeau, notamment en été , et je n’en reçois jamais sans y répondre, quelle que soit la qualité de l’homme, sauf s’il est à mon service… Je me considère comme quelqu’un d’ordinaire, mais aussi coupable des défauts les plus bas, les plus vulgaires, que je n’excuse ni ne récuse… Je n’ai rien qui vienne de moi et qui puisse satisfaire mon jugement… Quant à mes ouvrages à moi, il s’en faut de beaucoup qu’ils me plaisent : à chaque fois que je les réexamine ils me déçoivent, et me laissent dépité. »
et ces critiques de lui-même emplissent toute sa confession : « tout est grossier chez moi, tout manque de polissure et de beauté ; je ne sais pas faire valoir les choses pour plus que ce qu’elles valent, etmon intervention n’apporte rien à la matière dont je traite. »
On voit que ce portrait n’a rien d’une apologie, comme le sont souvent les autobiographies…
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