« Au courant de ma vie errante, il m’est arrivé une fois de m’arrêter dans un château enchanté, chez une fée. »
Cette fée est la reine Elisabeth de Roumanie (1843-1916), connue aussi sous son nom de plume Carmen Sylva, pour qui Pierre Loti, reçu en intime à Sinaia et à Bucarest, avait une grande admiration qu’il nous fait partager.
« Oh ! comme je me rappelle les moindres instants de ces causeries exquises dans ce boudoir sombre, avec cette reine vêtue de blanc… Des phrases entières de la reine me reviennent en mémoire avec leurs inflexions doucement musicales. La première fois que j’eus l’honneur de causer avec Sa Majesté, mon étonnement ne fut pas de l’entendre causer supérieurement de choses supérieures, je savais d’avance qu’elle était ainsi. Mais, en tant que reine et obligée au « perpétuel sourire des idoles », il me semblait qu’elle avait dû rester ignorante de certains replis, de certaines souffrances de l’âme humaine, – et mon admiration fut grande de voir, au contraire, qu’elle connaissait à fond toutes les détresses, toutes les misères du cœur des plus petits et des plus humbles, aussi bien que celles du cœur des grands, des princes. »
Loti lui consacre deux textes en 1890 : Carmen Sylva nous raconte la vie quotidienne chez la princesse en Roumanie et L’Exilée nous entraîne à Venise où Elisabeth, malade de plus en plus gravement, se repose, mais, toujours souriante, fait vivre à ses hôtes des moments inoubliables dans la féerie vénitienne et leur lit des passages de son Livre de l’âme :
« Songer que ce livre, presque constamment génial, où elle avait mis le plus vivant de sa grande âme, est sans doute perdu aujourd’hui, déchiré, brûlé ; que les hommes ne le liront jamais ! »
Pour ajouter un petit récit à « la vie errante » de l’écrivain, Charmeurs de serpents, après Bucarest et Venise nous transporte au Maroc à Tétouan, « la ville blanche ».
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