Ce conte de Musset a pour cadre Venise en 1580. Le grand peintre de la Renaissance vénitienne dit Le Titien (vers 1488-1576) a eu deux fils Orazio, mort jeune et Pomponio Filippo Vecellio, dit Pippo, qui est Le Fils du Titien, le Tizianello, qu’il ne faut pas confondre avec un peintre de fresques, parent éloigné du Titien qui s’appelait Tito, dont il avait fait Titien, puis Tizianello. Le héros de Musset n’a laissé que deux tableaux dont l’un a été détruit dans un incendie et l’autre, le portrait de l’héroïne de ce récit Béatrice Donato au beau visage et au sein nu, que nous ne verrons jamais, secrètement mis à l’abri par la famille de cette noble riche dame vénitienne.
La belle histoire d’amour s’achève par ce poème, seul témoignage de l’existence du tableau :
« Béatrix Donato fut le doux nom de celle
Dont la forme terrestre eut ce divin contour.
Dans sa blanche poitrine était un cœur fidèle,
Et dans son corps sans tache un esprit sans détour.
Le fils du Titien, pour la rendre immortelle,
Fit ce portrait, témoin d’un mutuel amour ;
Puis il cessa de peindre à compter de ce jour,
Ne voulant de sa main illustrer d’autre qu’elle.
Passant, qui que tu sois, si ton cœur sait aimer,
Regarde ma maîtresse avant de me blâmer,
Et dis si par hasard la tienne est aussi belle.
Vois donc combien c’est peu que la gloire ici-bas,
Puisque, tout beau qu’il est, ce portrait ne vaut pas,
(Crois-m’en sur ma parole) un baiser du modèle. »
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