Un peu plus bref que L’Affaire Blaireau, ce long roman posthume (1912) satirique a pour sujet essentiel un pari stupide dont est l’objet une ravissante petite actrice idiote. Pourquoi le titre de Le Boomerang, ou Rien n’est mal qui finit bien ? Parce que le suicide manqué d’un personnage, à la fin, renvoie au suicide manqué d’un autre, au début, et que la ravissante idiote, responsable de ces envies de mourir, permet à l’histoire de « finir bien ».
Alphonse Allais ne s’arrête pas, pendant 19 chapitres, de se moquer de ses héros, de leurs propos, de leurs situations, de leurs idées, de lui-même : « Chapitre dix-neuxième. – Dans lequel l’auteur n’est pas fâché d’en finir avec toutes ces histoires à dormir debout. » Il va jusqu’à faire de l’auto-publicité pour Le Pauvre Bougre et le bon génie (version 1, version 2).
Ajoutons que le récit est bourré de petites notes-calembours ou références contemporaines – impossibles à mêler à la lecture et qu’on ne peut consulter que dans la version-texte :
« Surnommer un homme Crocodile parce qu’il ressemble à un alligator ! Étrange raison, et de celles dont on peut dire que leur auteur les allègue à tort. »
« Sous ce titre, qui, mieux qu’un titre, est tout un programme, notre éminent collaborateur, Alphonse Allais, a fait paraître, à la Librairie Ollendorff, un fort remarquable volume. »
Cette œuvre humoristique mérite d’être connue…
Bonsoir,
J’ai beaucoup aimé ,et vos explications du livre m’ont suffit pour lire sans me démettre les méninges à rechercher le” pourquoi” du “comment”
Merci monsieur Depasse.
A propos de mon message du 7 septembre 2013 une fois.
En revenant de Nantes, je trouve sur mon bureau le courriel d’un lecteur qui me demande des explications plus circonstanciées. Les voici.
Le problème réside dans la formulation un peu frites-mayonnaise de « Ajoutons que » jusqu’à « remarquable volume », une fois.
Par exemple, primo la ponctuation interne erronée de « notes-calembours ou références contemporaines – » au lieu de « notes – calembours ou références contemporaines – » (il faut en effet différencier trait d’union et tiret, qui n’ont pas le même sens ; le tiret est plus long et n’est pas collé aux mots par lesquels il est encadré ; le lecteur commence alors à être un peu déstabilisé, et entame sa marche à l’abîme) ; secundo la ponctuation finale erronée après « allègue à tort. », qui indique que le paragraphe qui suit ne fait pas partie d’une énumération à deux termes ; tertio l’expression « Sous ce titre » sans indication du titre en question : en conséquence et jugeant sur pièces, le lecteur lambda la main sur la Bible en son âme et conscience jure que l’expression « Sous ce titre » renvoie à « Boomerang » ; etc., une fois.
Je pense que cette clarification valait la peine d’être communiquée à tous.
@ Le Berge
Votre démonstration, quoique en langue anglaise, que je ne maîtrise pas, est imparable.
Je cite une fois : « Sous ce titre, qui, mieux qu’un titre, est tout un programme, notre éminent collaborateur, Alphonse Allais, a fait paraître, à la Librairie Ollendorff, un fort remarquable volume. »
Bien vu, Le Fléau : si Alphonse Allais « a fait paraître » une fois ce volume, c’est qu’il était vivant, donc il n’est pas posthume une fois.
Je ne savais pas que Jack Lang écrivait des romans posthumes (il est déjà très occupé), merci, Robert Depasse.