Gaspard de la nuit sous-titré Fantaisies à la manière de Rembrandt et de Callot est un recueil de brefs poèmes répartis en six livres dont le Livre III, La Nuit et ses prestiges, et des pièces détachées sont sur le site depuis 2007. Selon Baudelaire dans sa préface du Spleen de Paris, Bertrand serait l’inventeur du poème en prose: « C’est en feuilletant, pour la vingtième fois au moins, le fameux Gaspard de la nuit d’Aloysius Bertrand (un livre connu de vous, de moi et de quelques-uns de nos amis, n’a-t-il pas tous les droits à être appelé fameux ?) que l’idée m’est venue de tenter quelque chose d’analogue. »
Le Livre II, Le Vieux Paris, (dix poèmes personnels, étranges, ironiques et clairs-obscurs comme l’indique le sous-titre, où l’on reconnaît le disciple romantique de Gautier, d’Hugo, de Byron, de Nodier et un précurseur du symbolisme) est précédé de la rencontre (que nous avons intitulée « naissance du livre ») du poète et du diabolique Gaspard qui essaye de préciser sa définition de l’Art :
« Nous ne sommes, nous, monsieur, que les copistes du créateur. La plus magnifique, la plus triomphante, la plus glorieuse de nos œuvres éphémères n’est jamais que l’indigne contrefaçon, que le rayonnement éteint de la moindre de ses œuvres immortelles. Toute originalité est un aiglon qui ne brise la coquille de son œuf que dans les aires sublimes et foudroyantes du Sinaï. – Oui, monsieur, j’ai longtemps cherché l’art absolu ! Ô délire ! ô folie ! Regardez ce front ridé par la couronne de fer du malheur ! Trente ans ! et l’arcane que j’ai sollicité de tant de veilles opiniâtres, à qui j’ai immolé jeunesse, amour, plaisir, fortune, l’arcane gît, inerte et insensible, comme le vil caillou, dans la cendre de mes illusions ! Le néant ne vivifie point le néant. »
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