Lycée St CHARLES… for ever

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3 sujets de 1 à 3 (sur un total de 3)
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  • #354420
    SSAUTILLANT
    Participant

      Cher condisciple… Bonjour…

      Ainsi donc… c ‘ est votre Papa… qui officiait… Lycée St CHARLES… à MARSEILLE… Je dis… officiait… à cause de la longue table… dressée comme un autel… sur laquelle… etaient disposés cornues et alambics… le bec BUNSEN en majesté… aureolé… de l’ eclat mystique… du ciboire et de l ‘ encensoir… Derrière… sanglé… dans une blouse … d’ une blancheur irradiante… le grand magicien… qui… à nos yeux ebahis… faisait éclater… de formidables prodiges … Je le revois très bien… monsieur MORA… Pas tres grand… maigre… le visage émacié… assez basané… le crâne chauve … Plutôt intimidant… pour de jeunes garçons de 14 ans… mais la sourde crainte… éprouvée… au premier abord… disparaissait bien vite… Un brave homme… plutôt flegmatique… aux gestes lents et mesurés… et à l ‘ humour savoureux… assez british… aux traits decochés… mine de rien… en passant… genre… pince-sans-rire… Un personnage… assurément… qui a laissé son empreinte dans ma mémoire… mémoire exacte ou revisitée… vous êtes mieux placé que moi… pour en juger… Pour moi… qui etait sensible au charme de son individualité… il était… l ‘ homme au bec BUNSEN !… l’ instrument sacré… dispensateur… du feu originel… de l ‘ athanor des alchimistes… le ” fiat lux “… de toute cette magie… qu’ etaient les experiences du cours de chimie… Un jour… le… ” fiat lux “… se manifesta… en une impressionnante explosion !… qui plongea toute la classe dans la stupeur… Mais… plus de peur que de mal !…

      #354423
      SSAUTILLANT
      Participant

        … la batterie de ma tablette… n ‘ a pas résisté à cette deflagration … pourtant assourdie par 6 décennies !…
        Rechargés les accus… je reprends… le fil de mon evocation… Eh bien… en fait… je vous ai tout dit… du souvenir… qui me reste… de monsieur MORA père… Et des cours qu ‘ il nous dispensa… il me reste moins encore !… le rouge et le bleu… du papier de tournesol… et deux ou trois mots… qui ne sont plus… que des mots !… Qu’ est-ce qu ‘ une mole ?… Je n’ en sais plus rien… Et ce nombre d ‘ AVOGADRO… qui sonne … comme un… ABRACADABRA… ou comme le nom… d’ un aventurier italien… de roman-feuilleton… plus la moindre idée du secret cabalistique… qu ‘ il révèle … Et ces appareils de physique… dont j’ ai oublié jusqu ‘ au nom… Ça alors !!!… D’ un coup… vient de resurgir… le dynamométre !!!… Eh oui… le dynamométre !!!… Aussi indispensable aux cours de physique… que le bec BUNSEN… à ceux de chimie… Nimbé… d ‘ une aura… aussi religieuse… J ‘ etais en section classique… ceci explique cela…
        De l’ Automne 1961… à l ‘ Été… 1968… où… bac… millésimé… 🙄… en poche… Adieu Lycée St CHARLES… Je ne te reverrai plus… que dans mes souvenirs…
        Et vous-même… Bernard MORA… qu’ un monde… décidément.bien petit… me fait rencontrer aujourd ‘ hui… comme le fils d’ un professeur bien aimé… en quelles années … ce passage… de l ‘ enfance au jeune adulte… dans le même bahut… le fleuron des lycées de MARSEILLE !… 😉… bien au-dessus du pretentieux… Lycée THIERS… à la reputation… bien surfaite… se prenait pour banane !… 🤭🤗😊😇… Avons-nous pu… nous croiser… dans ces longs et sombres couloirs ?… Consulter… en même temps… l ‘ espoir au coeur… la liste des professeurs absents…. sur le dazibao… pas loin des bureaux du Censeur et du Proviseur ?… Notre premiere activité du jour !… Comme une loterie quotidienne !… Parfois chou blanc… Tous les professeurs etaient sur le pont !… JEAN qui pleure… parfois carton plein !… 2 ou 3… avaient été decimés par une épidémie de grippe… ou quelque autre mal inconnu… JEAN qui rit !… Être dans la même classe ? … non… je m ‘ en souviendrai… mais avoir eu les mêmes professeurs… la chose est bien possible… probable… même… Monsieur PALDACCI… professur inoubliable… de latin français… Quel personnage atypique !… Physiquement et moralement… psychiquement… spirituellement… Brillantissime !… Etourdissant !… Avez-vous eu la chance… de l ‘ avoir comme professeur ? …
        Nous aurons l’ occasion d ‘ en reparler… devant une autre kriek lambic … ou une gueuze…
        Amical salut… et… Joyeux Noël… ( qu’ il est loin le temps… où le Père Noël m ‘ apporta le coffret… ” Le petit chimiste “…. qui connut un grand succès à l’ époque… )…

        #354431
        BBernard Mora
        Participant

          Il fallait bien que vînt la Noêl et votre intercession, cher divin Sautillant, pour que j’ose affronter (tempérant mais non abstinent) les vapeurs anisées d’un bar marseillais, au saut d’une navette aixoise.
          Votre portrait de mon père est fidèle et gratifiant pour sa descendance – ma soeur, vous lisant à mes côtés, prétend que le flegme n’était pas sa vertu cardinale, mais le “moi” de l’homme et celui de son oeuvre n’est pas toujours le même… je peux en témoigner, ayant bénéficié moi-même de son enseignement – que je perturbais de mes bavardages -. Votre mémoire est en défaut sur un seul point: il était plutôt grand pour l’époque (1,77m). Quant à sa figure émaciée, un séjour de cinq années dans un camp de représailles pour prisonniers évadés, en Ukraine (on disait Pologne alors) n’avait pas contribué à l’épaissir. Je l’ai vu jusqu’à ses derniers jours, les mains collées à la chaleur d’un poêle comme pour en extirper le froid impénitent de la petite Russie.
          J’ai découvert tardivement qu’il était, de fait, un littéraire contrarié ( le machisme ibère ne l’ayant pas épargné, il aurait jugé dévirilisant de faire des lettres) mais j’ai tenu sur ce point à le venger, supportant mal que les matières scientifiques s’immiscent dans mes rêveries privées, ce dont j’ai payé le prix fort. En dehors du “Jardinier provençal” qu’il tenait à son chevet ( le “Reboul” le laissait glabre, tout cuisinier émérite qu’il fût, n’ayant d’égard en matière culinaire qu’aux produits et pratiques de son Bordeaux natal) il aimait Marcel Aymé dont il citait volontiers “Uranus” pour sa parodie racinienne: ” Passez-moi Astyanax et nous filons en douce, N’attendons pas d’avoir les poulets à nos trousses!”, et Giono. Au bout de la semaine, il partait toujours jeter un coup d’oeil et de bêche sur son jardin drômois (5 heures de route A.R. pour un week-end de 36 heures alors!) Nous en avions un autre, vaste pourtant, en plein centre-ville, mais qu’il négligeait car improductif, jugeait-il. Il cessa les trajets à sa retraite en 1967 pour devenir gentleman-farmer à temps plein.
          Mon séjour à St Charles fut des plus complets, de mon entrée en “onzième”, comme on disait alors, en 1951, jusqu’à la Terminale en 1965, ayant eu le bon goût de rater 2 marches, pour raisons sus-évoquées. A raison de quatre trajets quotidiens La Plaine – Bld Camille Flammarion et vice-versa, j’ai eu de quoi me tenir en forme pour la vie… J’ai passé la quasi totalité des goûters du primaire en de longues attentes au labo de Physique-Chimie ( il n’était pas alors dans le bâtiment de l’ex chapelle que vous avez connu, mais dans une manière de longère, ombragée d’un mûrier, au débouché d’une rue qui n’existe plus), avant que mon père eût fini de monter les expériences du lendemain. Je peux donc enrichir votre vocabulaire de deux vocables à l’usage exclusif des physiciens-chimistes: Le Bonhomme d’Ampère, petite figurine cartonnée sur socle de liège qui me servait de marionnette, et les spirales du Solénoïde sur lequel un exposé fervent me valut un 19 à un oral de bac – c’était donc que l’écrit n’avait pas convaincu.
          Le fait que vous évoquiez si ardemment la mémoire de M. Paldacci m’émeut très fort, savez-vous bien! Il fut “le” prof de Français que j’espérais,- n’ayant eu jusque là, à des nuances près, que des “marchands de grec et de latin” ( le pire, deux quatrièmes durant, un M. Jean, vénal, méprisant et lâche, nul du reste) – et je conserve comme une relique la photo de classe qu’il posa avec nous. Son premier cours, dès la rentrée: nous lire “La Place Royale” de Corneille; ça venait comme une perruque sur le bouillon, mes camarades écoutaient ça un peu interloqués; ils ne tarderaient pas à être conquis; moi, je l’étais d’emblée. Vrai partageux d’une culture éclairée et rare, nous pensant au plus haut et voulant nous hisser encore, naturel et sincère, dun humour ravageur, pudique et chaleureux…
          La papillote du jour (excellent praliné) citait Jules Renard: “Ecrire, c’est pouvoir parler sans être interrompu”. Je pense avoit tenté de m’en acqitter.
          Joyeuses fêtes à vous derechef, et à très bientôt, cher ami.
          Bernard

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