Du Recueil “Amok”.
Un port français.
Une soirée à y passer.
Le quartier des matelots…
Le narrateur entre dans un café particulier, puis un autre homme arrive…
Atmosphère lourde, tendue…
Des personnages à découvrir avec leurs travers, leur humanité.
« Brusquement je tressaillis, effrayé par un violent éclat de rire poussé à côté de moi. Et en même temps, la flamme vacilla : au courant d’air qui se produisit, je compris que quelqu’un sans doute venait d’ouvrir la porte derrière mon dos. « C’est encore toi ? railla brutalement, et en allemand, la voix de la femme à côté de moi. Tu rôdes encore autour de la maison, vieux ladre ? Allons, entre donc, je ne te ferai rien. » Je me tournai d’abord vers celle qui avait vociféré ce salut avec autant de vivacité que si elle eût eu le feu au corps, puis je regardai vers la porte. Et avant même qu’elle fût grand ouverte, je reconnus la silhouette vacillante, le regard plein d’humilité de l’homme qui était auparavant collé à la porte. Il tenait, effarouché, son chapeau à la main, tel un mendiant, et il tremblait sous les vociférations et les rires qui, tout à coup, semblèrent secouer comme une crise le lourd profil de la femme, tandis que derrière, au comptoir, la patronne se mit aussitôt à chuchoter. « Assieds-toi là, avec la Françoise, ordonna-t-elle… »
Photographie de Stefan Zweig dans le Correio da Manhã.
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