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- 8 novembre 2023 à 14h50 #340010
L’enceinte du monde
1 .
De l’autre côté de ma peau
Tournoie un monde silencieux
Aflleurement de signes indéchiffrables
Trajectoire amorcée dans le cercle
minuscule et infini
de mon ventre
Des poussières d’étoiles se multiplient
et s’agrègent
En des formes rêvées et lumineuses
Scintillant dans la nuit de ma chair,
L’espace est clos
la frontière se courbe
l’univers est passé à l’intérieur
Le mystère souterrain s’accomplit dans un frisson
Et je deviens lieu2 .
Je suis là, immobile, traversée
Par une force supérieure à celle des corps célestes
Univers clos dans l’univers ouvert
Entre mon passé de destination et mon avenir d’origine
Mon regard se perd dans le miracle
Mes lèvres sourient des larmes
Que je voudrais verser à genoux
Car l’indicible à l’œuvre
M’effleure et me fait rayonner
De sa grâce inouïe3.
En moi se croisent héritages et recommencements,
ancêtres à venir,
mort et vie,
en moi la chair se métamorphose et se multiplie
l’intérieur devient l’extérieur
et soudain, mon sang charrie la mer.
Les neuf mois de la lune sont neuf millions d’années
qui s’ouvrent devant nous
Et la route tracée est celle d’un éveil
Je suis ce chemin où se croisent héritages et recommencements
Cette obscurité où l’un se métamorphose en multiple
Cette frontière qui s’efface entre dedans et dehors
Je suis les ténèbres organiques
Et la clarté qui en surgira
Impossible, inattendue, émerveillée d’elle-même
Fragile4.
J’écoute l’immense fable sans paroles qui se répète en moi
J’écoute cet écho de milliards d’autres naissances
J’entends son accent étrange
Mon esprit rendu muet par la grandeur
Devient témoin et complice de ma chair –
Elle, souveraine, indépendante, magique,
Accomplit les rituels séculaires,
Met en marche la machine endormie,
Et secoue l’univers de son pouvoir aveugle.
Sorcière ou déesse, surhumaine au fond de moi,
Elle s’est installée dans mon sang.5.
Sur les vagues de ma faiblesse
Je roule, insubmersible
Bateau vivant qui transporte en son sein
Le secret d’un prince étranger
Ivre de départ,
Je tangue,
Le mal de mer me berce de son roulis perpétuel
Vers le port où je l’amènerai sain et sauf.6.
Angoisse de ce ventre caverneux
obscur
Au fond duquel la vie demeure tapie
Invisible
inaudible
fragile
Visions de mon corps transformé en tombeau
D’un minuscule corps noyé se heurtant aux parois
Recroquevillé
à jamais inhumain
Au centre de moi-même7.
Aucun mot sans doute ne peut approcher cette infinie douceur
le toucher incomparable, à nul autre pareil
de sa peau
sa peau que n’a frappée aucune lumière
que n’a éraflée aucun souffle
qui n’a jamais eu froid
et qui n’a encore rien d’humain
caresse éphémère d’un ange vierge du monde
mouillé encore des eaux lustrales de la perfection
et dont le regard d’huile bleue
Entrouvre déjà
Lumineuse
la promesse d’une âme - AuteurMessages
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