Ce court récit historique, au dénouement poignant, est extrait du recueil Nouveaux Pastels édité en 1891.
Le début : « Une des impressions les plus saisissantes de mon enfance fut le séjour dans la cité provinciale où je grandissais alors, des soldats autrichiens faits prisonniers au cours de la campagne de 1859. Nous n’étions pas gâtés par les voyageurs, dans cette sombre ville de Clermont en Auvergne où le chemin de fer arrivait depuis quelques années à peine ; ils se réduisaient à de rares malades, en route pour Royat encore sauvage, ou pour le Mont-Dore et la Bourboule difficilement accessibles. L’entrée de ces ennemis vaincus, avec leurs blancs uniformes salis par l’usure, avec leur physionomie de race étrangère, fut un événement pour toute la population, et en particulier pour les garçonnets de mon âge, j’avais sept ans alors, et avec quelle curiosité naïvement cruelle nous nous approchions des nouveaux venus, tandis qu’ils se promenaient sur cette terrasse de la Poterne célébrée par Chateaubriand, d’où l’on voit la ligne admirable des montagnes depuis le plateau
des Côtes jusqu’à la masse boisée de Grave-Noire. »
Chouette écoute, merci!