Madame Récamier. — Enfance de Madame Récamier. — Suite du récit de Benjamin Constant : Madame de Staël. — Voyage de Madame Récamier en Angleterre. — Premier voyage de madame de Staël en Allemagne. — Madame Récamier à Paris. — Projets des généraux. — Portrait de Bernadotte. — Procès de Moreau. — Lettres de Moreau et de Masséna à Madame Récamier. — Mort de M. Necker. — Retour de Madame de Staël. — Madame Récamier à Coppet. — Le prince Auguste de Prusse. — Second voyage de Madame de Staël en Allemagne. — Château de Chaumont. — Lettre de Madame de Staël à Bonaparte. — Madame Récamier et M. Mathieu de Montmorency sont exilés. — Madame Récamier à Châlons. — Madame Récamier à Lyon. — Madame de Chevreuse. _ Prisonniers espagnols. — Madame Récamier à Rome.-Albano. — Canova : ses lettres. — Le pêcheur d’Albano. — Madame Récamier à Naples. — Le duc de Rohan-Chabot. — Le roi Murât : ses lettres. — Madame Récamier revient en France. — Lettre de Madame de Genlis. — Lettres de Benjamin Constant. — Articles de Benjamin Constant au retour de Bonaparte de l’île d’Elbe. — Madame de Krüdener. — Le duc de Wellington. — Je retrouve Madame Récamier. — Mort de Madame de Staël. — L’Abbaye-aux-Bois.
« Avant de continuer mon récit, je dois parler d’une femme qu’on ne perdra plus de vue jusqu’à la fin de ces Mémoires. Une correspondance va s’ouvrir de Rome à Paris entre elle et moi : il faut donc savoir à qui j’écris, comment et à quelle époque j’ai connu madame Récamier.”
« Elle rencontra aux divers rangs de la société des personnages plus ou moins célèbres engagés sur la scène du monde ; tous lui ont rendu un culte. Sa beauté mêle son existence idéale aux faits matériels de notre histoire : lumière sereine éclairant un tableau d’orage. »
« Montaigne dit que les hommes vont béant aux choses futures : j’ai la manie de béer aux choses passées. Tout est plaisir, surtout lorsque l’on tourne les yeux sur les premières années de ceux que l’on chérit ; on allonge une vie aimée ; on étend l’affection que l’on ressent sur des jours que l’on a ignorés et que l’on ressuscite ; on embellit ce qui fut de ce qui est ; on recompose de la jeunesse. »
« Voici cette lettre de Lucien, connue de Benjamin Constant ; au milieu des révolutions qui ont agité le monde réel, il est piquant de voir un Bonaparte s’enfoncer dans le monde des fictions : « Chaque jour je voudrais vous voir, comme si le « trait n’était pas assez fixé dans mon cœur. Les moments où je vous vois seule sont bien rares, et ces « jeunes Vénitiens qui vous entourent et vous parlent « fadeur et galanterie me sont insupportables. Peut- on parler à Juliette comme aux autres femmes ! J’ai voulu vous écrire ; vous me connaîtrez, vous ne serez plus incrédule ; mon âme est inquiète ; elle a soif de sentiment. Si l’amour n’a pas ému le vôtre ; si Roméo n’est à vos yeux qu’un homme ordinaire, oh ! je vous en conjure par les liens … etc »
« Telle est la puissance de la nouveauté en Angleterre, que le lendemain les gazettes furent remplies de l’arrivée de la beauté étrangère. Madame Récamier reçut les visites de toutes les personnes à qui elle avait envoyé des lettres. »
« Madame de Staël attira son amie à Coppet. Le prince Auguste de Prusse, fait prisonnier à la bataille d’Eylau se rendant en Italie, passa par Genève : il devint amoureux de madame Récamier. La vie intime et particulière appartenant à chaque homme continuait son cours sous la vie générale, l’ensanglantement des batailles et la transformation des empires. Le riche, à son réveil, aperçoit ses lambris dorés, le pauvre ses solives enfumées ; pour les éclairer, il n’y a qu’un même rayon de soleil. Le prince Auguste, croyant que madame Récamier pourrait consentir au divorce, lui proposa de l’épouser. »
« Peu de jours après, madame de Staël changea de logement. Elle m’invita à dîner chez elle, rue Neuve-des-Mathurins : j’y allai ; elle n’était point dans le salon et ne put même assister au dîner ; mais elle ignorait que l’heure fatale était si proche. On se mit à table. Je me trouvai assis auprès de madame Récamier. Il y avait douze ans que je ne l’avais rencontrée, et encore ne l’avais-je aperçue qu’un moment. Je ne la regardais point, elle ne me regardait pas ; nous n’échangions pas une parole. » …
Livre écrit en 1839.
François Gérard (1770–1837) – Portrait of Juliette Récamier
Marie-Éléonore Godefroid (1778–1849) – Portrait of Mme de Staël
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